25e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Van Aerde Michel
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2011-2012


I. Le problème de la hiérarchie

Il y a toujours entre nous une forme de hiérarchie, explicite ou cachée. Il y a des leaders et il y a des suiveurs, des dominants et des dominés. On comprend donc la question des apôtres : qui est le plus grand ? Comment allons-nous nous organiser ? Jésus ne refuse pas cette question, elle se pose de toute façon. Mais il va la traiter à sa manière.

1° Tout d'abord les candidats ne manquent jamais pour occuper les postes élevés. Ils sont même trop nombreux et leurs conflits se jouent sur le dos des petites gens. Pour devenir chef, leader, berger, bourgmestre, évêque, cardinal, ministre ou député, pape, roi ou président, il y a pléthore de volontaires. Les gens indispensables sont vite remplacés. Qu'un poste se libère et c'est la guerre de succession !

2° Le problème n'est donc pas celui du manque de chefs mais celui de leurs motivations. Cherchent-ils les avantages de la fonction ou sont-ils désintéressés ? Veulent-ils accaparer la parole ou la donner ? Se mettre en valeur médiatiquement ou responsabiliser ? Concentrer les décisions ou déléguer ? Dominer, ou libérer les gens ?

La question du pouvoir est au c½ur de l'Evangile parce qu'elle est au c½ur de toute vie sociale. Le pouvoir doit être évangélisé. Quand il y a domination, c'est un péché collectif qu'il faut dénoncer tout autant que les péchés privés. Jésus est appelé Christ (en grec) parce qu'il est le Messie (en hébreu), c'est à dire le chef par excellence et le véritable libérateur. Sa manière d'exercer sa mission est normative pour nous. Pour être son disciple, il ne suffit pas de l'adorer de loin, il faut le suivre sur son chemin. Autrement dit, lorsque nous avons une responsabilité, il faut, à notre manière, nous mettre à genoux et laver des pieds ! Réciproquement, lorsque nous avons des responsables, il ne faut pas accepter, de leur part, ni mépris ni domination. Nous sommes, de par notre baptême « prêtres, prophètes et rois », des enfants de Dieu, libres et souverains.

II. Le message évangélique

Jésus propose plus qu'une révolution, une totale conversion.
Quand nous cherchons qui est le plus grand d'entre nous, Jésus, lui, se soucie d'abord du plus petit ! Il propose donc une révolution : non pas une hiérarchie d'en haut, mais une hiérarchie d'en bas. Mais il va plus loin que les révolutionnaires. Il ne suffit pas de changer les dirigeants. Il ne suffit pas de mettre les anciens opprimés au pouvoir. Chacun sait que les opprimés d'hier deviennent les oppresseurs de demain. Jésus ne se contente pas de changer ceux qui sont aux postes de pouvoir, il veut changer la nature du pouvoir. Le pouvoir doit être exercé comme un service. « Parmi les nations, dit-il, les grands règnent en maîtres, il font sentir leur pouvoir. Entre vous, il ne doit pas en être ainsi. Le plus grand doit être celui qui sert. Si je vous ai lavé les pieds, vous devez, vous aussi vous laver les pieds les uns les autres». La vraie libération est bien sûr de changer de temps en temps ceux qui sont au pouvoir, mais c'est surtout de changer la nature du pouvoir, voilà le vrai moyen de sortir du péché social.

III. Un chemin d'humanisation


Cette conversion-là est un chemin d'humanisation. La conversion que propose Jésus fait de nous des chrétiens, et elle le fait en nous rendant plus humains, en nous apprenant à être vraiment des humains.
La sélection et le pouvoir des plus forts, c'est ce que vit le règne animal. L'humanité a commencé lorsque ce processus s'est inversé, lorsque la préoccupation du groupe s'est porte vers le plus petit. Les paléontologues ont découvert en effet que les restes humains les plus anciens manifestent la présence de personnes qui ne pouvaient pas vivre seules, qui n'avaient pas d'autonomie, qui ont dû inévitablement être assistées par le groupe pour subsister. Cela veut dire que l'être humain, à son origine même, est celui qui commence à s'occuper des handicapés. Ceux-ci amènent le groupe à s'organiser, à créer une culture spécifiquement humaine qui tient compte du plus faible et qui inverse donc la loi de sélection.

Quand le groupe s'organise autour du plus faible, il crée un espace de convivialité, un ensemble de services qui rendent la vie beaucoup plus aisée. Nous en faisons l'expérience dans la mobilité : il n'y a plus de marches trop élevées, les accès sont facilités pour tous. La sécurité est renforcée en pensant aux enfants mais aussi au bénéfice de tous.
Le souci des plus faibles et en particulier des enfants ouvre un horizon nouveau, un nouveau rapport aux autres et à l'avenir. Cela nous fait ensemble jouer le rôle du Père et par là comprendre un peu mieux ce qu'il ressent, ce qu'il vit et ce qu'il est.
«  Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m'a envoyé. »

Organiser la vie en fonction des plus petits, c'est accueillir la vie et voir le monde avec le c½ur de Dieu.

S'il n'est pas serviteur, le « plus grand » n'est rien, un parasite tout au plus. Mais celui qui accueille le faible, l'enfant, le plus petit, accueille le Fils. Sans le savoir il joue le rôle du père. Son c½ur bat au rythme du c½ur du Père : il connaît la vie de Dieu.

Pour terminer, je vous annonce une très bonne nouvelle :
Petits ou grands, maigres ou gros, rasés ou barbus, homme ou femme, vous avez tous été élus !

Mes félicitations !  Avec vous aux commandes, Dieu va être au paradis !