Confronté au spectacle de la destruction du Temple et de la misère de son peuple, Isaïe le prophète priait le Seigneur d'intervenir en ces mots : « si seulement tu déchirais les cieux et si tu descendais. » (Is 63,19) Les psaumes disaient de même : « Seigneur, incline les cieux et descends ! » (Ps 144,5). Or, selon les Évangiles, leur prière fut exaucée lorsque l'Esprit descendit sur Marie et lorsque Jésus, remontant des eaux du Jourdain « vit les cieux se déchirer et l'Esprit descendre sur lui, comme une colombe. » (Mc 1,10) Jésus dit de lui-même qu'il est descendu d'auprès du Père, mais il faut bien entendu comprendre cette descente métaphoriquement.
Dieu ne peut quitter un lieu puisqu'il n'occupe aucun lieu. Ne disons-nous pas toutefois de quelqu'un qu'il s'abaisse lorsqu'il se met dans une position inférieure ? C'est de la sorte que la Bible parle de la descente du Christ : « Lui qui était de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'anéantit lui-même, prenant la condition d'esclave, devenant semblable aux hommes. » (Ph 2,6-7) Dieu s'est abaissé jusqu'à nous par un acte d'amour. Il est descendu du ciel en assumant la nature humaine. En s'incarnant, Dieu est entré dans l'histoire, celui qui « est né du Père avant tous les siècles », celui qui a été engendré avant le temps est entré dans le temps. Il a été engendré par le Père de toute éternité, sans mère. Il est enfanté dans le temps par une mère, sans père. Le Christ dont la vie ne connaît ni commencement ni fin, lui qui est l'alpha et l'oméga, prend naissance pour ne vivre qu'un temps. Invisible, il devient visible en prenant chair de la chair de Marie. C'est en ce sens que nous devons comprendre qu'il est descendu. Il ne s'agit pas d'un atterrissage ! mais d'un abaissement. Dieu s'est fait homme, il s'est abaissé, afin que nous soyons faits Dieu, afin de nous élever. Mais puisque Dieu ne peut quitter un lieu, lui qui n'en occupe aucun, n'allons pas croire qu'en devenant homme le Christ ait cessé de demeurer auprès du Père, car il dit de lui-même : « le Père est en moi comme je suis dans le Père. » (Jn 10,38). C'est ce que nous chantons à Noël : « Celui qui resplendit dans les cieux est couché dans une crèche ; celui qui demeure auprès du Père est venu jusqu'à nous ». En s'abaissant jusqu'à devenir homme, en devenant ce qu'il n'était pas, il demeure celui qu'il est. Il est à la fois homme et Dieu.