3ème dimanche du temps de l'Avent (C)

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 13/12/15
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : C

« Que devons-nous faire ? », voilà bien la question que tout le monde se pose pendant cette période de l’Avent.  Comment faire pour que cette fête soit réussie ? Non pas seulement comme festivité, mais aussi comme rencontre, comme renouvellement auprès de Dieu, du Christ et des autres.  Ce qui est intéressant de noter, ce sont les personnes qui posent cette question.  Ce n’est pas n’importe qui : ce sont les percepteurs d’impôt et les soldats.  Les uns comme les autres ont un pouvoir énorme, incontrôlé.  Vous vous souvenez que, dans l’Empire romain, l’impôt était perçu au printemps, c’est-à-dire avant les récoltes.  Les paysans, qui étaient les plus nombreux dans l’Antiquité, terminaient l’hiver avant la fin de leurs réserves.  La plupart du temps, ils ne pouvaient pas payer l’impôt.  Ils devaient emprunter à des taux usuraires.  Ou bien il leur restait une autre solution : vendre un de leurs enfants comme esclave.  Et nous avons des textes de cette époque qui décrivent le choix déchirant d’un père de famille qui doit choisir lequel de ses enfants il vendra ainsi comme esclave.  Et les percepteurs d’impôt avaient parfois tendance à avoir la main lourde.  C’était pour eux une façon de se payer, et de bien se payer.  A qui voulez-vous que les paysans ainsi abusés puissent se plaindre ? Au gouverneur ? C’est lui qui recevait l’argent perçu.  Au juge ? Mais le juge, c’est le gouverneur.  Alors pour tous ces petits paysans, abusés, pressurés, il n’y avait aucun recours, si ce n’est l’honnêteté des percepteurs d’impôt.  Et c’est ce que Jean demande.  Et Jean demande la même chose de la part de soldats.  Quels sont ces soldats ? Des soldats romains.  C’est l’armée d’occupation.  Ils ont tous les droits.  Ils peuvent accuser n’importe qui sans preuves.  Ils peuvent saisir la maison, le bétail et tous les biens de ceux qu’ils arrêtent et suspectent, à tort ou à raison, de vouloir résister à l’empereur.  Et voilà donc Jean qui demande à ces hommes brutaux et violents, qui abusent de leur force et de leur pouvoir, de se maîtriser. 

            Car c’est une loi universelle chez les hommes : qui a le pouvoir aime l’exercer et même en abuser, le chef d’équipe, le responsable d’un département ou même simplement l’employé derrière son guichet.  Ah ! Quel plaisir de pouvoir dire non, ou tout simplement de faire attendre.  C’est inné chez l’homme, ce besoin de pouvoir dominer.  Imaginez un instant cette situation : il y deux enfants dans une grande pièce avec un grand divan.  Le premier s’assied à droite du divan.  Le second voudra absolument prendre cette place occupée par le premier.  Imaginez deux enfants dans une grande pièce avec 742 jouets.  Le premier prend le gros camion rouge.  Le second voudra absolument le même jouet même s’il y en a 741 autres libres.  Et c’est partout comme ça.  Un homme aimera dire haut et fort : « à la maison, c’est moi le chef. »  Et plus il le criera fort, moins on le croira.  Tout le monde veut être le chef.  Et Jean nous demande maîtriser cette force destructrice.

            C’est là toute la différence avec Jésus : Jean nous demande de nous maîtriser, Jésus nous invite à nous libérer, à libérer cette force d’amour que nous avons en nous, non pas pour écraser les autres par notre gentillesse, mais pour sans cesse recommencer à aimer autrement.  C’est tous les jours qu’on recommence à vivre avec son conjoint, son confrère ou sa consœur.  Tout d’abord en pardonnant, ensuite en prenant le risque d’accueillir, de s’intéresser à son voisin, à sa voisine.  En cette période de fête, beaucoup de gens resteront seuls, ou bien parce qu’ils sont trop vieux et qu’ils n’intéressent plus personne, ou bien parce qu’ils viennent d’arriver et qu’ils sont différents.  Ils ne savent pas comment s’y prendre pour parler avec les autres, pour les rencontrer sans les heurter ou les effrayer.  Alors, en ces jours de Noël, prenons le risque de prendre contact avec une association ou avec la paroisse pour pouvoir accueillir quelqu’un de nouveau.  Ce serait triste que Joseph et Marie à nouveau frappent à la porte de différentes maisons et que nous les laissions passer sans les recevoir.