Ascension

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps de Pâques
Année liturgique : A, B, C
Année: 2007-2008

Dans notre société sécularisée qui perd mémoire du christianisme, la fête de l'Ascension ne signifie plus grand chose pour la majorité. Comme les autres fêtes, elle n'est plus que l'occasion d'un congé : "le pont de l'Ascension", 4 jours pour se détendre et s'offrir un petit voyage supplémentaire. Et d'ailleurs comment croire aujourd'hui que Jésus se soit élevé dans les airs ? Légende de nos ancêtres trop crédules ! Les seuls qui montent au ciel, ce sont les cosmonautes dans leurs navettes et lorsqu'ils redescendent, aucun d'eux n'a prétendu voir des traces de Dieu en tournant là-haut. Inutile donc de rêver du ciel : il est désespérément vide. Profitons de la vie ici-bas : l'humanité est vouée à la terre et non au ciel.

SIGNIFICATION DE LA FETE

Nos aïeux dans la foi n'étaient pas des naïfs : ils savaient distinguer les représentations spatiales et les convictions profondes, les images et la confession de foi. Ils connaissaient la fonction indispensable des symboles. Que signifie l'Ascension de Jésus ?

L'Ascension proclame que Jésus n'est pas ré-animé, bénéficiaire d'un sursis, comme Lazare condamné à mourir à nouveau : il est ressuscité, il jouit d'une tout autre condition, il n'est plus soumis à nos lourdeurs. Il est SEIGNEUR, il porte le même titre que Dieu son Père.

Dans ce cas, le Royaume dont il annonçait la venue est bien inauguré sur terre et il en est le Maître tout-puissant. Crucifié et enseveli aux yeux des impies, Jésus est le Vivant et, quelles que soient les persécutions menées par ses ennemis, ce Royaume s'étendra jusqu'aux extrémités de la terre et connaîtra sa plénitude à la fin des temps.

L'Ascension est donc la fête de notre espérance puisque là où la Tête de l'Eglise est entrée, le Corps, à son tour, en dépit de ses turpitudes, peut à bon droit tendre dans la confiance. Une Porte est ouverte que nulle science ne pourra jamais ni percer ni clore.

C'est donc aujourd'hui qu'il faudrait annoncer cette possible ouverture céleste aux multitudes comblées de biens matériels et dépourvues de but, bourrées de moyens d'existence et vides de raisons de vivre. Annoncer que le mur de la mort est franchissable à ceux qui ont tout raté, tout perdu et qui se tordent dans la détresse.

On l'a dit, notre société moderne est fascinée par "le sacre du présent" : il n'est que de voir cette rage de "prendre des instantanés", de vouloir fixer l'instant présent. On veut gérer, améliorer, fignoler, embellir, perfectionner le cadre de vie ! Mais dans ce "cadre", on meurt. L'Occident ne veut plus d'enfants et il désespère sa jeunesse à qui on ne donne d'autre projet que de jouir de tout tout de suite. Ce qui manque le plus, n'est-ce pas l'avenir ?...

ON ATTEND DES TEMOINS DE L'ESPERANCE

La mission actuelle la plus urgente des chrétiens est sans doute de témoigner de l'espérance.

Comme Sr Marie-Emmanuel dans les cabanes des chiffonniers du Caire, comme mère Térésa parmi les lépreux de Calcutta, comme tant de bénévoles au chevet des cancéreux, des malades d'Alzheimer ou dévoués aux soins palliatifs. Redire que l'achèvement de l'homme n'est plus la mort mais l'amour. Moins vouloir expliquer les subtilités de la théologie que d'indiquer le but de la foi. Moins asséner le credo que de marcher, marcher encore. Moins maudire les malheurs du temps que d'allumer une flamme pour éclairer le chemin. Moins marteler des préceptes moraux que d'annoncer avec joie les premières lueurs de l'aurore à l'horizon.

L'ASCENSION : LE DEPART COMPENSÉ PAR LA MISSION

St Matthieu, dans l'évangile de ce jour, nous dit l'essentiel de la fête : le discours d'adieu de Jésus ressuscité à ses disciples.

1. Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre.

A l'orée de sa mission, Jésus avait refusé de prendre le pouvoir en suivant les méthodes diaboliques de terreur et de mensonge. Parce qu'il a accepté la totale impuissance sur la croix, il a reçu de son Père le pouvoir de l'amour universel.

2. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés".

L'Ascension de Jésus ne fige pas l'Eglise dans une contemplation oiseuse. Au contraire elle l'envoie à la rencontre des hommes de tous les peuples, de toutes les conditions. Par la révélation de Dieu Père, Fils et Esprit, l'Eglise peut éduquer les hommes sur le chemin de l'Evangile. Les commandements ne sont pas un carcan qui bride les libertés : au contraire ils nous libèrent des entraves pour nous permettre de courir vers le but assuré.

3 Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.

Ainsi qu'il avait été dit à Joseph au début du Livre, Jésus a d'abord été "Sauveur" : en se donnant par amour à la croix, il nous a pardonné nos fautes. Désormais il est EMMANUEL, DIEU-AVEC-NOUS, d'une Présence réelle, inaliénable, qu'aucun espace ne peut distendre, aucun temps ne peut éloigner. L'ALLIANCE est réalisée !

LA NEUVAINE DE PRIERE

"Le pont de l'Ascension" ? Est-ce encore pour se ruer sur les routes et y trouver la mort ? A quoi bon aller quelque part si la vie ne va nulle part ? Le PONT à ne pas rater, c'est la Croix du Christ. La force de le franchir, c'est l'Esprit-Saint. Le temps pour le demander, c'est la GRANDE NEUVAINE DE PRIERE, de ce jeudi à la Pentecôte.

Comme les 1ers apôtres, avec Marie, nous prions afin que vienne l'Esprit qui nous fera passer à la vraie vie et nous enverra en mission.