Cette fête de Pâques est très riche symboliquement. En la résurrection de Jésus, nous voyons le renouvellement de la vie, le triomphe de la vie sur la mort, de l'amour sur la haine, du bien sur le mal, de l'espérance sur le désespoir, de la lumière sur les ténèbres, de l'esprit humain qui refuse d'accepter la défaite. La commémoration de Pâques peut nous donner une nouvelle énergie, et peut-être un nouveau courage, la possibilité d'espérer dans une situation qui semble impossible. Le fait que nous célébrions Pâques au printemps, quand les arbres et les plantes refleurissent après un hiver où ils semblaient morts, quand la lumière revient après des mois de ténèbres, renforce le message symbolique de Pâques.
Tout ce symbolisme nous dit quelque chose d'essentiel, qui va au plus profond du coeur humain. C'est pourquoi il y a une fête de vie, une fête de renouvellement, dans beaucoup de religions. Mais, confronté à ce symbolisme, il ne faut pas être trop romantique, il faut être réaliste. En fait, en ce monde, l'amour ne triomphe pas toujours sur la haine ; au contraire, le mal triomphe trop souvent sur le bien. La vie n'est pas toujours vainqueur sur la mort. Même les arbres meurent. Tout ne finit pas bien.
L'importance de notre fête de Pâques est le fait qu'elle est réaliste. En célébrant Pâques nous ne fêtons pas qu'un symbole. Chaque année, nous soulignons le fait que Jésus est vraiment ressuscité des morts. Nous ne disons pas seulement que l'histoire de la résurrection est une belle histoire, nous disons que c'est une histoire vraie. Jésus est réellement ressuscité des morts : ce n'est pas qu'une belle image, c'est la réalité, même si c'était impossible.
Les premiers disciples n'étaient pas des romantiques mais des réalistes. Ils ne croyaient pas en la victoire du bien sur le mal, de la vie sur la mort. Jésus était mort, c'était la fin. Ils ne croyaient pas d'abord que Jésus soit ressuscité. Ils avaient raison, car il est vraiment impossible que quelqu'un ressuscite des morts. La mort est définitive, elle n'est pas un sommeil transitoire. La mort, c'est vraiment la fin d'un être humain comme de tout animal. Aujourd'hui, parfois, les médecins réussissent à sauver la vie de quelqu'un, même s'il ne respire plus, même si son coeur ne bat plus, même s'il semble mort. On refuse d'accepter qu'il soit vraiment mort, et on se bat pour qu'il vive. Mais les efforts des médecins ne réussissent pas toujours. Souvent, trop souvent, on doit accepter que le patient est vraiment mort, et cela veut dire qu'il ne respirera plus jamais, que son coeur ne battra plus, qu'il ne parlera plus jamais avec ses amis, qu'il ne rompra plus jamais de pain avec eux. Il y a deux mille ans, ayant passé déjà deux jours dans la tombe, Jésus était définitivement mort ; tout le monde le savait, y compris ses disciples. L'affaire triste de Jésus était terminée. C'était la fin.
Mais ce que les disciples ont vu, ce qu'ils ont entendu, ce qu'ils ont touché les a contraints, si réalistes qu'ils soient, à croire que Jésus était vraiment ressuscité des morts. C'était tout à fait inattendu, parce qu'impossible. Ce n'était pas une tournure étonnante au milieu de l'histoire de Jésus, parce que cette histoire était déjà terminée. Mais, après la fin d'une histoire d'espoir et de déception, de l'amour écrasé, une nouvelle histoire avait commencé. Dieu, créateur du ciel et de la terre, avait fait un nouveau commencement, il avait lancé une nouvelle création.
La fête de la résurrection ne nous dit pas que, malgré les apparences, tout finira bien. Cela ne serait pas réaliste, ce n'est pas notre expérience. Il ne faut pas s'attendre à ce que Dieu intervienne juste avant la fin de l'affaire pour nous rendre heureux. La résurrection nous dit que, après nos déceptions et nos défaites, même définitives, après la fin de notre histoire, Dieu crée une nouvelle histoire, tout à fait inattendue. En Jésus ressuscité, nous sommes intégrés dans une nouvelle création, dans une nouvelle histoire, où la vie triomphe vraiment sur la mort, la joie sur la tristesse.
Joyeuses Pâques !