Mon Dieu ! Qu’il est ridicule, là, tout seul, sur son arbre, ce Zachée, le percepteur d’impôts. Vous imaginez ça ? Un homme de cinquante ans, et lus, dans ses beaux habits (parce que c’est un homme riche), lui, là-haut, avec son gros ventre, assis de traverse sur une grosse branche. C’est ridicule à son âge de faire des choses comme ça. Mais ça ne m’étonne pas de lui. Il a toujours été un peu bizarre.
Tout d’abord, il n’a jamais été bien grand. Il a même toujours été petit et tout le monde s’est toujours moqué de lui. Quand il était enfant, les autres le bousculaient dans la rue, ils le faisaient tomber et même il le roulaient par terre. Il avait beau se fâcher, cirer, hurler, cela ne servait à rien. Il y avait toujours un grand pour le calmer.
Alors Zachée avait décidé de ne pas se laisser faire et de faire sa route tout seul. Puisqu’il n’arrivait pas à être aimé, il a décidé d’être craint et respecté. C’est plus facile d’être craint et redouté que d’être aimé. C’est ainsi qu’il s’est arrangé pour devenir collecteur d’impôts. Oh ! Il ne triche pas beaucoup. Ce n’est pas ça qui l’intéresse. Pour lui, ce n’est pas l’argent le plus important. Le plus important, c’est le pouvoir. Il peut fouiller dans la vie des autres pour trouver où se cache l’argent qu’il faut payer comme impôts. Et les autres ne peuvent rien lui dire. Il est assis sur son arbre. Il domine la situation. Il sait très bien que, s’il descend, il y aura toujours quelqu’un qui par hasard lui marchera sur les pieds, ou un autre qui par hasard va lui donner un bon coup de coude. Mais il est tout seul là-haut. Il aimerait bien avoir un ami. C’est pour cela qu’il est venu voir ce Jésus. Et c’est Jésus qui lui dit de descendre.
Nous sommes un peu comme Zachée. Oh ! Nous ne sommes pas tous complexés au point de monter sur un arbre pour échapper aux autres. Mais nous aimons bien parfois être seuls, loin des autres, à l’abri des autres. Et parfois nous sommes fiers de pouvoir nous dire qu’on est arrivé à une certaine hauteur et que nous pouvons regarder les autres de haut. Evidemment, il y a des gens qui sont encore bien plus haut que nous, mais nous aimons parfois bien faire sentir aux autres que nous avons un certain pouvoir, une certaine autorité. Et pourtant, c’est Jésus, lui qui trône au plus haut des cieux, qui nous dit de descendre. Lui qui connaît la gloire du ciel, lui qui est entouré par l’maour de son Père et de l’Esprit, il est descendu parmi nous pour nous dire comme nous sommes importants pour lui. Il n’a pas eu peur de souffrir pour nous dire ou pour nous montrer de quel amour il est pris pour chacun d’entre nous.
Alors, oui ! , profitons de cette Eucharistie pour descendre de notre arbre de réussites et de solitude pour prendre le risque de recevoir un coup de coude, mais surtout pour partager avec les autres l’immense bonheur de se savoir aimé par Dieu.