2e dimanche de Carême, année A

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps du Carême
Année liturgique : A
Année: 1998-1999

Jésus prend Pierre, Jacques et Jean, et il les emmène sur une haute montagne. Ce sont trois des premiers quatre disciples que Jésus prend. Ils le connaissent maintenant assez bien. Ils ont entendu une grande partie de son enseignement, ils ont vu les miracles qu'il a accomplis. Ils savent que c'est un homme qui parle avec autorité, qu'il peut guérir les malades et expulser les démons. Ils trouvent profond et convaincant son enseignement. Tout cela explique pourquoi ils continuent à le suivre : c'est un homme qu'il vaut la peine de suivre. Cela n'est pas rare ; c'est l'expérience des disciples de beaucoup de rabbins, de beaucoup de gourous.

Mais maintenant, sur cette haute montagne, Pierre, Jacques et Jean découvrent que Jésus est beaucoup plus que cela, qu'il est beaucoup plus qu'un homme dont les paroles et les gestes sont impressionnants, et dont les valeurs sont profondes. Il est transfiguré devant eux ; il brille comme le soleil, ses vêtements comme la lumière. Ceci n'est pas simplement un spectacle, ou encore un miracle. Ici, il ne s'agit pas de ce que Jésus fait, mais plutôt de la révélation de ce qu'il est. Il est révélé comme source de la lumière. Ce n'est pas un homme éclairé ; Jésus est celui qui éclaire, qui illumine, qui, dans l'obscurité de cette vie, est lumière. C'est à dire que Jésus est une figure divine. Comme nous le disons chaque dimanche lorsque nous récitons de crédo, il est lumière née de la lumière. Depuis le début, quand Jésus les a appelés là au bord du lac de Galilée, Pierre, Jacques et Jean sont, sans le savoir, en présence de Dieu. Maintenant, ils voient la divinité de Jésus. La voix qui vient de la nuée lumineuse le confirme : "Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour". Depuis quelques mois, peut-être depuis des années, ils marchent avec Dieu, et Dieu avec eux, d'une manière humaine, familière, intime.

En entendant cette voix, les trois se rendent compte du mystère divin qui, depuis longtemps mais à leur insu, fait partie de leur quotidien. Ils réagissent par se prosterner, remplis de crainte. Leur réaction est juste, parce qu'il faut avoir crainte devant Dieu, devant le mystère divin qui est la source de toute existence et de toute vie. Et n'ont-ils pas accompagné Jésus jusque maintenant d'une manière tout à fait inappropriée ? Un homme ne marche pas avec Dieu, son créateur, comme avec un simple homme. Leur crainte est donc compréhensible.

Mais Jésus s'approche d'eux et leur dit de se relever et d'être sans crainte. Seul Dieu a le droit de dire aux hommes de ne pas avoir peur devant Dieu, seul Dieu peut inviter les hommes à se mettre debout, à regarder Dieu face à face. Si ici, sur la montagne, Jésus est révélé comme Dieu, Dieu est révélé comme l'ami des hommes, comme le Dieu avec qui on peut cheminer d'une manière familière, intime. Si ici se révèle le fait Jésus est divin, il se révèle aussi que, en Jésus, le Dieu devant lequel il faut se prosterner est vraiment devenu humain, un homme ami des hommes, qui marche avec nous et fait partie de notre quotidien même si nous ne le savons pas, qui s'approche de nous, qui nous met debout.