Epiphanie du Seigneur

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 5/01/20
Temps liturgique: Temps de Noël
Année liturgique : A
Année: 2019-2020
Textes : Lectures de l'Epiphanie (année A)

Pauvre Marie ! On ne la laisse pas tranquille ! Elle est là, tout épuisée par l’accouchement et voilà que c’est un vrai défilé de bergers et de mages chez elle, enfin dans son étable.  Et il y a de tout, des bergers et des mages, des pauvres et des riches, avec chacun ses centres d’intérêt.

Les bergers, tout d’abord.   Oh ! Ils n’ont pas bonne réputation.  Ce sont des rôdeurs.  Ils sont là toute la nuit, dehors, en train de parcourir la campagne.  Quand on apprend qu’ils sont dans le coin, on met les poules à l’abri et on interdit aux enfants de sortir.  On ne sait jamais.  D’ailleurs, quand Jésus les a vus arriver dans l’étable, il a vite mis la main dans sa poche de peur qu’ils ne viennent le voler.  Mais ils sont arrivés, tout penauds, maladroits, et ils ont commencé à demander : « ayu c’qu’il est, le poillon ? », « où est-il, le petit ? », car ils n’ont pas été à l’école, alors ils parlaient le dialecte.  Et Marie, bien poliment, les a accueillis.  Elle aurait bien aimé leur offrir une tasse de quelque chose avec une galette, mais elle n’avait rien sous la main, mais les bergers ont retenu son accueil.  Eux, quand on les voit, on se détourne, on court vite à la maison et on ferme les volets.  Marie, elle, les a accueillis bien gentiment et maintenant chaque fois que ces bergers rencontreront une mère de famille, ils feront attention à ne pas l’effrayer et à l’aider, s’il le faut, à porter son seau d’eau ou ses paquets.

Avec les mages, c’est tout autre chose.  Ils arrivent, parfumés, enturbannés, couverts de riches vêtements amples et confortables, et ils demandent, poliment : « pardon, madame, c’est bien ici qu’habite le nouveau roi ? » Joseph était tout embêté.  Il s’est levé, il a tenu son béret à la main et il leur a parlé en penchant la tête par respect.  Et voilà que ces princes apportent de petites boites pleines de choses étonnantes : de l’or, de la myrrhe et de l’encens.  Joseph ne savait pas où les mettre.  Il n’y avait pas d’armoire dans l’étable.  Et c’est là toute la différence.  Les bergers n’ont rien pris apporté, ils n’ont rien volé, mais ils sont partis avec le sourire de Marie.  Les mages, eux, ont apporté de petits trésors et pourtant ils sont partis avec un autre trésor, bien plus grand, celui d’un petit bébé dans la crèche.  Et eux, quand ils seront chez eux, ils feront attention aux petits enfants, même quand ce sont des étrangers.  Car, oui, eux, les mages habitent en Mésopotamie et ils ont découvert la richesse et la beauté d’un petit bébé en Judée.

Et c’est la même chose pour chacun d’entre nous.  Nous arrivons, chacun d’un coin différent, une belle maison ou un petit appartement.  Nous apportons avec les mains vides ou avec de riches trésors, mais nous repartons tous avec une image différente du même Dieu, ou bien le sourire de l’accueil, ou bien la beauté d’une vie nouvelle.  Et, grâce à cela, nous ne regardons plus les autres de la même façon parce que nous avons découvert que la lumière de Dieu est dans les yeux de tous nos voisins.