Quelle merveille ! Dieu
nous connaît depuis toujours. Nous ne sommes pas comme des grains de sable au bord de la plage de l’histoire, balayés par les vagues indifférentes du destin. Nous existons et Dieu connaît chacun d’entre nous par notre nom. Il a même notre nom gravé sur sa main : « vois, j’ai écrit ton nom sur la paume de ma main » (Isaïe 49, 16). C’est quoi la paume de la main ? C’est la partie qui est protégée par les intempéries. Quand il pleut, quand il gèle, c’est le dos de la main qui souffre. Le creux de la main est à l’abri de la pluie et du gel. Et c’est là que notre nom est inscrit, bien protégé. C’est aussi la partie la plus douce : c’est avec la paume de la main que l’on caresse et que l’on câline ceux qu’on aime. Dieu connaît chacun d’entre nous, non pas comme un fonctionnaire connaît le nom de certains administrés. Leurs noms sont inscrits dans un registre ou dans un dossier, et tout cela est bien enfermé dans une armoire. On peut l’oublier. On n’oublie pas ce qui est écrit dans le creux de la main. C’est pour cela qu’on écrit vite dans le creux de la main le numéro de téléphone qu’on ne doit pas oublier. Dieu ne peut pas nous oublier.
Et ce qui est plus beau encore, c’est qu’il nous connaît depuis toujours, avant même notre naissance. Cela veut dire qu’on n’est pas venu sur terre par accident, mais parce que Dieu le savait et qu’il le voulait. Notre vie a un sens, c’est-à-dire que nous n’avons pas été lancés par hasard dans l’univers, tout seuls, perdus au milieu d’une foule indifférente, mais que Dieu a pensé à nous avant notre naissance et qu’il veille à chaque instant sur nous.
Même notre naissance n’est pas le fruit d’un développement inattendu de petites cellules froides et sans amour. Dieu nous a formés, il nous a façonnés. C’est ce que nous dit le livre de la Genèse (2, 7) : le Seigneur a pris de la terre et, de ses deux mains, il a façonné le corps de l’homme comme un artiste ou un potier façonne de ses deux mains un vase d’argile. Il y a mis tout son cœur et tout son art. Nous portons encore les traces de ses doigts sur notre corps, dans notre cœur, parce que ses mains nous ont façonnés. Comment voulez-vous qu’un artiste déteste ce qu’il a fait de ses mains ? Cela lui a pris du temps. Cela lui a demandé une grande attention. Et quand il a fini, il regarde son œuvre avec amour et satisfaction. Ce vase-là n’est pas n’importe quel vase. C’est le vase que, lui, il a fait. Et chacun d’entre nous a été façonné par les mains de Dieu dès le sein de notre mère. Nous sommes précieux pour notre créateur.
C’est ce que le Seigneur a voulu dire à Jérémie qui était triste et désespéré. Dieu a voulu lui dire qu’il n’était pas seul, même si les temps sont difficiles et que les gens sont parfois méchants. De ses deux mains, Dieu nous porte à travers les tempêtes de la vie. Il pose la main sur notre tête pour nous protéger de la pluie. Il nous donne la main pour que nous puissions continuer à marcher. Il nous tend la main pour que nous puissions nous relever quand nous sommes tombés et que nous pleurons.
Redécouvrons la beauté de l’amour de Dieu qui depuis toujours a pensé à nous et qui maintenant encore pense à nous puisqu’il se donne tout entier dans l’eucharistie, avec son corps et son sang.