11e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2011-2012

Lorsque j'étais encore innocent,...  Oui, oui, je l'ai moi aussi été mais c'était il y a très, très longtemps.  Donc, je reprends : lorsque j'étais encore innocent, j'ai appris que la vie humaine commençait par une petite graine.  Or, près de là où nous habitions, il y a avait un magasin de graines.  J'ai immédiatement fait le lien suivant : dans ce magasin, il y a certaines graines que seuls les papas peuvent acheter pour les donner à la maman.  Maintenant, j'ai grandi et je sais que les mamans peuvent aussi les acheter.  Tout commence donc par une histoire de graine.  Et la plus petite d'entre elles deviendra cet arbre où « les oiseaux du ciel peuvent y venir faire leur nid à son ombre ». 

Elle est belle cette parabole proposée par le Christ car elle est tellement proche de ce qu'est la vie humaine.  A notre tour de devenir chacune et chacun des arbres.  Dans la foi, une graine a été déposée dans notre c½ur.  C'est à cet  endroit précis que commence la vie.  Tout être humain s'enracine dans son c½ur.  L'arbre que nous sommes appelés à devenir se nourrit de l'amour qui est notre sève.  Nous ne pouvons pas nous en passer.  Elle est d'ordre vitale et coule en nous.  Au contact du soleil de l'espérance et de la pluie de la tendresse, nous nous mettons à grandir, à croître.  Non pas de manière rectiligne mais à partir des différentes expériences heureuses et plus difficiles que nous traversons.  Toujours à l'image d'un tronc d'arbre qui lui aussi est marqué par des n½uds, des trous, l'histoire des années.  Au fil des ans, nous avançons à tâtons et nos branches se lèvent vers le ciel.  Notre croissance jamais ne s'arrête et nous espérons que nous poursuivrons cette aventure dans cet ailleurs promis.  Quand nous regardons en arrière, nous découvrons que nous sommes partis de rien.  Nous étions comme une petite graine de moutarde.  Puis il y a eu toutes les attentions, tous les gestes d'amour et de tendresse qui font de nous ce que nous sommes devenus.  Quand nous regardons le présent, nous voyons là où nous en sommes sur notre chemin de vie.  Nous prenons conscience que ce n'est jamais seuls que nous grandissons.  Nous avons besoin d'autres pour croître en humanité.  Nous apprivoisons les dons, les qualités mais également l'ensemble des limites qui nous constituent.  Tout est là, en nous, pour renforcer le tronc que nous devenons.  Puis lorsque nous regardons le futur, nous découvrons tout l'espace en nous qu'il nous est encore et toujours possible de parcourir.  Notre seule limite de croissance est notre Ciel.  Jamais nous n'arrêterons.  Et il est bon de sentir que de temps à autre, certains viendront pour un temps y faire leur nid à notre ombre.  Lorsque nous avons cette chance de devenir ainsi soutien pour nos proches, puissions-nous ne jamais oublier que si nous en sommes là aujourd'hui, c'est parce qu'à différents moments de nos vies, nous avons pu également poser notre nid dans d'autres branches.  C'est tout simplement ainsi que se vit le règne de Dieu.  Il ne s'agit pas de grandes déclarations, d'½uvres exceptionnelles à réaliser.  Il s'agit d'abord de pouvoir enraciner sa vie en nous.  Pourquoi ?  Sans doute parce que, comme tout comme les arbres, nous devenons des poumons donnant de l'air à notre humanité.  Et cet air que nous offrons peut être plus vivifiant encore lorsque nous nous enracinons dans les eaux de notre baptême.  A ce moment-là, notre foi devient cette sève qui coule en nous et qui nous donne de nouvelles forces pour vivre la vie.  L'Esprit Saint est en nous.  Il est notre nourriture céleste.  Il est cette force puissante qui nous fait participer à notre propre moisson.  L'Esprit de Dieu n'est pas extérieur à nous.  Il est au c½ur de notre c½ur.  Il nous soutient dans les moments plus difficiles.  Il nous fait naître autrement à la vie.  La graine de la foi a été posée en chaque être humain.  Il suffit de partir à sa rencontre dans un repli de notre c½ur et de la laisser advenir.  Cette graine croît au rythme du temps que nous prenons pour elle.  Elle ne dessèche jamais.  Il suffit d'un instant d'attention pour qu'elle reprenne vie en nous.  Et lorsque nous faisons un avec elle, notre arbre devient ce chêne de confiance où nous offrons à l'humanité entière le goût mais cette fois le goût de l'air de Dieu pour l'éternité.
Amen.