Jésus ressuscité est monté au ciel. Qu’est-ce que cela veut dire pour nous aujourd’hui ? Tout d’abord, que Jésus est un vrai, un bon pédagogue. Une fois ressuscité, Il ne s’est pas précipité au ciel pour rejoindre son Père. Il est apparu en premier lieu à Marie-Madeleine et aux autres femmes venues au tombeau le jour de Pâques. Il est ensuite apparu à Pierre, aux apôtres et à différents disciples, dont ceux d’Emmaüs. C’est à ceux qu’il a voulu tout d’abord apparaître parce qu’ils étaient capables d’entrevoir le mystère de la résurrection. Ce n’était pas évident de croire en Jésus ressuscité. Certains disciples auraient pu croire rencontrer un fantôme. C’est ce qui s’était passé avec Thomas. Il n’a pas voulu croire en la résurrection du Christ. Il a voulu mettre son doigt dans les plaies du Ressuscité pour reconnaître ce miracle de la vie. Seuls ceux qui avaient connu Jésus depuis le début, c’est-à-dire depuis le baptême, pouvaient avoir l’esprit préparé pour recevoir cette nouvelle réalité : Jésus est vraiment ressuscité. Les disciples d’Emmaüs eux aussi eurent besoin d’une longue explication donnée par leur compagnon de voyage. Et c’est finalement grâce au partage du pain eucharistique que leurs yeux se sont ouverts.
Il y a donc eu une période spéciale durant laquelle Jésus ressuscité est apparu. Et ce complément d’informations ou de formation a permis aux apôtres d’être heureux quand le Christ est monté au ciel. Oui, les apôtres étaient heureux. C’est ce qui est écrit dans l’évangile d’aujourd’hui : « ils étaient remplis de joie ». Ils étaient heureux parce qu’ils savaient que le Christ n’était pas à eux. Ce n’était pas quelque chose ou quelqu’un qui leur appartenait, comme une poupée ou un totem qui resterait auprès d’eux. Ils savaient que Jésus avait sa vie et que sa vie était auprès de son Père. C’est comme nous ici, aujourd’hui, dans cette église. Notre prière ne s’arrête pas à l’autel, ni à la croix parce que c’est à l’autel que le prêtre, au nom du Christ, rassemble notre prière et la porte vers le Père. Il en est de même pour notre vie amoureuse. Notre vie ne s’arrête pas à notre conjoint, à nos amis, ou à notre communauté. Elle s’ouvre et elle s’élève vers le Père qui est la source de vie et de l’amour.
Et c’est sans doute cela qui a rendu les apôtres pleins de joie. Ils savaient que leur existence était tout entière ouverte sur une aventure sans fin, celle d’un amour qui dépasse les limites de notre vie sur terre. Dieu nous aime pour l’éternité et nous ouvre sur une immense fraternité, celle du ciel et celle de la terre. C’est sans doute la raison pour laquelle les apôtres ne sont pas partis tout seuls pleurer dans leur coin parce que Jésus était monté au ciel et qu’ils se sentaient abandonnés. Ils sont bien au contraire restés unis dans la prière. Regardez dans l’évangile d’aujourd’hui : il est bien écrit qu’ils « étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu ». Et, par la suite, comme vous le savez, ils s’installeront provisoirement au Cénacle, dans une salle à l’étage, avec Marie. Et là ils continueront à prier ensemble, avant de recevoir l’Esprit saint et de s’élancer dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Nous aussi, nous sommes appelés à ne pas désespérer : la guerre fait rage en Ukraine, les église sont vides et les couvents sont vieux, mais nous savons, comme les apôtres, que le Christ, s’il est parti au ciel, reste bien présents dans notre vie par sa Parole et par son Eucharistie. Nous sommes appelés à une vie plus belle que celle de la guerre ou des mauvaises nouvelles. En voyant le prêtre changer le pain et le vin, nous demanderons à Dieu de transformer notre vie en un chant d’amour pour sa tendresse et son amitié. Alors nous pourrons, comme Marie et les apôtres, être prêts à recevoir le don de l’Esprit le jour de la Pentecôte.