Chers frères et sœurs, La résurrection pour la vie éternelle: on serait prêt à mourir pour moins que ça. Sans hésitation les sept frères du deuxième livre des martyrs d’Israël, aussi appelés Maccabées, préfèrent être torturés jusqu’à la mort plutôt que de manger du porc, ils préfèrent être torturés jusqu’à la mort à une transgression de la Loi divine. Chacun d’entre eux donne la même motivation : ils ne le font pas parce que leur mère leur a dit de le faire, mais parce qu’ils croient pleinement à la résurrection de la mort. Et cette foi n’a rien à faire avec la réincarnation, une espèce de renaissance à une deuxième vie – tout aussi éphémère -, mais avec la résurrection pour la vie éternelle auprès de Dieu, Créateur et Porteur de tout.
Les livres des Maccabées nous racontent l’histoire de ces Juifs qui, environ deux-cents ans avant le Christ, refusaient de renoncer à leur indépendance nationale-religieuse et refusaient de permettre une hellénisation extrême d’Israël. La résurrection pour la vie éternelle faisait partie de l’enjeu de cette lutte. Certains juifs, les « Lumières » de leur époque, considéraient cette idée – sous l’influence de la philosophie grecque – comme une croyance populaire ; pour les Maccabées par contre cette idée, cette perspective de la vie éternelle, était littéralement une affaire de vie ou de mort. A l’époque de Jésus, à peu près deux siècles après les guerres des Maccabées, cette discussion continuait encore. Le passage de l’Evangile que nous venons d’entendre en témoigne. Les personnes qui posent la question dans cette histoire sont des Sadducéens, membres d’un parti aristocratique qui avait le Temple à Jérusalem comme bastion de pouvoir, et qui étaient bien disposés envers les Romains. Cependant, ils ne croyaient pas à la résurrection des morts. En confrontant Jésus avec une énigme, ils essayent de le convaincre de l’absurdité de cette résurrection, et ils essayent – comme les notables respectés et aisés qu’ils sont – d’humilier ce simple Nazaréen devant sa propre audience. Mais la réponse de Jésus embarrasse les Sadducéens. « Le Seigneur est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Or il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui. » Ceux qui sont purifiés et justifiés, sont rassemblés par Dieu pour prendre part à la vie de Lui-même. Nous sommes tous invités à prendre part à cette communion de vie et d’amour du Dieu trinitaire, à la vie d’amour divine, une vie qui par nature et par définition est éternelle. Cependant, cette vie éternelle est beaucoup plus qu’une perspective d’un avenir lointain. Notre vie éternelle commence déjà ici et maintenant, parce qu’elle s’est levée comme un jour nouveau dans le Christ, mort et ressuscité pour nous ! Le Fils de Dieu est le premier qui est ressuscité de la mort, « le premier-né d’entre les morts ». Il a brisé les chaînes de la mort, il a frayé le chemin, le chemin à cette vie en plénitude, cette vie éternelle. Et il nous invite à prendre ce même chemin. Il nous invite à prendre ce chemin qu’il est Lui-même. Je vois certains d’entre vous déjà haleter en perspective d’un long chemin. Soyez sans crainte : sur la route il y a plein de haltes où nous pouvons nous reposer, où nous pouvons avoir une rétrospective du chemin déjà accompli, et où nous pouvons prendre des forces pour cette partie du chemin que nous devons encore faire. Ces lieux de repos sont les sacrements. A chaque fois que nous participons à la vie sacramentelle de l’Eglise, aux signes de la présence de Dieu auprès de son peuple, nous goûtons à la vie éternelle, annoncée dans le Christ. Dans le baptême, dans l’onction des malades, dans le sacrement de la réconciliation… et encore le plus dans l’Eucharistie – comme nous la célébrerons tantôt – l’Eucharistie, la source et le sommet de la vie chrétienne. Par les sacrements Jésus nous relève, et il nous invite à participer à cette vie éternelle d’amour, qu’il partage avec le Père et l’Esprit Saint. Demandons dans cette célébration que le Seigneur vienne renforcer notre foi dans la résurrection pour la vie éternelle, et qu’il fasse croître en nous le désir de ses sacrements, spécialement l’Eucharistie. Car « le corps et le sang du Christ nous gardent pour la vie éternelle. » Amen.