28e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2010-2011


Depuis quelques semaines maintenant, vous pouvez écouter sur FM 93,8, c'est-à-dire RCF Liège, la radio dans l'âme, une nouvelle émission intitulée GastroThéo à laquelle participent quelques membres de cette assemblée.  D'aucun pourrait se demander comment il est possible d'allier gastronomie et théologie.  La réponse devient évidente à la lecture des textes de ce jour.  J'aime personnellement méditer ce passage où Isaïe nous chante : « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » ou encore cette phrase de l'évangile lorsque le roi proclame : « mon repas est prêt, mes b½ufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt ».  A de nombreuses reprises la Bible nous parle de l'importance des repas.  Mais aujourd'hui, ce n'est pas n'importe lequel.  Il ne s'agit pas d'un repas de tous les jours mais bien d'un banquet, d'un repas de noces nous permettant de nous réjouir et d'exulter car notre Dieu nous a sauvés.

Alors en fin théologien et en fin gastronome, le Christ nous propose les éléments absolument nécessaires à la réussite d'un banquet et il nous les livre dans l'évangile de ce jour.  Dans un de ses écrits, Dom Armand Veilleux, père abbé de Chimay précise qu'il y en a cinq.  Premier élément : l'invitation.  Cela ne se fait pas de venir à un dîner de noces sans y avoir été invité.  Il s'agit d'un repas festif auquel une personne à la liberté d'inviter qui elle souhaite voir s'asseoir à sa table.  Et tous les invités partagent cette même liberté dans la réponse qu'ils choisiront de donner.   Et comme le dit l'adage « un carton répond à un carton ».  Nous sommes priés de nous situer.  Allons-nous donner de notre temps ou allons-nous trouver une excuse ?  Dieu nous invite chacune et chacun à son festin.  Ce serait vraiment dommage de rater une telle aubaine.  Deuxième élément, un banquet exige évidemment qu'il n'y ait pas qu'une seule personne.  Par définition le repas de noces célèbre une relation qui s'est instaurée entre au moins deux êtres.  Nombreux sont les invités et l'expérience de la vie nous montre à quel point il n'est pas aisé de toujours mettre tout ce petit monde en présence.  Il y a sur terre des personnes avec lesquelles nous pouvons nous sentir moins en sympathie.  Quoiqu'il en soit, ce qui est merveilleux dans ce banquet-ci, c'est que nous sommes toutes et tous invités.  Il n'y a pas eu de restriction.  Dieu nous donne ainsi une occasion merveilleuse de nous retrouver mais aussi de nouer de nouvelles relations voire parfois de pouvoir aplanir des situations qui peuvent encombrer notre route vers ce salut promis.   Troisième élément, un banquet ne peut se vivre sans raison.  Nous sommes réunis car nous souhaitons célébrer quelque chose ensemble : un événement ou une personne.  Par définition, le banquet est l'occasion de pouvoir faire mémoire.  Cela ne se vit pas tous les jours.  Il y a un sentiment de partager, de commémorer un temps spécial tout tourné cette fois vers le Tout Autre.  Le festin de noces auquel nous sommes aujourd'hui encore conviés nous permet de venir ensemble célébrer ce qui a fait le lot de notre quotidien depuis notre dernière rencontre.  Nous venons avec le tout de nos vies et nous les célébrons en nous portant les uns les autres tout en nous souvenant de cet événement majeur qu'a été la Résurrection du Fils de Dieu.  Si nous vivons pleinement ce moment, nous ne pouvons pas en sortir indemne.  Nous repartons transformés par ce que nous avons pu vivre et recevoir dans ce festin de l'Amour par excellence.  Quatrième élément, il ne peut y avoir de festin sans un repas tout spécial.  Les mets se succèdent et ne se ressemblent pas.  Un temps certain a été pris pour les préparer.  Ils sont un plaisir pour le palais mais aussi pour les yeux.  Pour nous, aujourd'hui encore, le repas de l'amour se contemple dans le mystère de ce qui se vit à la table eucharistique.  Ce repas nous transcende.  Nous sommes dans l'ordre de l'indicible et il n'y a pas de mots pour exprimer la teneur et l'ampleur de ce que nous découvrons dans la fête du corps et du sang offerts pour notre propre salut.  Cette nourriture spirituelle ne nous rassasie pas mais elle nous ouvre les portes d'une faim sans fin de Dieu.  Alors pour vivre un tel banquet, il nous reste le cinquième et dernier élément : nous revêtir d'un habit de fête.  Le costume que nous portons est fait de lumière.  Il est celui que nous avons reçu à notre baptême.  Au festin de l'amour, nous sommes toutes et tous revêtus du Christ.  C'est cet habit teinté de résurrection qui nous permet de prendre une part active au festin eucharistique.  Une invitation, une communauté, une raison, un repas d'amour et un habit de lumière, voilà les cinq éléments qui nous permettent chaque fois que nous le souhaitons de vivre ensemble le repas de noces, le banquet de l'Agneau où nous célébrons la promesse de notre salut.
Amen