C’est la panique ! Bientôt, Jésus ira à Jérusalem. Ce sera son dernier voyage, car ce sera bientôt l’arrestation, la condamnation à mort et la crucifixion. Et Jésus est inquiet non seulement parce qu’il va mourir, mais aussi parce qu’il sait que les apôtres n’ont pas encore compris qui il est vraiment. Eux, ses disciples, sont éblouis par ses miracles. Mais Jésus n’est pas seulement un magicien qui vient guérir les gens. Certains de ses disciples attendent et espèrent que, quand lui, Jésus, il aura gagné, eux ils auront une belle place, une belle vie. Mais ce n’est pas pour cela que lui, Jésus, il est venu sur terre, au milieu des hommes. Alors que fait-il ? Il veut leur montrer qu’il est bien plus qu’un guérisseur ou un beau parleur. Il est le Fils de Dieu. Et cela aussi cela peut nous remuer.
On pense beaucoup à Jésus, à ce qu’il nous fait, à ce qu’il peut nous apporter, mais on oublie parfois qu’il est avant tout le Fils de Dieu. Ce n’est pas avec nous qu’il vit d’abord. C’est avec son Père. On est parfois comme des enfants devant leur mère ou leur père. On attend que Jésus nous donne tout, qu’il oublie qu’il a une autre vie. Mais c’est parce que Jésus est avec son Père qu’il peut nous donner tout son amour. C’est comme une femme ou un homme, c’est parce qu’ils sont en couple que ces deux adultes peuvent devenir de bons parents. Ils sont portés par l’amour de leur conjoint pour pouvoir éduquer leurs enfants et parfois accepter ce qui est insupportable.
Il faut parfois laisser de la place aux autres pour qu’ils nous aiment convenablement. Il y a un proverbe irlandais qui dit qu’une femme ne quitte jamais un homme qui la laisse libre d’agir. Et c’est vrai : à force de tenir et d’accaparer son conjoint, on l’étouffe et on le réduit à un objet. Bref, il s’en va. Il en est de même pour Jésus.
Qu’est-ce que Dieu le Père dit pendant la transfiguration ? « Celui-ci est mon fils bien-aimé. Ecoutez-le ! ». Ce n’est pas seulement un ordre qu’il nous donne, c’est aussi une façon de dire qu’il est fier de lui, de son Fils. C’est comme dans un couple quand on pose une question à l’un, ce ne doit pas être toujours le même qui doit répondre. L’un et l’autre au contraire peuvent se compléter dans leur réponse. On a le droit d’être émerveillé par ce que l’autre dit. Et c’est ce que le Père éprouve quand il écoute le Fils : cela mérite d’être écouté par tous les hommes.
Mais, quand Jésus vient sur terre, il est là pour parler de son Père, mais il est aussi tout attentif aux personnes qu’il rencontre : la Samaritaine, Marie-Madeleine et chacun des apôtres. Il en est de même pour nous : quand un médecin ou une infirmière est à l’hôpital, ils sont tout entiers engagés dans la rencontre avec le malade. Et, s’ils ont la chance de vivre une belle vie de couple, ils seront d’autant plus attentifs à la souffrance du malade. Autrement, ils risqueraient d’être trop préoccupés par leurs problèmes pour s’intéresser à la personne qu’ils rencontrent. Il en était de même pour Mère Teresa, Sœur Emmanuelle ou le Père Damien. Ils étaient tellement riches de l’amour reçu dans la prière qu’ils pouvaient rencontrer les mourants de Calcutta, les chiffonniers du Caire ou les lépreux de Molokai, comme d’ailleurs le Christ était tellement porté par l’amour de son Père qu’il pouvait supporter les rebuffades des pharisiens, le rejet des habitants de son propre village, Nazareth, et finalement les crachats des habitants de Jérusalem alors qu’il portait sa croix.
La fête de la Transfiguration d’aujourd’hui, c’est la révélation de la richesse infinie de chacun d’entre nous, avec notre histoire, et surtout avec l’amour que nous avons reçu. Et quand le Christ vient parmi nous sous les saintes espèces, il est encore une fois comme porté et transporté par l’amour de son Père. Il est la preuve que seuls nous ne sommes rien, mais que grâce à l’amour que Dieu nous donne nous sommes toujours resplendissants et rayonnants.