Présentation du Seigneur au Temple (année A)

Auteur: Anton Milh
Date de rédaction: 2/02/20
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2019-2020

Textes : Présentation du Seigneur au Temple (année A)

 

Chers frères et sœurs,

Sans doute, plusieurs d’entre vous ont déjà fait l’expérience d’une première visite à la famille de votre petit copain ou copine. Moi aussi, avant mon entrée, bien entendu. Comment se prépare-t-on à une telle visite ? On va acheter une bouteille de vin ou de bière pour le papa, une boîte de pralines pour la maman ; à l’avance on regarde des photos de famille et on essaye de mémoriser déjà les noms de tous les frères, sœurs, chats, chiens et perroquets ; on prépare des réponses à des questions qui peuvent être posées (quel travail font tes parents ? comment ça va à l’école ?)… Bref, on fait tout pour donner une bonne première impression, une bonne première « présentation », on pourrait dire.

A sa première présentation, Jésus ne fait rien pour donner une bonne première impression. Et si les premières phrases de Syméon étaient encore rassurantes pour Saint Joseph et la Sainte Vierge, les dernières le sont beaucoup moins : « votre fils doit être un signe en butte à la contradiction. » Jésus n’est pas venu pour donner une bonne impression, il n’est pas venu pour plaire à ce monde. Il sera signe de contradiction. Signe de contradiction, pas seulement dans son temps, mais aussi dans le nôtre.

Pourquoi ? Jésus veut entrer dans nos sanctuaires. Il veut entrer dans le sanctuaire de notre société. Il ne veut pas être écarté des débats politiques, sociaux, culturels… de notre temps. Mais, il veut aussi entrer dans notre sanctuaire personnel, c’est-à-dire en nous, dans notre corps et notre cœur. L’homme a été créé pour être Temple de Dieu. Jésus veut que nous devenions ce Temple, que nous le soyons. Et cela provoque toute sorte de réactions. Tensions. Peurs. Colères. On ne veut pas le laisser entrer car, qui sait, peut-être commencera-t-il à chasser tous nos marchands intérieurs. Tous nos petits diables qu’on n’aime pas trop, mais auxquels nous nous sommes – au fur et à mesure – habitués et qui sont devenus assez confortables ou pas trop inconfortables pour vivre.

Jésus veut entrer dans le Temple, notre Temple, il nous est présenté aujourd’hui. Et comme le dit le prophète Malachie : « Qui soutiendra le jour de son arrivée? Qui restera droit quand il apparaîtra ? Car il est comme le feu du fondeur et comme la lessive des blanchisseurs. » Jésus comme la poudre Dash ou le Dreft de notre vie personnelle, relationnelle et communautaire. Osons-nous lui donner la place qu’Il demande, qu’Il réclame comme son droit de premier-né ? Ou est-ce que nous la lui refusons ?

Aujourd’hui je ne veux explicitement pas seulement parler de batailles de conscience, dans les profondeurs de notre âme, sans grandes conséquences pour notre vie sociale. Aujourd’hui je veux aussi parler de ce qui passe autour de nous. De Dieu le Père, qui est nié dans les débats sur la redéfinition des familles. De Dieu l’Esprit Créateur, qui est nié ou plutôt ridiculisé dans les débats sur la vie, de sa conception jusqu’à sa fin ici sur terre, comme encore ces derniers jours pendant un procès en Flandre. De Dieu le Fils, pauvre et itinérant, qui se présente à nous dans les migrants et les mendiants qui frappent à notre porte, mais auxquels on refuse l’accès.

Certains d’entre vous pourraient dire que, là, je prêche trop politiquement. Peut-être. Mais ne pensons surtout pas que Dieu se désintéresse de toutes ces discussions et évolutions dans notre société. Comme nous l’avons entendu dans l’épître aux Hébreux : « Ce n’est certes pas des anges qu’il se charge, mais c’est de la descendance d’Abraham » - c’est-à-dire : nous ! « En conséquence, il a dû devenir en tout semblable à ses frères », Il a dû devenir homme. Dieu est devenu homme parce qu’il ne se désintéresse pas de notre vie, ni personnelle, ni relationnelle, ni sociétale. Il veut y être présent… et Il se présente. Il se présente, à nous, chaque jour. Il se présente à nous, aujourd’hui, comme il y a deux mille ans dans le Temple. Il frappe à notre porte. N’ayons pas peur, frères et sœurs, de lui donner la place qui lui convient. Faisons cela encore ce soir, en commençant par la communion à son corps et son sang, donnés pour nous, présentés au Temple que nous sommes. Amen.