12e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005
19 juin 2005
  12e dimanche ordinaire (année A) : tu es précieux aux yeux de Dieu
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Mt 10, 26-33

Toutes et tous, du moins je l'espère, ont dans leurs vies des gens précieux à leurs yeux. Alors ce soir, permettez-moi de vous parler de l'un d'eux. Dans mes relations, il fait partie de ceux que j'appelle mes amis. Il n'est sans doute pas très différent des vôtres. Cet ami occupe pourtant une grande place, non pas dans mon agenda, mais dans mon c½ur. J'apprécie chez lui non seulement son sens de l'humour, sa sensibilité mais également sa recherche constante de vérité. Un de mes grands moments de bonheur est de prendre du temps avec lui quoique nous puissions faire. Avec lui, je peux être pleinement moi-même. Je n'ai pas besoin de faire attention à mes paroles, à mes gestes. Je sais qu'il me comprend. Il suffit même parfois d'un simple regard et tout est dit. Dans cette amitié, il y a eu, à un moment donné, une forme d'alchimie qui fait que nos chemins se sont croisés. Grâce à lui, j'ai l'impression de grandir et d'avancer dans la vie. Et si parfois de temps longs nous séparent, ce n'est pas grave car il suffit d'une nouvelle rencontre pour que tout redémarre comme si nous nous étions vus la veille. Tel est le sens de l'amitié.

Tout être humain que nous soyons, nous avons besoin d'aimer et d'être aimés. Nous ne pouvons pas vivre sans relation. Ce sont ces dernières qui font la beauté de nos existences. Nous les recherchons, nous les chérissons car nous aimons cette proximité, cette quête constante de réciprocité. L'autre, être aimé d'amour ou d'amitié, fait partie de ces gens qui donnent sens à nos vies et ce, de par leur simple présence. Il s'agit d'un mystère qui ne peut s'expliquer mais qu'il est tellement bon de vivre. Nous rendons le temps au temps afin de nous investir. Comme le souligne la seconde lecture, l'affection reçue nous affecte tout tendrement. Nos relations sont multiples et nous avons parfois la chance de vivre certaines comme étant belles, fortes et surtout précieuses. Précieuses parce qu'il y a quelque chose qui nous dépasse dans la rencontre. L'être aimé peut combler certains de mes manques, c'est vrai.

Mais la vérité de la relation va au-delà de ce constat. C'est comme si nous vivions quelque chose de sacramentel. Entre nous, il peut exister un tel degré de tendresse, de douceur dans les paroles échangées, que Dieu choisit tout simplement de s'inviter entre nous. Il vient mettre une relation de transcendance au c½ur même de la relation. Nous devenons ainsi par Dieu, l'un pour l'autre, sacrement vivant de la présence divine. Une relation d'amour ou d'amitié n'est pas simplement la superposition de deux êtres. Il s'agit de beaucoup plus que cela. Une véritable rencontre sentimentale se transcende dans la vérité des propos échangés. Elle devient divine par la profondeur de la qualité vécue dans le dialogue, l'écoute et surtout le silence. Et Dieu de son côté, ne peut que se réjouir d'assister à un tel événement car comme le chante l'évangile de ce jour, chacune et chacun, nous sommes également précieux pour Lui qui se dévoile à son tour dans l'intime de notre silence. Nous valons bien plus que tous les moineaux du monde. A raison, nous avons alors à être sans crainte face à notre devenir. Dieu est avec nous. Il nous accompagne. De quelle manière ? En se révélant à nous dans toutes les relations d'amour et d'amitié que nous nous efforçons de vivre et de protéger. Il est là, au c½ur de nos existences. Nous comptons pour lui. Nous sommes précieux aux yeux de Dieu.

Bienheureux sommes-nous de vivre avec une telle espérance, une telle confiance. Jamais la solitude ne pourra nous envahir complètement puisque au plus profond de nous, Dieu a choisi de sommeiller et attend que nous venions à sa rencontre pour l'aimer et le faire exister par nous en ce monde. Nos relations humaines ou divines sont nées de manière mystérieuse. Nous ne pouvons pas les expliquer et c'est tant mieux. Une relation n'est pas une équation mais plutôt une rencontre entre deux êtres ayant chacun leur part d'indicible. Tel est le mystère de la vie qui nous a été donné dès l'instant de notre conception. Et aujourd'hui nous souhaitons également nous souvenir de toutes ces vies que certaines d'entre nous ont porté en elles pendant quelques heures, quelques jours, quelques semaines. Une relation avait commencé. Souvent, de manière inexplicable, elle s'est brutalement terminée. Nous ne savons pas où toutes ces vies se sont envolées avant d'éclore pour l'éternité. Nous ne souhaitons pas les oublier. En signe de leur passage parmi nous et de notre espérance qu'elles poursuivent leur chemin, je vais allumer, à partir du cierge pascal, ces quelques bougies flottant sur les eaux baptismales, signes de notre confiance en ce Dieu qui s'invite dans toutes nos relations d'amour. Amen.