13ème dimanche ordinaire

Auteur: Philippe Henne
Date de rédaction: 26/06/16
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2015-2016

Je pensais vous faire pleurer en évoquant tous ces hommes et toutes ces femmes qui, par amour pour Dieu, ont renoncé à une vie de confort. Je pense à tous ces religieux et religieuses qui ont renoncé à avoir une petite famille avec une femme et des enfants, une petite maison et une grosse voiture. Mais je ne peux pas parler de cela sans songer aussitôt à tous ces réfugiés qui, par vagues incessantes, échouent dans notre pays. Ils ont tout perdu, leur maison, leur travail, leur village, leurs amis. Et je songe en particulier à tout cela parce que je viens de Rome où j’ai participé à un forum qui rassemblait des représentants d’Eglises d’Orient en difficulté et des associations bienfaitrices qui soutiennent ces chrétiens d’Orient. Je fais, comme vous le savez, partie d’une association, Solidarité Orient, qui soutient ces Eglises d’Orient, en Terre Sainte, en Syrie, en Irak et en Egypte.

            La première impression, c’est évidemment la diversité. Quand le premier jour je me trouvais dans la sacristie, j’était entouré de prêtres et d’évêques habillés de mille façons différentes : avec ou sans chapeau, avec ou sans chape, avec ou sans dorure sur le costume. Au-delà de cet aspect un peu folklorique, il y surtout cette redécouverte qu’il y a mille façons d’aimer Dieu et de Le servir. Nous sommes tellement habitués à notre petite image de Dieu que nous en oublions presque que Dieu est beaucoup plus grand, beaucoup plus riche que nous le pensons. J’avais presque envie de dire à chacun de ces chrétiens d’Orient : « dis-moi, qui est Dieu pour toi ? Quelles sont les merveilles qu’Il a faites pour toi ? » afin de pouvoir moi aussi me nourrir de cette nouvelle approche de Dieu. Frères et sœurs, restons toujours attentifs, assoiffés de découvrir une nouvelle façon d’aimer Dieu et de Le servir.

Une deuxième chose surprenante dans cette réunion, c’est la grès grande franchise et simplicité avec laquelle on se parlait. J’ai déjà participé à des congrès, des journées d’études, des forums, etc. C’était réservé à des spécialistes et on était tous un peu fiers d’y être parce que ce n’était pas pour tout le monde. Ici, à Rome, lors de cette rencontre pour les chrétiens d’Orient, c’était la franchise et la vérité qui dominaient. On parlait d’hommes et de femmes qui souffraient. Derrière le nom de ville ou de village, c’était la souffrance concrète d’hommes et de femmes qu’on voyait, qu’on entendait. Il n’y avait pas de temps à perdre. C’était maintenant qu’il fallait agir. A ce moment-là, on ne perd pas de temps en belles déclarations ou en belles discussions sur des thèmes philosophiques. Il fallait agir.

Enfin, un troisième élément qui m’a touché pendant cette rencontre, c’était la foi de ces Orientaux. Ils n’ont pas la foi comme si c’était quelque chose en plus. Non, ils sont chrétiens. Cela fait partie de leur être même, de leur existence. Pour nous, la foi, c’est quelque chose qu’on peut avoir ou ne pas avoir. C’est quelque chose qui peut être utile. C’est un plus dans la vie. Pour eux, la foi, c’est la vie. Et je comprends l’attitude des premiers chrétiens pendant le martyre. Renoncer à la foi chrétienne, c’est pour eu pire que perdre un bras ou une jmabe. C’est perdre le sens même de la vie. Oui, ces chrétiens d’Orient ont de belles choses à nous apprendre. Et tout d’abord qu’un Syrien, ce n’est pas seulement un réfugié. C’est avant tout un être humaine, un enfant de Dieu, créé par amour, porté et soutenu par la tendresse de Dieu. Oui, il nous rappelle notre formidable dignité, celle d’avoir été créé pour être aimé et pour aimer pour l’éternité.