Je n'apprendrai rien aux amateurs de mode que vous êtes qu'il y a un mot de plus en plus utilisé de nos jours, surtout dans la presse people. C'est un mot que l'on trouve dans tous ces magasines très intéressants ?que nous lisons d'un oeil distrait dans les salles d'attente... C'est le mot vintage. On parle volontiers aujourd'hui ?de tendance vintage, de mode vintage, de culture vintage !
A l'origine, ce terme anglais s'appliquait uniquement aux vieux vins et aux vieux whiskies... Peut-être avez vous pris ce midi un Porto Vintage, un Porto de 15 ans d'âge avec morceau de Stilton.
Alors, qu'est-ce que le vintage? C'est tout simplement une tendance qui veut conserver ?et mettre à la mode du vieux,
qui veut remettre des choses passées au goût du jour. Une mode qui veut donner une seconde vie à des choses passées...
à des pièces anciennes, à des pièces d'exception, qui ont une «âme»... ?Bref, c'est la culture de la seconde vie !
Il n'est pas innocent que notre culture occidentale --qui a si peur de la mort-- ait inventé cette culture vintage de conservation.
Mais si vous voulez passer à côté du sens de la résurrection que nous propose les Evangiles, appliquez-y le terme deuxième vie.
Le christianisme n'est pas un CRU classé et millésimé, qui conserverait du vieux. La resurrection n'est pas un retour, elle est aux antipodes de cette culture qui veut faire revenir de l'ancien. La résurrection n'est pas le retour du même, du vieux ou de l'identique. C'est la traversée de la mort... c'est-à-dire l'arrivée de quelque chose de NEUF !
C'est à cette destinée-là que nous appelle le souffle de Pâques !? Toutes et tous, nous sommes appelés à vivre l'avenèment du NEUF dans nos vies, c'est à dire à sortir de nos tombeaux et de nos peurs, pour faire déjà l'exprience de cette vie divine, cette vie non pas immortelle, mais éternelle à laquelle nous sommes destinés et qui nous amène toujours du NEUF.
Jamais, pour parler de la résurrection de Jésus, les Evangiles n'utilisent le terme de seconde vie (anabio, ou anabiosis). Jamais les évangiles ne parlent d'une seconde vie de Jésus. La resurrection n'est pas un retour à ce qui a été, comme un passé heureux qui referait surface. ?La résurrection dans nos vies, c'est l'arrivée d'un horizon nouveau, ?d'une ouverture, d'un avènement, d'un inattendu.
Et c'est pourquoi, ce que nous fêtons aujourd'hui ?dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. ?Aucun mot n'est à même d'exprimer adéquatement ce qui dépasse par définition tous les mots. Les mots sont toujours trop étroits pour dire l'indicible.
Les premiers Chrétiens, pour exprimer leur foi en la résurrection, ont d'ailleurs utilisé une multitude de mots : gloire, exaltation, réveil... ?Un théologien belge, pour parler de la résurrection, parle de «réveillance».
Ce mot a quelque chose de beau et de métaphorique, ce qui est toujours précieux quand on se risque à exprimer l'inexprimable. ?Réveillance, car il y a de la mort et du sommeil dans nos vies. ?Il y a de la lassitude, de l'endormissement, de l'insensibilité presque,
Il y a un potentiel de vie qui sommeille et n'arrive pas à bourgeonner,
Il y a quelque chose d'hivernal qui n'arrive pas éclore.
Nos pouvons parfois éprouver, au fond de nous, ce sommeil-là, cet endormissement qui nous tient coupé de la Vie et du réel et des autres.? La réveillance nous éveille à l'espérance. ?Elle nous invite à nous mettre debout, à quitter nos peurs et nos cauchemards existentiels pour quitter nos tombeaux, nous diriger vers du NEUF et pas reproduire par nostalgie ce qui a été fait, à quitter nos peurs et nos tombeaux !
En grec, les mots tombeaux et peur sont homonymes. C'est le même mot : taphos. La résurrection nous invite donc à la victoire sur nos morts et sur nos peurs. Mais pour cela, il faut avoir la capacité, comme Pierre dans l'Evangile, d'entrer dans nos tombeaux, d'entrer dans nos lieux de peurs, dans nos morts intérieures, dans ce qui a été blessé, dans NOS lieux d'enfermement, pour y entendre une voix.
Entendre une voix nous dire que la joie de Pâques nous précède et que, si nous suivons le ressuscité, nos peurs seront vides, nos tombes seront vides, et nous serons vidés de nos peurs.
Que cette joie de Pâques vous accompagne ! Amen.
Dimanche de Pâques
- Auteur: Croonenberghs Didier
- Temps liturgique: Temps de Pâques
- Année liturgique : A, B, C
- Année: 2011-2012
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