23e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Is 35, 4-7 ; Mc 7, 31-37

L'ancien testament est plein de choses horribles. Il y a beaucoup d'histoires violentes, où les gens s'imposent de manière brutales aux autres, ou se vengent sur leurs ennemis de manière atroce, inhumaine et trop humaine. Par exemple, une femme est violée et tuée gratuitement, et par vengeance toute une tribu est massacrée (Juges 19). Il y a des prières violentes ; il y a un psaume où le psalmiste prie Dieu de ne pas oublier la violence de Babylone et qui se termine : « Fille de Babylone, promise au ravage, heureux qui te traitera comme tu nous as traités ! Heureux qui saisira tes nourrissons pour les broyer sur le roc ! (Ps 137)

Même Dieu semble être pris dans cette inhumanité. Puisque l'homme est violent, Dieu l'est aussi. Dans l'histoire primitive de l'homme, Dieu voit que le coeur de l'homme est plein de violence ; sa réponse n'est pas de lui offrir le pardon ou de le mener vers la justice, mais de l'exterminer dans les eaux de déluge. Plus tard, c'est Dieu qui ordonne à son peuple élu de prendre possession de la terre promise en massacrant tous les habitants du pays.

Dieu n'est pas vraiment comme cela, mais c'était une époque violente, et l'homme a construit l'image de Dieu sur base de sa propre nature ; puisque l'homme était inhumain, Dieu devait l'être aussi, plein d'égoïsme, de violence, de rancune. L'homme était et reste incapable de construire de ses propres ressources l'image de Dieu tel qu'il est. Si nous avons une bonne image de Dieu, c'est parce que Dieu s'est révélé à nous en Jésus Christ.

Mais il y a quand même des moments, même dans l'ancien testament, où la vraie nature de Dieu nous est révélée, tels que la première lecture d'aujourd'hui, le texte d'Isaïe. « Dites aux gens qui s'affolent : Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu, c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. ». C'est toujours, semble-t-il, le vieux Dieu compris à l'image de l'homme. Mais quelle est cette vengeance de Dieu dont parle le prophète ? « Alors s'ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche de muet criera de joie. » La vengeance divine n'est pas la vengeance comme la comprennent les hommes. La vengeance de Dieu est paradoxale, elle n'est pas la violence et la mort, mais la guérison et la joie. Si on peut parler de la vengeance divine, ce n'est pas contre les hommes que Dieu se venge, mais contre tout ce qui est contraire à la vraie vie humaine.

Dans les évangiles, c'est Jésus, la vraie image de Dieu, qui accomplit cette vengeance de Dieu. Partout, comme dans l'extrait d'aujourd'hui, il se bat pour enlever aux hommes tout ce qui les empêche de vivre humainement, il se bat contre la maladie, contre les démons qui assujettissent les hommes et les réduisent en esclavage, contre le péché qui détruit et rend malheureux les hommes. C'est là, la vraie vengeance divine, paradoxale et merveilleuse.

Quand nous lisons et écoutons l'ancien testament, nous trouvons souvent une image déformée de Dieu, une image faite par des hommes trop enfermés dans la violence, une image trop peu chrétienne, une image trop loin de Jésus Christ. Mais cette image n'est pas simplement à jeter à la poubelle. Elle est précieuse, parce qu'elle sera transformée par Jésus ; en Jésus nous verrons la vraie nature de Dieu ; ce n'est plus un dieu fait à l'image de l'homme. En Jésus aussi nous serons transformés ;.la vengeance de Dieu nous guérira, enlèvera de notre coeur la violence et la vengeance, pour que nous soyons vraiment faits à l'image de Dieu.