12ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 19/06/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Tout est dépassé.  Avec la réponse de Pierre, toutes les certitudes et mêmes toutes les merveilles du passé sont … dépassées. Ecoutez les réponses des autres apôtres à  la question de Jésus : « c’est Moïse, c’est Elie ».  Les apôtres évoquent les deux plus grandes personnalités de la Première Alliance.  Notez que Moïse et Elie seront les deux personnages qui apparaîtront à côté de Jésus lors de la Transfiguration.  Moïse représente la Loi, Elie personnifie la prophétie.  Ce sont là les deux piliers de la Première Alliance.  Mais ce sont des personnages du passé.  La foule, comme certains disciples, pensent Jésus reste dans cette tradition.  Pierre soudain prend conscience que tout a changé.  C’est comme Roméo.  Il avait sa famille, ses amis, ses distractions.  Et voilà que soudain surgit devant lui quelqu’un qui l’entraîne dans un monde totalement différente, beaucoup plus grand, beaucoup plus beau que tout ce qu’il a connu.   Les joies du passé sont dépassées par la surprise d’une découverte.   Mais, pour bien profiter de toute la richesse de cette découverte, il faut pouvoir renoncer un moment aux certitudes de la famille et de la vie de tous les jours.  Roméo préférera renoncer à la solidarité familiale et s’élancer dans une aventure folle, celle de l’amour qui dépasse les haines.  Ce sera un déchirement.  C’est sans doute la raison pour laquelle Jésus parle aussitôt de souffrances et de séparation.  Entre son confort céleste et son amour pour les hommes, le Fils de Dieu n’a pas hésité.  Il est venu au milieu de nous.  Il accepte et assume ce dépouillement.  La gloire dont il jouit dans la cour céleste n’est rien en comparaison avec le bonheur qu’il a d’être au milieu de nous.  C’est justement parce qu’il a renoncé à tout cela qu’il a pu rencontrer Marie-Madeleine, la pécheresse publique, Zachée, le fonctionnaire corrompu, Matthieu, le publicain désespéré.       Et c’est ce que Pierre a compris.  Au-delà des habitudes rassurantes, des convictions réconfortantes, il y a ce Jésus qui est beaucoup plus que tout cela : il est les Christ, le Messie de Dieu, celui que Dieu nous a envoyé pour nous apporter la richesse et la certitude de son amour.  Pierre n’est pourtant le plus intelligent de la bande.  Ce n’est même pas celui que Jésus aimait.  Mais il y a en lui une telle fraîcheur, une telle générosité qu’il a été capable de comprendre tout ce que Jésus pouvait lui apporter.  Sa générosité ? C’est lui qui a juré qu’il préférerait mourir plutôt que de voir Jésus arrêté, et c’est lui qui par trois trahira Jésus, puis pleurera.  C’est sans doute cette générosité pleine de spontanéité qui lui a permis de comprendre la générosité spontanée de Dieu pour chacun d’entre nous.       Remercions donc Dieu de nous permettre de rencontrer des gens si remarquables qui nous dépassant par leur générosité et par leur belle relation avec Dieu.  A leur suite, apprenons nous aussi à quitter nos petites vérités qui sont bien vieilles pour nous ouvrir chaque jour à la révolution de Dieu, une révolution d’un amour plus grand encore que nous pouvons l’imaginer.  Libérés du passé, nous pourrons jouir du présent de Dieu.