« Ils se mirent à parler dans d’autres langues ». Voilà un miracle qui ferait bien plaisir à beaucoup d’élèves en Wallonie et à Bruxelles : parler dans d’autres langues, et en particulier en néerlandais. Beaucoup d’entre nous ont souffert pour étudier le vocabulaire néerlandais et retenir les verbes irréguliers. Ah ! si la grâce du Saint-Esprit pouvait descendre sur chacun d’entre nous, il y aurait beaucoup moins de problèmes linguistiques en Belgique.
Mais la grâce de la Pentecôte est beaucoup plus riche et beaucoup plus belle que cela. Cette fête de la Pentecôte me fait penser à la catastrophe de la tour de Babel. Les hommes voulaient construire une tour qui irait jusqu’au ciel et brutalement voilà qu’ils ne se comprenaient plus. Ils ne parlaient plus la même langue. Car une langue, c’est beaucoup plus qu’un outil mécanique de communication. On le voit bien tous les jours. Il y a certains appareils qui traduisent mot à mot des phrases du français vers l’anglais, ou du néerlandais vers le français. Et parfois cela donne des phrases ridicules ou incompréhensibles. Pourquoi ? Tout simplement parce que les mots ne sont pas les mêmes d’une langue à une autre, surtout dans le domaine des sentiments : amour, tendresse, amitié. Ce n’est pas la même chose en français, en allemand, en russe ou en polonais. Ceux qui connaissent bien une langue étrangère se rendent compte que utiliser une langue étrangère, c’est entrer dans un autre monde, une autre façon de voir le monde, de le comprendre et de l’exprimer. Et c’est ce qui a dû se passer à la tour de Babel. Chacun voulait être le premier, le meilleur. Chacun voulait dépasser l’autre pour être au sommet. Et les gens ne se comprenaient plus parce qu’ils n’étaient plus capables de s’écouter, de communiquer. Et c’est là toute la différence avec la Pentecôte : le apôtres parlaient et tout le monde comprenait comme s’ils parlaient leur langue maternelle : « tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ». Cela veut dire que les apôtres disaient des choses tellement belles, tellement profondes que tous se sentaient concernés, émus, touchés. Les apôtres ne parlaient pas d’eux, ils parlaient de Dieu. Et c’est tout là le miracle de la Pentecôte. Par contre, la tour de Babel, c’est comme le péché originel : les hommes voulaient vivre sans Dieu, ils voulaient être Dieu. Et ce fut la guerre, la haine, la compétition. Alors, en cette fête de Pentecôte, nous nous reconnaissons tous comme des frères et des sœurs, appelés à partager la même histoire d’amour, sans concurrence, ni jalousie, dans le seul plaisir de prier et de servir ensemble le même Dieu. Alors nous ne parlerons plus qu’une seule langue, celle de l’amour de Dieu.