Avouons-le, il y a un côté un peu paradoxal autour des fêtes de Noël.
D’un côté, nous pensons à nos proches, mais, dans certaines familles,
c’est parfois de la distance et de la solitude qui se crée.
Nous faisons des cadeaux, mais ceux-ci deviennent presque des obligations et perdent ainsi de leur gratuité…
D’un côté, il y a de l'émerveillement, de la douceur et un peu de magie…
Mais il y a aussi une frénésie qui agite notre société, qui sature les parkings de Liège et fait sauter les systèmes de paiement !
J’aime le mot de l’humoriste français Pierre Desproges, qui a cette expression caustique sur les fêtes de fin d’années. Il dit ceci : « Le nouvel an est l’occasion de festivités exactement semblables à celles de Noël, à ce détail près qu’il s’agit cette fois d’un rite païen… »
Toutefois, voici qu’à Noël retentit au fond de chacun et chacune de nous ce cri: « Un enfant nous est né ! » « Il y a quelque chose en toi qui est en train de naître. Ne le vois-tu pas ? »Voilà, sans aucun emballage, le cadeau de Dieu. Dieu se fait présent. Il se fait surprise. Il a foi en l’humain. Par le mystère de son incarnation, Dieu se fait présent à chacun et chacune d’entre nous et ouvre dans notre cœur une brèche, comme une crèche, où il vient reposer. Voilà la surprise, le cadeau de Dieu… Alors, ne dites pas « je l’ai déjà » ! Car c’est un cadeau toujours neuf, une invitation qui ne vieillit pas !
Parfois, nous renvoyons cet appel de Dieu à naître, loin de nous, dans la salle commune de nos attentes, de notre nostalgie où nous ne pouvons éclore, dans un passé révolu. Mais vivre Noël, c’est croire à un avenir nouveau, un heureux enfantement dans sa vie. A chacun de nous de découvrir ce lieu insoupçonné, cette mangeoire où nous pourrons nous nourrir à l’humanité de Dieu. Dieu se révèlera ainsi dans des dimensions de notre vie où nous ne l’attendons pas… dans une mangeoire et pas dans la salle commune… Ce mot grec est d’ailleurs utilisé deux fois chez Luc dans son évangile. Au début et à la fin. A la nativité et à Pâques. Comme la mangeoire de Noël où Dieu se donne, nous renvoyait déjà au repas pascal, où ce Dieu fragile et dépendant des hommes, donne sa vie pour eux par amour.
Noël prend ainsi tout son sens… à Pâques ! Et pour nous aussi, notre première naissance, biologique, n’a de sens que si elle amène dans notre propre vie de nouvelles naissances. Car il y a dans toute vie dss renaissances, des résurrections, qui nous mettent au monde, toutes ces fois où nous renaissons à nous-mêmes.
Vivre Noël, chaque année, chaque instant, c’est donc prendre le chemin de Dieu, chercher les moments qui nous remettent au monde.
Ces moments de grâce où nous nous renaissons, et nourrissons les autres. Lorsqu’une simple parole fait lever chez un proche un peu de lumière
sur les ténèbres d’une histoire difficile.
Lorsqu’un simple geste prodigue de la joie à un ami.
Lorsque un service tout simple porte un peu de tendresse.
Vivre ces renaissances, ces petits gestes —renaître à soi-même— c’est être comme Dieu, bien en chair, c’est être bien dans son corps et sa vie!
Vivre cette nativité, ce n’est pas célébrer un événement historique,
mais ouvrir un nouvel avenir dans sa vie.
Fêter ce Noël-là, c’est déjà se mettre sur le chemin de Pâques !
C’est se poser cette question de notre seconde naissance,
celle où nous avons à advenir à nous-mêmes, celle où nous pouvons naître en Dieu ?
Voilà ce que Noël nous invite à vivre pour nous-mêmes.
Pas un anniversaire de naissance, qui nous fait regarder vers notre passé, Mais une fête de renaissance, qui nous fait rajeunir,
une fête qui nous invite ainsi à mettre au monde l'enfant que nous sommes,
une fête qui nous pousse àporter Dieu au monde, ce Dieu fragile qui dans la mangeoire, vient restaurer l’humain. Amen.
A toutes et à tous, belle renaissance, et joyeux noël !