Dominique Collin
Le titre de ce livre fait écho à une citation du philosophe Søren Kierkegaard. L'auteur la reprend à son compte pour expliquer que le christianisme historique et culturel est une sorte d'illusion qui permet aux chrétiens d'éviter de se demander s'ils sont encore fidèles à l'Évangile. Quand donc le christianisme existera-t-il ? Dominique Collin plaide avec brio pour un christianisme sachant parler évangéliquement, à tout homme, croyant ou non, pour l'inviter à exister enfin. Dominique Collin, né en 1975, philosophe et théologien dominicain, donne de nombreuses conférences sur la signification actuelle du christianisme.
Provocatrice en diable, cette thèse, quand elle est prise au sérieux, nous rappelle que le christianisme du Nouveau Testament n'a de sens historique qu'à rendre possible ce que Dominique Collin appelle la christianité, et qui relève, comme l'écrit Maurice Bellet, « de l'intuition que peut représenter l'émergence du Christ dans l'humanité et qui peut être encore inconnu, y compris des chrétiens. » Le mérite du néologisme de christianité, c'est qu'on y entend une qualité d'être comme dans humanité ou, de manière plus expressive encore, dans jovialité. Celle-ci étant la qualité communicative de celui qui est jovial, on pourrait dire que la christianité est la qualité « relationnante » de celles et ceux qui sont Christ en vue de former ce qui lui tient lieu de corps : l'humanité. Être christ, ce n'est pas se prendre pour Jésus de Nazareth, mais c'est incarner aujourd'hui la fonction christique qui fut la sienne en son temps, c'est-à-dire de permettre à l'évangile de surgir comme évangile : puissance de vie bonne capable de nous sauver de nos penchants nihilistes. En ce sens, le christianisme n'a pas besoin d'être réformé ou ravalé ; la condition de sa survie, c'est l'homme comme Christ à venir.
