Fête de la Sainte Trinité

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A, B, C
Année: 2008-2009

On raconte qu'un jour, Jésus s'adressa à Pierre par ces mots : « En vérité, Pierre, je te le dis: Y = aX² + bX + C ». Ce à quoi, Pierre répondit : « Heu...oui Jésus, mais ça veut dire quoi ? » et Jésus de lui rétorquer : « Tu ne peux pas comprendre, Pierre. C'est une parabole ». Matthieu aura sans doute été plus à l'aise avec ces notions mathématiques, lui qui avait passé sa vie à compter pour mieux encaisser les impôts. Alors, aujourd'hui si le Christ revenait, il pourrait s'adresser à nous par ces mots : « vous avez appris qu'il a été dit que un plus un plus un égale à trois, moi je vous dit que un plus un plus un égale à un ». Nous serions sans doute un peu comme Pierre face à une telle affirmation. Cela nous démontre que la Trinité que nous célébrons en ce jour n'est pas une équation à résoudre mais un mystère qui se laisse découvrir non pas de manière mathématique mais plutôt par les sciences « partenatiques ». C'est une nouvelle science et je suis heureux de vous annoncer que j'en suis le père fondateur. Oui, les sciences partenatiques peuvent nous apprendre à entrer dans le mystère de la Trinité. Je m'explique. Un être humain est né de la rencontre d'un homme et d'une femme. La relation est inscrite au c½ur même de ce qui fait notre humanité. Il en va ainsi pour nous, comme il en va pour Dieu. Au fil des siècles, nous avons appris à rencontrer un Dieu en qui la relation est également inscrite. Il est Père, Fils et Esprit. Ils sont trois pour ne faire qu'un. Ils sont en relation et ne peuvent se passer l'un de l'autre. Sinon, Dieu serait un éclopé. Mais ce Dieu trinitaire auquel nous nous référons, ne se contente pas de lui-même, mieux encore, il semble ne pas pouvoir se suffire à lui-même. Et c'est là que les sciences partenatiques deviennent intéressantes. Le Père qui s'est révélé à nous en Jésus-Christ et qui nous ouvre la voie de l'Esprit est en quête constante de partenariats. Nous avons été appelés à la Vie et nous sommes également invités à répondre à l'appel divin, c'est-à-dire à accepter d'entrer dans un processus de dynamique divine. Suite à l'événement de la Pentecôte, poussés par l'Esprit Saint, nous partons à la rencontre du Fils qui nous convie à mettre nos pas dans ses traces marquées du sceau de l'amour et ce Fils nous ramène toujours au Père. Ni le Père, ni le Fils, ni l'Esprit ne se suffisent à eux-mêmes. Ils ont besoin l'un de l'autre. Ils sont partenaires l'un de l'autre et, en même temps, ils nous appellent à entrer dans une nouvelle forme de partenariat avec eux. Il est évident que Dieu est, mais en lui, le verbe « être » s'adjoint de la préposition « avec ». Dieu est toujours avec quelqu'un, c'est-à-dire avec nous. Il ne se contente plus d'une simple adoration, d'une prosternation. En effet, les mages s'étaient prosternés devant lui à la crèche, les disciples se prosternent devant lui au moment où il les quitte. Le temps de la prosternation est dès lors dépassé. Dieu semble ne plus attendre nos prosternations. Il nous veut debout sur le chemin de nos vies et ce, même si nous sommes assis ou couchés. Etre debout dans sa vie se décline de différentes manières. Il s'agit tout simplement de continuer à être contagieux de Dieu là où nous en sommes dans nos histoires, où que nous nous trouvions sur notre chemin. La contagion divine a besoin de peu. Elle se nourrit d'un regard, d'un sourire, d'une parole d'amour, d'un geste de tendresse. Une caresse dit parfois tellement plus que des paroles vaines. Grâce à ce Dieu trois en un, nous n'avons plus à nous prosterner devant sa grandeur. Non, il a plutôt choisi de venir s'agenouiller auprès de nous pour entrer en relation avec nous et faire de chacune et chacun d'entre nous de véritables partenaires de sa Création. Oui, reconnaissons-le, en toute humilité, Dieu a besoin de nous. Il ne nous veut pas en-dessous de lui comme si nous étions des êtres inférieurs. Il nous veut avec lui en partenaires responsables et pétris de sa divinité. N'est-ce pas le sens d'un des prénoms donnés au Fils, l'Emmanuel, Dieu avec nous ? S'il est vraiment avec nous, à nos côtés, il passe alors également par nous. La fête de la Trinité nous fait ainsi entrer dans une dynamique divine où nous devenons les partenaires les uns des autres mais des partenaires privilégies puisque c'est par l'amour que nous laissons la divinité éclater et chanter au c½ur de notre humanité. Dieu est notre partenaire et nous sommes ses partenaires. Notre partenariat est une alliance qui nous lie à jamais. Que cette réalité nous fasse, à l'instar de l'histoire de Noé, redécouvrir qu'un arc-en-ciel vit au fond de notre c½ur. Cet arc-en-ciel intérieur est le signe même de cette alliance divine. Qu'il rayonne en nous pour que nous puissions à notre tour rayonner du Père, du Fils et du Saint-Esprit à chaque instant de notre vie. Amen