33e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2011-2012

CHRÉTIENS  DANS  L'HISTOIRE

Au terme de sa dure montée vers Jérusalem (symbole du chemin ardu que  les exigences du Royaume nous imposent), Jésus n'a pas correspondu aux attentes de la foule qui attendait une révolution. Au lieu de s'en prendre aux Romains ou aux pécheurs, il est entré dans l'enceinte du temple pour y enseigner et, pendant plusieurs jours, sans tomber dans les pièges tendus par ses adversaires, il n'a pas réussi à se faire comprendre. Alors, dit Marc, « il sort du temple » (13, 1) où il ne reviendra plus. Il a échoué à convertir le système rituel et religieux. Celui-ci est livré à son destin : la mort.
En sortant, à un disciple qui s'extasie sur la beauté de l'édifice, Jésus répond par une annonce stupéfiante : « Tout cela sera détruit » !! Peu après, sur le mont des Oliviers en face de la capitale, 4 apôtres en privé le prient de leur expliquer : « Quand donc cela arrivera-t-il ? ». Alors Jésus leur tient un grand discours sur l'avenir (le plus long dans s. Marc). Il n'a plus que 2 jours à vivre mais ensuite l'histoire continuera, chaotique et souvent dangereuse: aussi exhorte-t-il les disciples à « PRENDRE GARDE » (début, milieu et fin du texte : 13, 5, 23.33) car des événements extrêmement graves et douloureux surviendront.  On peut compter  5 « prévisions », mais chaque fois, Jésus révèle à ses disciples la juste attitude à avoir pour persévérer dans la foi et tenir bon.
1)    D'abord paraîtront, sans cesse, de faux messies qui, en promettant libération et bonheur, subjugueront les foules naïves - Il ne faudra pas se laisser « égarer »  même si ces menteurs réalisent des prodiges (13, 5. 22). Or que de fois des baptisés ont suivi des « führers » ou des « grands timoniers » !!
2)    Des guerres ne cesseront d'éclater ici et là, des conflits déchireront les peuples et multiplieront les victimes  -  Il ne faudra pas s'alarmer car ce ne sera pas encore la fin (13, 7)
3)    Des catastrophes naturelles, inondations, famines, tremblements de terre, sèmeront la panique   -   Ce ne sera pas la fin mais le commencement des douleurs de l'enfantement (13, 8), c.à.d. le vieux monde s'en ira mais pour que naisse un nouveau monde.
4)   Les disciples de Jésus seront poursuivis, traînés devant les tribunaux, condamnés. Même dans les familles on se dénoncera les uns les autres. - Mais ainsi les chrétiens pourront rendre témoignage parmi toutes les nations. Et qu'ils ne s'inquiètent pas pour leur défense : l'Esprit-Saint parlera en eux (13, 1O-11)
5)    Un jour surviendra un mystérieux événement à  Jérusalem : « L'abomination de la Désolation » siègera là où il ne faut pas (13, 14 - d'après Daniel 11, 31)    -    Il n'y aura qu'une seule issue : fuir au plus vite.

