Cela faisait maintenant de longues années, qu’ils étaient tous les trois liés par une profonde amitié. Ils aimaient prendre du temps ensemble pour discuter et refaire le monde. Ils se définissaient comme des chercheurs de sens. C’est pourquoi ils écoutaient régulièrement les programmes de Rcf Liège. Ils chérissaient ces moments où ils débattaient sur des questions fondamentales telles que Dieu, la Vie, la mort, la souffrance. Ils avaient l’humilité de reconnaître qu’ils ne détenaient pas la vérité mais qu’ils la recherchaient avec avidité. Ils avaient acquis la conviction que les questions les plus intéressantes restaient des questions et que seules les questions sans intérêt avaient une réponse certaine. Puis, une nuit, alors qu’ils débattaient à nouveau, ils virent une étoile briller plus fortement que d’habitude. Ils se levèrent, et comme tant d’autres, ils décidèrent de la suivre. Après de longues heures de marche, ils arrivèrent devant cette étable et contemplèrent l’enfant posé tendrement dans une mangeoire, entouré de ses parents. La question de la foi leur était à nouveau posée suite à ce qu’ils voyaient. Dieu existe-t-il ? Le premier se dit : « je ne sais pas, mais je crois que oui ». Le deuxième poursuivit sa réflexion : « je ne sais pas, mais je crois que non ». Quant au troisième, il conclut par ses mots : « je ne sais pas et je n’ai pas envie de m’encombrer de cette question ». Ils étaient là, comme nous le sommes, toutes et tous, aujourd’hui, face à ce mystère de l’incarnation, face au mystère de ce Dieu qui s’est fait l’un des nôtres. En cette nuit, sur cette terre, certains se diront « je crois que oui », d’autres « je crois que non » et d’autres encore « ce n’est pas le moment ». Trois attitudes possibles face à ce mystère. Trois attitudes qui nous font prendre conscience que croire, ce n’est pas cesser de réfléchir mais plutôt de commencer à le faire. Nous avons besoin de notre pensée pour préciser notre croyance et trouver les mots justes afin d’arriver à la formuler. En cette nuit, nous sommes invités à faire ou refaire le choix de croire puis de chercher à comprendre ce que nous croyons. Tel est le sens de la foi. Elle ne se confond pas avec notre raison mais elle est éclairée par cette dernière. Ma raison peut douter alors qu’en même temps mon cœur croit. Et cette attitude est normale puisque nous ne pouvons pas prouver Dieu tout en sachant que l’absence de preuve ne fait pas la preuve de l’absence. La merveille de Noël, c’est d’oser accepter que Dieu veut que nous soyons à ce point libre par rapport à Lui, qu’il ne peut être une évidence démontrée par la raison alors qu’en même temps notre cœur peut ressentir sa présence. L’enfant déposé dans la mangeoire vient nous dire tout en douceur que nous ne pourrons jamais le saisir, le maîtriser. Il attend de nous que nous l’aimions et que nous venions auprès de Lui pour donner un sens à notre propre vie. Il nous convie à un cœur à cœur, un cœur humain à cœur divin car c’est au cœur de notre cœur que peut jaillir l’expérience de la foi. Il s’agit d’une espérance et d’une confiance en ce Dieu qui s’est fait l’un des nôtres pour que nous puissions à notre tour participer à sa vie divine. Et c’est peut-être à cet endroit précis que Noël opère un bouleversement, un renversement de nos concepts. Nous aurions pu nous attendre à un Dieu tout puissant de maîtrise et de domination, à un Dieu qui nous dicterait toutes nos conduites afin que nous atteignons un état de perfection. Mais c’est tout le contraire qui se passe. Dieu vient à nous tout petit, tout fragile. Il n’a pas encore l’usage de la parole. Il n’a que son regard d’enfant. Il nous tend les bras pour que nous le prenions dans les nôtres. En cette nuit de Noël, Dieu a choisi de mettre sa vie entre nos mains. Il nous fait confiance. A notre niveau, il peut parfois nous arriver de douter de son existence alors que Lui vient dans l’événement de l’incarnation, nous dire qu’il croit en nous. Oui, la merveille de Noël, c’est de pouvoir se dire que Dieu croit en chacun de nous quel que soit notre chemin, nos doutes, nos errances, nos fragilités. En s’incarnant, il tente le tout pour le tout et vient partager notre humanité avec ses tiraillements, avec ses contradictions, avec ses souffrances. Dieu croit en ce point en nous qu’il est devenu l’un de nous. Réjouissons-nous de pouvoir, à notre tour, croire en un tel Dieu qui croit en nous et par notre propre foi, répondons à cet appel d’amour de vivre notre vie par lui, avec lui et en lui, c’est-à-dire une vie illuminée de cet amour que nous pourrons alors nous offrir les uns les autres. Si c’est vraiment cela Noël, alors à chacune et chacun d’entre vous : un très Joyeux Noël. Amen
Noël
- Auteur: Philippe Cochinaux
- Date de rédaction: 24/12/16
- Année: 2016-2017, 2015-2016
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