4e dimanche de l'Avent, année A

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Avent
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

ACCEPTE TON SAUVEUR ET CELLE QUI LE PORTE

Dans les premières années, les disciples proclamaient Jésus crucifié et ressuscité - ce qu'on appelle « le mystère pascal », c½ur de la foi chrétienne. Puis on se questionna sur son origine : Paul insistait sur la véritable humanité de Jésus : « Dieu a envoyé son fils, né d'une femme... » (Gal 4, 4) dont Marc précisait le nom: Jésus était « le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, José, Jude, Simon... » (Marc 6, 3). D'où venait Jésus ? Pour être l'authentique Messie d'Israël, il devait correspondre aux prophéties. C'est pourquoi deux évangiles suivirent celui de Marc : Matthieu et Luc rédigèrent chacun « un évangile de l'enfance » en y montrant que Jésus « accomplit les  Ecritures ».

GENESE DE JESUS


Le titre d'un évangile étant toujours son premier verset (et non le gros titre ajouté plus tard par les éditeurs, comme « Evangile selon Saint.... »),  Matthieu intitule son livre: « Livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham » et il présente d'emblée son arbre généalogique. Le projet de Dieu se réalise effectivement par des naissances : dans une longue histoire que Dieu conduit, Jésus réalise les promesses à Abraham et à la descendance du roi David.
Mais après la répétition de la même formule (« Abraham engendra Isaac...qui engendra Jacob...qui...etc. etc... »), en finale Matthieu opère une modification radicale : «Mathan engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus, que l'on appelle Christ » (1, 16). Cette naissance a donc quelque chose de spécial que Matthieu va ensuite expliquer. (c'est notre lecture de ce dimanche)

Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.
La traduction n'est pas exacte car Matthieu reprend le titre grec du 1er livre de la Bible, et il écrit : «VOICI QUELLE FUT LA GENESE DE JESUS CHRIST ». L'apparition de Jésus dépasse donc le processus biologique : elle est une véritable action de Dieu, « une création ». Avec la venue de Jésus commence un nouveau monde, comme une « re-création », l'accomplissement de la Genèse initiale. Comment ?

Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ;
or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint.
Aucune précision sur les dates, les lieux, les âges, les habits, les sentiments... : rien que deux personnages et leurs noms. A l'époque, les mariages, souvent arrangés par les familles, se célèbrent très tôt alors que la fille n'a que 13 à 15 ans. Après la cérémonie qui rassemble tout le village, la jeune épouse demeure encore près d'un an chez ses parents, le temps pour l'époux d'aménager leur nouvelle demeure. C'est sans doute vers la fin de ce délai qu'arrive l'incroyable : Marie est enceinte !!!
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c.à.d: Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Si Joseph ne veut pas faire un scandale public en répudiant son épouse comme il en aurait le droit, c'est donc que Marie lui a parlé, lui a raconté l'impossible et il l'a crue. Elle ne l'a pas trompé : il y a eu un événement unique, indicible, une intervention divine - ce que Luc raconte dans sa grande scène de l'Annonciation à Marie.
Chaviré, bouleversé, Joseph fait confiance à celle qu'il aime et puisque Dieu manifeste qu'il a  un projet spécial pour cette jeune femme, il ne lui reste plus, à lui pauvre charpentier, qu'à se retirer. Partir ?...
C'est alors que, dans un songe (la nuit de la foi), Dieu le détrompe et lui confère une mission : l'enfant qui va naître sera un garçon, il ne peut pas apparaître comme un bâtard, il doit entrer dans la dynastie de David, dont Joseph provient. En lui donnant son nom, Joseph adoptera réellement cet enfant et il aura la tâche capitale de garder la famille et d'être le père nourricier.
Ces phrases sereines ne doivent pas cacher le trouble immense, le bouleversement qu'ont vécu ces deux jeunes gens. Il n'est pas simple de laisser entrer Dieu dans la vie, d'accepter une mission qui dépasse totalement toutes les vues humaines.

QUE SIGNIFIE « ACCOMPLIR LES ECRITURES » ?

En - 735,  deux armées s'avancèrent pour attaquer Jérusalem et éliminer la dynastie de David. Le roi Achaz, affolé, surveillait les travaux de fortification lorsque le prophète Isaïe vint l'adjurer d'avoir confiance : « Si vous ne croyez pas, vous ne tiendrez pas » et il lui donna un signe de Dieu : « Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel ». Ce qui signifie que la reine va enfanter et pourra élever son enfant dans la paix. Effectivement Jérusalem échappa à la destruction ; malgré tout, pour être rassuré, Achaz fit appel à l'Assyrie et en devint vassal.
Cette promesse du « signe de l'Emmanuel » frappa énormément. Puisque Dieu était intervenu de la sorte, il referait dans l'avenir le même miracle pour sauver son peuple. La mémoire de l'événement devint une prophétie messianique: un jour, le Seigneur sauverait son peuple non par un Messie guerrier, qui aurait recours à la force et aux alliances avec les grandes puissances mais par un petit garçon. On rédigea un oracle qui le décrivait :
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière...Car un enfant nous est né, un fils nous est donné. On proclame son nom « Merveilleux conseiller, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la Paix. Il aura une souveraineté étendue, il affermira le trône de David sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours » (Isaïe 9, 1-6).
Matthieu a donc compris que la naissance de Jésus actualise le signe et il écrit :
« Tout cela arriva pour que s'accomplit la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
' Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Après des siècles de malheurs, le fils de Marie est « le grand signe » offert par Dieu. Il ne vient pas nous lancer à la guerre contre les ennemis car le véritable combat des hommes n'est pas la lutte les uns contre les autres mais contre le péché. La lumière de la Loi et les rites du temple ne peuvent nous libérer du péché mais  Jésus, lui, remportera la victoire en donnant sa vie sur la croix.

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Joseph assuma sa mission et au temps prévu, il accueillit Marie dans leur maison. Le garçon allait naître dans le petit village de Bethléem, en Judée (2, 1) et Joseph lui donna le nom de IESHOUAH - qui signifie « YHWH sauve ».
En effet il faudra d'abord que l'enfant grandisse, soit baptisé, se mette à prêcher au peuple ...jusqu'à ce qu'il soit arrêté et exécuté sur une croix. Son sacrifice donnera aux hommes le salut c.à.d. le pardon des péchés et la réconciliation avec Dieu. Mais trois jours plus tard, il ressuscitera et enverra ses disciples en mission en affirmant son nouveau nom EMMANUEL :
« Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur terre. Allez, de toutes les nations faites des disciples...et je suis avec vous (EMMANUEL) tous les jours jusqu'à la fin des temps ».

Encore 3 jours. Ne soyons pas comme Achaz qui doutait et cherchait des appuis humains et imitons Joseph : croyons, faisons confiance. « Prends Marie chez toi », accepte l'Eglise qui t'apporte une révélation non échafaudée par les théologiens mais un mystère divin. Elle porte JESUS/EMMANUEL qui nous sauve et demeure avec nous pour toujours.
La messe à nouveau actualise le signe  de notre véritable genèse :
LECTURES         : Dieu nous parle, nous propose une mission - « Ne crains pas, prends »
CONSECRATION : corps et sang : Jésus est vraiment Iéshouah = Dieu sauve du péché
COMMUNION    : nous communions tous avec lui : il est EMMANUEL, Dieu-avec-nous