1er dimanche de l'Avent, année B

Auteur: Didier Croonenberghs
Date de rédaction: 30/11/14
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : B
Année: 2014-2015


Ce vendredi matin, dans la boîte aux lettres de la communauté dominicaine de Liège, se trouvaient deux procès-verbaux pour excès de vitesse…
Comme prieur, je me suis bien entendu emparé des enveloppes et après une rapide vérification dans l’agenda de l’utilisation de la voiture, il m’est bien vite apparu que ces deux PV… m’étaient destinés ! Merci de ne pas tous me rappeler à la sortie de la célébration que je dois faire plus attention…
Le comble dans cette histoire, c’est que ces excès de vitesse se sont produits alors que j’avais tout le temps devant moi et que n’avais aucune raison d’être pressé et de rouler un peu trop vite!

Il faut bien reconnaître que nous sommes tous, à des degrés divers, pris dans cette spirale où tout doit aller plus vite, où l’on a peur de perdre son temps… On gère en effet bien souvent l’urgence avant l’importance.

Et voilà que la parole d’Evangile vient s’inscrire au cœur de cette course effrénée. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : « Veillez ! » L’avent n’est pas le temps de l’attente ou de la préparation à Noël. C’est le temps qui nous rappelle la juste place du temps, qui nous invite à nous ouvrir à ce qui ad-vient. Veiller, ce n’est pas être invité à la lenteur, à l’attente passive, mais à être atten-tif, à être présent à ce qui advient. Comme l’écrit le poète, « N’essaie pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu seras heureux » Veiller, c’est donc s’ouvrir à ce qui se présente, c’est apprivoiser le temps qui passe.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : « Veillez ! » Quelles que soient nos convictions ou notre âge, nous avons tous à veiller ! C’est à dire à nous éveiller à la vie. Car veiller, fondamentalement, c’est être réveillé, curieux de tout, prêt à être surpris. C’est une démarche qui nous fait sortir de notre hébétude, de notre somnolence. Veiller, c’est s’éveiller à la vie de Dieu ; c’est l’inverse de vieillir. C’est rajeunir, poser un regard toujours neuf sur la vie. Il s’agit bien de s’ouvrir à ce qui vient, d’habiter le temps qui nous est donné.

L’attente peut parfois nous énerver quand ce que nous savons qui doit arriver ne vient pas comme nous l’espérons. Lorsque quelque chose ou quelqu’un se fait attendre, se fait désirer, l’impatience grandit, la violence n’est pas loin…
Tout autre est l’attente de l’avent. Ce n’est pas attendre ce que nous connaissons, mais s’ouvrir à l’inconnu de Dieu. C’est être ouvert, accueillir la vie que nous ne maîtrisons pas. C’est cela être éveillé. C’est redécouvrir ce que le temps est pour nous réellement : le visage de l'éternité, le chemin que prend l'éternité de Dieu pour nous rencontrer.

L’avent nous invite donc à changer notre regard sur le monde, à être l’ « avent garde » d’un monde nouveau.

Alors, heureux ceux qui prennent le temps de la patience, ils découvriront la source de la sagesse!

Heureux ce qui prennent le temps de rire, ils découvriront une perpétuelle jeunesse dans leur vie.

Heureux ceux qui prennent le temps d'aimer et d'être aimé, ils découvriront qu’aimer c’est rendre le temps de le partager.

Voilà notre programme d’Avent ! Prendre de temps de s’éveiller, de nous éveiller au Dieu des vivants qui vit au plus profond de nous, à chaque instant de notre vie, de nous émerveiller dans la simplicité de notre quotidien.  Oui, les veilleurs selon l’évangile sont des êtres attentifs au présent, des êtres qui ne procrastinent pas ! Et je terminerai par là.

Procrastiner, c’est remettre au lendemain ce que l’on peut faire dès aujourd’hui. C’est faire de l’excès de lenteur… C’est remettre tout à plus tard… Finalement, procrastiner, c’est se croire au-dessus du temps, ou se dire victime du temps qui passe… A quoi bon le faire aujourd’hui… Or, les veilleurs sont ceux qui apprivoisent la mortalité : qui font dès aujourd’hui, ce qu’ils ne pourront peut être pas faire plus tard… Alors, ne procrastinons pas ! A nous d’offrir sans tarder une parole toute simple de réconfort, un geste…

Soyons ces veilleurs, ces éveilleurs d’humanité, qui portent au monde un regard nouveau, un regard divin, toujours capable de s’émerveiller. Amen.