26ème dimanche du temps ordinaire (année C)

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 29/09/19
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2018-2019

Comment Jésus peut-il dire de telles choses ? Comment peut-il nous traiter de serviteurs quelconques ? Nous venons à la messe le dimanche.  Nous écoutons sa Parole.  Nous communions à son corps et à son sang, et nous faisons tout notre possible pour vivre en vrais chrétiens, honnêtes et loyaux.  Et voilà qu’il nous traite de serviteurs quelconques.  Comment peut-il dire cela non seulement à nous, mais aussi aux apôtres et aux disciples qui ont tout quitté, leur famille, leurs amis, leur pays, leur langue et leur culture, et qui sont morts, martyrs, loin de chez eux ? Eux aussi seraient des serviteurs quelconques ?

            Et pourtant, cela me fait penser à ce genre de scène que l’on connaît bien dans les familles et les communautés.  Depuis des semaines, des mois, des années, une mère de famille ne cesse de répéter à son grand garçon : « Gérard, range ta chambre, s’il te plaît ! » Mais rien à faire.  C’est le désordre permanent.  La mère est fatiguée de dire toujours la même chose et brutalement, on ne sait pas pourquoi, Gérard arrive un beau matin, tout rayonnant, et s’exclame : « j’ai rangé ma chambre ; tout est en ordre ».  Et c’est vrai, mais le problème, c’est que Gérard dit et répète toute la journée, tout fier de lui : « j’ai rangé ma chambre, cela m’a pris une heure entière ».  Et finalement, quand, pendant la soirée, Gérard répète pour la cinquième fois qu’il a rangé sa chambre, sa mère lui répond, un peu fatiguée : « mais, Gérard, c’est ce que je fais tous les jours, ranger la maison, le matin, le midi et le soir.  Toi, tu l’as fait une fois, c’est bien, mais c’est tous les jours qu’il faudrait que tu le fasses, le matin, le midi et le soir ».  Et c’est un peu ce qui se passe avec Jésus.  Tout fier, on lui annonce qu’on a fait un effort avec celui-ci ou celle-là, et que cela n’a pas été facile, mais on y est arrivé, du moins on le croit, mais après cela on regarde Jésus sur la croix.  Lui, le Fils de Dieu, c’est depuis le commencement de l’histoire du monde qu’il fait des efforts avec nous et qu’il nous pardonne, et même qu’il donne sa vie pour chacun d’entre nous.  Oui, ce que nous avons fait est énorme, mais ce n’est pas grand-chose en comparaison de ce que Jésus a fait et fait tous les jours pour chacun d’entre nous. 

            Et parfois même, nous poussons parfois l’inconscience et l’ingratitude à nous demander à quoi ça sert d’être croyant, ou même nous nous demandons quelle place Jésus occupe dans notre vie.  C’est comme si on demandait à sa mère ce qu’elle a fait pour nous.  Mais elle nous a donné la vie ! Elle a veillé sur nous quand nous étions petits et quand nous étions malades, et elle a toujours prié pour que nous soyons heureux.  Et le Christ nous a créés, il nous porte sur ses deux mains à travers les difficultés de la vie, il nous donne aujourd’hui et maintenant sa Parole et son Corps, et nous nous demandons à quoi ça sert, si c’est utile, alors qu’on devrait avoir une attitude toute différente, celle de l’étonnement et de l’admiration, comme l’a fait saint François tout au long de sa vie. 

            Vendredi dernier, nous avons fêté saint François d’Assise.  Tous les jours, il découvrait la beauté de Dieu non seulement dans les arbres et les oiseaux, mais aussi dans des éléments aussi simples que l’eau, le vent et la terre.  Mais il admirait encore plus Dieu pour tout ce qu’Il avait fait et fait aujourd’hui pour nous.  Et c’est là sans doute une attitude de vérité et d’intelligence : reconnaître tout ce que nous devons à Dieu, et surtout le remercier pour toutes les merveilles qu’il accomplit dans notre vie.  Alors notre vie sera pleine de joie et de bonheur parce que nous connaissons quelqu’un qui nous aime tellement et qui fait tant de belles choses pour nous.  Comment ne pas souhaiter que tout le monde puisse avoir cette même chance et ce même bonheur ?