5ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 5/02/17
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2016-2017

Frères et sœurs, je vous invite à réfléchir un instant sur les circonstances dans lesquelles la communauté de saint Matthieu a pu mettre par écrit ces paroles du Christ.  C’et une période de persécution et d’échec.  Jésus, celui qui a prononcé ces paroles, a été arrêté et mis à mor.  Matthieu qui a rassemblé ces paroles connaîtra lui aussi le martyre.  Et il le sait et tout le monde le sait : c’est dangereux de se dire chrétien.  D’ailleurs, dans le passage précédent qu’on a lu dimanche dernier, dans l’Evangile des Béatitudes, le Christ l’avait déjà dit : « heureux êtes-vous si l’on vous persécute à cause de moi, le Royaume des cieux est à vous ».  C’est dans cette ambiance de menace que le Christ nous demande d’être le sel de la terre. 

Le sel, pourquoi faire ?  Pour donner du goût à la vie.  Donner du goût à la vie pendant cette période de l’hiver, pendant cette période de scandale politique en Belgique et en France, pendant cette période d’inquiétude de tous pour l’avenir : comment faire ? Probablement en considérant la vie et le monde sous un autre angle, celui de Dieu.

Et c’est ce que nous faisons ce matin en venant à la messe.  Nous reprendre contact avec celui qui donne du sens à notre vie, celui qui donne son vrai sens à notre vie.  A force de travailler, de résoudre les petits problèmes de tous les jours, de porter et de supporter les gros handicaps et les faiblesses insurmontable de notre vie, on ne oublie que nous sommes aimés, vraiment aimés par quelqu’un.  Cela ne résout pas les problèmes, cela ne supprime pas les handicaps et les faiblesses de la vie.  Cela les transforme.

On a souvent l’impression qu’one st comme étouffé par les limites et les problèmes qui nous écrasent.  Pour reprendre l’image de l’Evangile, il y a comme une lumière à l’intérieur de nous, amis cette lumière est comme écrasée, étouffée par l’abat-jour de nos soucis, de nos problèmes et même de notre entourage.  On voudrait pouvoir arracher cette chape de plomb qui pèse sur notre cœur et qui nous empêche de vivre et de respirer.  Et pourtant nous sentons bien que cet abat-jour fait partie de notre vie. 

Et pourtant on le sait : ce qui fait la grandeur d’un homme, ce n’est pas la facilités dans laquelle il vit.  Mais ce qui fait la grandeur d’un homme, c’est sa capacité de transformer une situation difficile en une situation d’espoir et de résurrection.  C’est ce que des hommes politiques comme Winston Churchill ou le général de Gaulle ont fait en 1940.  C’est ce que des personnes comme Mère Teresa ou sœur Emmanuelle ont fait dans les rues de Calcutta ou dans les immondices de la ville du Caire : apporter aux mourants et aux plus démunis la chaleur d’une présence, la richesse de la tendresse.

Alors on comprend mieux que, quand le Christ nous invite à être le sel de la terre ou la lumière du monde, ce n’est pas pour que nous apportions un seau d’eau bénite et que nous le jetions à la face de tous ceux qui disent du mal de l’Eglise ou qui vivent dans le péché, mais c’est pour que nous apportions le vrai goût de la vie : le fait de se savoir aimés par Dieu et le fait de pouvoir découvrir, dans les petits geste de tous les jours, les petits clins d’œil de la tendresse de Dieu pour chacun d’entre nous.