22ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 28/08/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016


Quand on y pense, les verbes auxiliaires "être" et "avoir" sont assez originaux. En effet, ce qu' « avoir » aurait voulu « être », « être » voulait toujours l' « avoir ». C'est pourquoi le verbe « avoir » a besoin d' « être » et le verbe « être » a besoin d' « avoir ». L'un ne va pas sans l'autre. Ils sont indissociables mais ils ont à trouver leur propre équilibre car à force de trop vouloir avoir, on risque de ne plus être. Il n'y a donc pas lieu de rechercher la première place. Il y a lieu de trouver sa propre place dans la vie et pour ce faire, il nous faut toujours chercher à être. Toutefois, il n'est pas possible d'être par soi-même uniquement. Nous avons besoin de relations qui vous nous permettre d'advenir à nous-même, c'est-à-dire de devenir qui nous avons à être. Ainsi, notre vocation humaine qui prend sa source en Dieu est de veiller à permettre à tous celles et ceux de qui nous nous faisons proches de devenir qui ils ont à être. Comment faire? Une clé possible se trouve dans la première lecture de ce jour où Ben Sira le sage conseille l’humilité à son fils. « L’idéal du sage, dit-il, c’est une oreille qui écoute ». L'humilité est la condition nécessaire à toute relation qui fait grandir l'autre dans son humanité. Et se comporter humblement, ce n’est certainement pas se considérer comme moins que rien. Ce n'est pas se rabaisser mais plutôt s'abaisser. Il ne s'agit donc pas de s'humilier mais de toujours veiller à élever l'autre. Etre humble, c'est avoir cette capacité de se connaître en vérité et veiller à ne jamais diminuer la personne en face de soi mais plutôt lui laisser tout l'espace nécessaire pour qu'à son tour il ou elle puisse vivre avec ce sentiment d'exister. Etre humble, c’est donc renoncer à la volonté de puissance sur les autres et toujours veiller à chercher ce qu’ils ont de positif, à mettre en évidence leurs côtés lumineux. Nous avons à faire entre nous ce que Dieu a fait Lui-même pour nous. "Dieu le Père s'est anéanti, nous dit saint Paul, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Il s'est abaissé devant obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la croix". En s'anéantissant de la sorte, Dieu ne s'est pas renié, il a simplement pris cette condition à laquelle nous sommes toutes et tous appelés, c'est-à-dire la condition de serviteur. Pourquoi? Parce que sans doute la condition première du serviteur est d’écouter la voix de son Maître. Devient ainsi Maître, celle ou celui qui se confie à nous et qui a besoin de cette oreille attentive pour grandir, pour se remettre en question, pour avancer sur le chemin de sa propre vie. Nos oreilles sont faites pour écouter et pour entendre. Elles nous ont été données pour vraiment recevoir ce que l'autre nous révèle de sa vérité intérieure. Elles sont là pour désirer l'accomplissement de la personne qui se dévoile en confiance. Elles veillent toujours à chercher à comprendre sans juger et encore moins à condamner. Une telle écoute demande donc un abaissement de celui qui devient le réceptacle de la parole d'autrui. Cet abaissement est d'ordre divin car nous agissons à notre tour comme Dieu l'a fait pour nous. Il s'est abaissé afin de nous relever. Et par notre propre abaissement, par notre écoute attentive, nous devenons pour l'autre un océan de bienveillance où les rivières des propos de la personne qui se confie peuvent s'écouler et se mélanger avec l'eau de toutes les rivières à qui nous avons donné accès. Si nous voulons être océan les uns pour les autres, il nous faut être à bon niveau, c'est-à-dire à nous abaisser pour que toutes ces rivières humaines puissent couler et venir se réconforter auprès de nous. Par cette écoute attentive, tout ruisseau devient rivière puis fleuve de la Vie. Et il en va de même pour notre Dieu dont la rivière d'amour n'attend qu'un seule chose: pouvoir s'écouler toute tendrement dans l'océan de notre cœur. Avec Dieu, avec nos proches, restons à bon niveau. Nous avons tout à y gagner. Il n'y a rien de plus beau que de pouvoir devenir cet océan de tendresse où toutes et tous aiment venir plonger pour se réconforter et accomplir leur propre destinée. Amen