Voici encore une parabole, comme le dernier dimanche, la série continue ! Les deux dernières sont particulièrement savoureuses! Elles sont les plus connues, ou en tout cas, elles portent chacune un nom qui restent bien dans nos souvenirs même lorsque nous les avons déjà oubliés! Un débiteur impitoyable, ou encore, les ouvriers de la 11è heure (ou encore le ouvriers de la dernière heure) ! Mais comme toutes les paraboles, elles nous portent loin, vers la découverte ou mieux encore, une certaine connaissance de notre Dieu, ce Dieu qui est bien plus grand que note coeur, et bien au-delà de nos pensées!
Nous sommes en Palestine au premier siècle. C’est la saison des vendanges. Le propriétaire de la vigne prend les ouvriers où et quand il les trouve. Ainsi les gens arrivent à toutes les heures de la journée. Un contrat est signé avec les premiers. Les suivants sont envoyés au travail avec tout juste la garantie d’un salaire juste. Avec les derniers, un dialogue s’enclenche avant de les recruter sans qu’il ne soit question un seul instant de salaire! Le coup de théâtre intervient au moment du règlement des salaires! Une énorme surprise!Le maître de la vigne, décide de payer les derniers ouvriers en premier lieu, et sans tenir compte nullement de la durée de travail. Il donne à chacun le même salaire. C’est une véritable provocation. Ce n’est pas juste! Que veut nous dire Jésus ?
Par cette parabole, Jésus ne veut pas parler de la justice sociale et des conventions collectives; même si cela ne veut pas dire qu’il n’en à rien à faire! Personne ne peut se permettre d’aller dire à n’importe quelle entreprise que les ouvriers de la dernière heure gagent autant que les autres qui ont sué toute la journée courbés entre les vignes, et là! La réaction à juste titre des syndicats sera immédiate. On comprend qu’il ne s’agit pas de remettre en question ce principe de justice distributive ni de laisser les patrons d’entreprise considérer les travailleurs comme de simples « unité de production ».Ces ouvriers ne sont-ils pas des chercheurs de Dieu dont parlait déjà le Prophète Isaïe? Celui qui chercher a souvent besoin du temps parfois long ! Voilà pourquoi ils arrivent chacun à son heure, et parfois le plus tard possible! Et Dieu fait preuve d’une grande patience à l’heure de chacun.
Mais s’il est une certitude qui devrait habiter le coeur du chrétien, c’est cette confiance indéfectible en l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants, même le petit, même le plus méprisé, même le plus avili. Oui, Dieu veut rassembler tous ses enfants dispersés, il ne se résoudra jamais à ce que des hommes manquent à l’appel et restent égarés loin de lui. Pour cela il déploie une miséricorde infinie, et il accueille chacun à bras ouverts, quelle que soit l’heure de sa venue. Pourquoi ceux qui n’ont pas encore eu la grâce de le connaître devraient-ils en plus être moins bien traités? L’espérance de Dieu est que ceux qui jouissent déjà de sa présence s’attellent avec lui à la diffusion de la Bonne Nouvelle.
Cette parabole est donc une image pour nous parler de la justice et le projet de Dieu pour l’humanité, lui ce maître qui embauche à toute heure et qui rétribue tous de la même manière. Il nous parle aussi du comportement de chacun de nous vis-à-vis de Dieu. On peut considérer qu’on a des droit sur Dieu, parce qu’est chrétien fidèle de longues dates, parce que alors, Dieu nous doit bien ça! Et là alors, on rejoint à notre tours les pharisiens qui considéraient qu’ils étaient justes et qui ne comprenaient pas que Jésus se déclare venant de Dieu et s’intéresse aux pécheurs. En renversant tout cela, Jésus veut nous faire découvrir autre chose. Ce n’est pas parce qu’on est les meilleurs que Dieu nous aime. Dieu nous aime avant tout cela! Il donne tout son amour à chacun gratuitement, sans tenir compte de nos mérites. Avec lui, tout est don gratuit, tout est grâce!
Pouvons-nous découper en petits morceaux l’amour de Dieu, le mettre en pourcentage afin de donner un peu plus aux « ayants-droit »(les ouvriers de la prière heure)? Cela devient la mesquinerie et tend à prouver qu’on a rien compris. En quoi cela nous gêne-t-il que Dieu aime nos voisins autant que nous, s’il donne tout son amour à chacun? Pour celui qui a fait l’expérience d’être aimé pour lui-même, il n’est plus question de droit. Si nous restons dans cette logique des droits que nous aurions sur Dieu, alors nous aurons l’impression d’être des premiers qui sont devenus derniers.
« Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon? » quel est ce « mauvais oeil » dont parle Jésus, ce regard qui défigure, qui suspecte, qui salit même les meilleures intentions? Et surtout ce regard qui jalouse, qui envie…Nous le savons, bien des fois nous avons porté sur autrui cet oeil malveillant, qui remplit l’atmosphère de méchanceté.
« Pourtant, « le Siracide » le dit bien(14,8-9): « il est vil, celui qui a l’oeil envieux, qui détourne son regard et méprise les gens (…)une avidité malsaine dessèche l’âme.» Ainsi le jaloux, l’envieux, avant même d’atteindre l’autre, s’atteint surtout lui-même. C’est bien contre cela que nous avertit Jésus aujourd’hui: portons sur les autres, sur la vie, un regard lumineux, un oeil bienveillant: nous en serons illuminés nous-mêmes et par là, bien heureux!