LA VENUE DU FILS DE L'HOMME EN GLOIRE

« En ces temps-là, après cette détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat ; les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées. ALORS ON VERRA LE FILS DE L'HOMME VENIR sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel ».
Pour évoquer l'événement final, Jésus reprend les images terrifiantes utilisées déjà par certains prophètes : effrayés par l'observation de certains phénomènes (étoiles filantes, éclipses...), ils imaginaient la fin du monde comme la chute des puissances divines qui dirigent la marche des astres. Dans ces pages « apocalyptiques », tout sera bouleversé. (cf. Joël 2, 10 ; 3, 4 ; 8, 12 ; Ez 3, 2 ; Is 34, 4....). Mais « apocalypse » ne signifie pas ruines, destructions et épouvante mais « révélation », dévoilement des choses cachées. L'univers se déchirera pour laisser apparaître le mystère qu'il cache et qui est la Bonne Nouvelle : Jésus viendra dans la Gloire divine, comme Seigneur et Juge.
Cette venue est inspirée par la vision de Daniel. Ce prophète avait vu le triomphe des grands empires païens, Israël piétiné, le massacre des juifs fidèles, l'idole de l'Abomination (une statue de Zeus) installée au c½ur du  temple de Jérusalem. Mais il pouvait rassurer ses frères persécutés en leur révélant la grande vision qu'il avait reçue : « Je regardais dans les visions de la nuit et voici qu'avec les nuées du ciel               venait comme un Fils d'Homme : il arriva jusqu'au Vieillard et on le fit approcher.
Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté ; le gens de tous peuples et nations le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas »    (Daniel 7, 13)
Ainsi l'évangéliste affirme avec assurance que Jésus, ce misérable condamné par Pilate, ce pendu horrible du Golgotha, que tous croient mort à jamais, est bien cet Homme plongé dans la Gloire divine à qui Dieu remet le Royaume éternel, Royaume de lumière et de bonheur, de vérité et de justice.
Et que fait-il ?
« Il envoie ses anges pour rassembler les élus des 4 coins du monde ».
Le grand rêve de l'humanité enfin une et pacifiée s'accomplira : il ne sera pas le résultat des efforts humains, l'aboutissement des progrès des sciences, la conséquence des traités mais l'½uvre du condamné devenu le Juge du monde. Il n'y aura plus de racisme, de conflits, de haine. Contrairement à l'orgueil sectaire de certains (Qumran et autres groupes fanatiques), la réunion ne visera pas une élite de  « purs », laissant les autres à la damnation. Par Jésus Fils de l'homme, le royaume accueillera des personnes de toute origine. L'Evangile est vraiment message universel et l'Eglise alors réalisera son titre : « catholique ». Le salut n'est donc pas perfection individuelle, fixation dans l'Absolu, dissolution dans le grand Tout mais accomplissement de chaque personne dans la communion.

PARABOLE DU FIGUIER


Que la comparaison du figuier vous instruise : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l'été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez cela, sachez que le Fils de l'Homme est proche, à votre porte.
L'observation de la nature permet de prévoir l'approche des saisons : ainsi les disciples doivent scruter l'actualité c.à.d. être attentifs à tous ces événements que le discours évoquait. De la sorte ils comprendront l'histoire et discerneront l'approche du Fils de l'homme en gloire. Ici sa venue n'est plus rejetée à la fin des temps car « il est proche, à votre porte ». La fin du monde aura sans doute lieu dans des millions d'années mais tout instant est approche du Christ. Dans la foi nous vivons dans le pressentiment, paisible, de son imminence. La foi devine sa présence, comme derrière une porte close
Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive
Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas
La phrase semble fausse puisque, quand Marc écrit cela, la génération de Jésus est passée. Donc c'est que le scénario est effectivement en train de se dérouler, manifeste pour ceux qui veulent bien voir, les fidèles vigilants qui se tiennent sur leurs gardes. Car l'enseignement de Jésus n'est pas vague hypothèse, utopie : il est absolument certain, indépassable, plus éternel que le monde.
Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père »
Enfin Jésus nous dissuade de noter le calendrier de Dieu, de calculer les délais, de nous livrer à des pronostics (qu'ils soient de Nostradamus ou des Mayas). Personne ne peut savoir et Jésus précise - à notre grand étonnement - que même lui, le Fils, ignore le jour et l'heure. Confidence étonnante que Marc, qui savait pourtant les questions qu'elle allait éveiller n'a pas omise (Luc l'a supprimée).

CONCLUSIONS

L'objection est ancienne : « Comment pouvez-vous dire que Jésus est le Messie puisque rien n'est changé et qu'il y a tant de souffrances ? ». Mystère du plan de Dieu qui ne nous donne pas un monde parfait, tout fait, mais  excite nos responsabilités. La venue de Jésus jadis et son enseignement jamais dévalué nous permettent d'avancer dans une histoire tragique où, en nous tenant sur nos gardes, nous avons à témoigner de lui.
En tout cas nous n'errons pas dans l'absurde vers la déflagration finale mais nous allons, durement, à la rencontre de celui qui est devenu Seigneur parce qu'il nous a aimés jusqu'à la croix. Notre assemblée eucharistique dominicale préfigure et réalise déjà « le rassemblement » annoncé par Jésus. Restons éveillés (13, 33 ;35 ;37) et crions dans la prière : VIENS SEIGNEUR JESUS (Apocalypse 22, 20).