Le Déli-Choc. Le Déli-choc, anciennement appelé le Bi-choc est un biscuit recouvert d'une plaquette de chocolat. Une étude, des plus scientifiques puisqu'elle a été réalisée par moi (par l'équipe qui a préparé cette célébration) a montré qu'il y avait une certaine façon de manger un Déli-choc. Ce dernier ne se croque pas, on mange d'abord le chocolat qui dépasse. Pour ce qui est du choco-prince, biscuit fourré cette fois au chocolat, certains vont d'abord manger la partie supérieure du biscuit, racler le chocolat et terminer par la partie inférieure. Le petit beurre quant à lui se mange pour beaucoup en commençant par les quatre coins. Et enfin pour ce qui est de la barre de chocolat Côte d'Or, il y a deux traditions qui se côtoient : il y a celles et ceux qui commencent par la petite image de l'éléphant et puis il y a les autres qui terminent par cette dernière.
Pourquoi vous parler de ces diverses traditions alimentaires intimes, êtes-vous sans doute entrain de vous demander ? Simplement pour nous rappeler, à l'instar des lectures de ce jour, qu'il y a un ensemble de choses que nous faisons dans la vie par habitude, sans réfléchir. Certaines sont sensées, d'autres pas. Prenons l'exemple suivant : quand je suis arrêté devant un passage à niveaux, et qu'un train de marchandises passe, je ne peux m'empêcher de commencer à compter le nombre de wagons. J'ai beau me dire que c'est absurde, j'ai beau me battre contre moi-même en essayant de me convaincre que je ne dois plus faire cela, je tiens à peu près jusqu'à la moitié du train et je me remets à compter. Pourquoi ai-je besoin de faire cela ? Je n'en sais rien. Pour passer le temps ? Peut-être. En souvenir de mon enfance où notre maman nous invitait à compter les wagons pour que les quatre enfants restent calme à l'arrière de la voiture. Possible. Toujours est-il que je le fais encore aujourd'hui. Et je suis à peu près certain que si j'interrogeais chacune et chacun d'entre vous ce matin (ce soir), vous avoueriez sans doute aussi un ensemble de petits faits et gestes que vous commettez alors qu'ils n'ont en eux-mêmes aucune signification. Vous ne me croyez pas ? Combien d'étudiants ou étudiantes ne mettent-ils pas les mêmes vêtements lorsqu'ils ont réussi un examen, font le même trajet. J'en passe et des meilleures. Il y a à la fois la force de l'habitude, il y a aussi sans doute un zeste de superstition.
Ce que le Christ nous invite ce matin (soir), c'est tout simplement de nous arrêter et de réfléchir un instant à tout ce que nous faisons même parfois de manière inconsciente. Nos vies sont parsemés d'actes insensés, qui ne trouveront jamais une justification raisonnable. Et cela importe peu. L'important c'est de s'arrêter pour décider de continuer à manger mon déli-choc de la même manière. Je choisis de le faire. En posant un acte de choix, j'intègre l'insensé dans ma vie, je lui donne sens et je peux alors sourire de certains de mes comportements. Puis il y a tous les autres actes, ceux qui par essence ont un sens mais nous l'avons perdu ou oublié. Ces actes sont importants et constitutifs de notre être et essentiels à notre épanouissement. Seulement nous les accomplissons sans réfléchir. Ils se font eux aussi par habitude, par tradition ou pire encore parce qu'on nous a dit de le faire. Un peu comme ces pharisiens de l'évangile. Ils jeûnent. Ils jeûnent par habitude, par tradition. Ils jeûnent à en devenir légalistes. La loi importe plus que le sens. Une loi inscrite sur un bout de parchemin, dans un livre et non pas une loi inscrite dans le coeur. Or le Fils de Dieu s'est incarné pour venir accomplir la loi, non l'abolir ce qui signifie inscrire la loi à jamais dans le coeur de l'humanité de chaque personne. Jésus nous convie à trouver, à retrouver le sens des actes que nous posons. Ne faisons rien par habitude mais plutôt par plaisir ou encore parce que cela nous fait grandir, avancer sur le chemin de nos vies. Le jeûne est effectivement quelque chose de merveilleux que nous avons un peu perdu dans notre culture mais le jeûne n'a de sens que s'il nous ramène constamment à l'essentiel, à l'existentiel.
Alors que ce soit un déli-choc, un petit beurre, un choco-prince ou encore une barre de chocolat Côte d'Or, la prochaine fois que vous en croquer un, mangez-le de manière théologique : votre geste est peut-être insensé, reconnaissez-le, choisissez de le vivre et vous lui donnerez sens. Et si nous pouvons donner sens à ces multiples gestes quotidiens, alors nous pourrons également retrouver le sens des gestes, des actes qui nous conduisent vers le sens de la vie éternelle, c'est-à-dire le bonheur sans fin. Amen.