1er dimanche de Carême

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 5/03/17
Temps liturgique: Temps du Carême
Année: 2016-2017

            L’épisode des tentations de Jésus est comme la face sombre de l’épisode de son baptême. Tous deux ouvrent une nouvelle époque dans la vie de Jésus et dans l’histoire du salut. Tous deux marquent le début de la vie publique de Jésus. Or, l’Ecriture présente plusieurs fois le commencement d’une époque avec ce double aspect, positif et négatif. Il en est ainsi dès le début de l’humanité : Dieu crée l’homme et la femme, et aussitôt c’est le péché originel. Le Seigneur libère le peuple hébreu de l’esclavage. Il parle à Moïse sur le mont Sinaï, et pendant ce temps-là le peuple se met à adorer le veau d’or. Jésus nît à Bethléem dans une étable, et le roi Hérode tue tous les petits enfants. Il y a dans l’homme comme une force de destruction qu’il n’arrive pas à dominer. Le bonheur lui est offert, par la création, par l’Alliance, par la naissance d’un Sauveur. Mais c’est plus fort que lui, il faut que l’homme détruise tout. Il y a, dans l’homme, une force qui le pousse à détruire même le bonheur qui lui est offert.

            Et c’est justement cette logique infernale que Jésus vient briser en résistant à la tentation. Le baptême était pour Jésus l’occasion de venir nous chercher non pas dans nos réussites et dans notre gloire, mais dans les moments difficiles d’échec et de désespoir. L’homme aurait pu aussitôt se croire alors le plus fort, à tout jamais à l’abri de nouvelles erreurs et de nouveaux échecs. C’est la raison pour laquelle le diable vient tenter Jésus, comme s’il était un homme pour pousser chacun d’entre nous à rejeter la proximité et l’amitié que Jésus venait nous offrir en venant se faire baptiser.

            Mais Jésus brise cette logique infernale. Il résiste aux trois tentations. Il prouve ainsi que les hommes ne sont pas tous tout le temps condamnés à commettre des erreurs et à trahir l’amitié que Dieu nous offre spontanément. Très souvent nous sommes découragés parce que nous commettons toujours les mêmes péchés. Et lorsque nous sommes devant le prêtre pendant le sacrement de réconciliation, nous sommes embarrassés et déçus : ce sont toujours les mêmes fautes que nous confessons. Mais, par sa victoire sur le démon, Jésus brise ce cycle infernal de nos fautes et de nos péchés. Oui, comme un alcoolique et comme un drogué, nous pouvons nous sortir de notre addiction au péché.

            Et le plus beau, c’est qu’après cette victoire sur le démon, des anges viennent servir Jésus. Dieu ne nous abandonne pas. Dans nos victoires, comme dans nos échecs, Dieu nous offre son aide à travers nos frères et sœurs qui deviennent comme des anges pour nous, c’est-à-dire des messagers de la Bonne Nouvelle et des porteurs de la tendresse de Dieu pour nous.

            En cette période de carême, retrouvons la confiance en nous, non pas parce que nous sommes forts et invincibles, mais parce que Jésus a brisé le cycle infernal de la destruction et de la mort, qu’il nous ouvre ainsi les portes de la vie et de la liberté.