Est-ce que les paroles suivantes vous rappellent quelque chose : « C'est l'histoire de la vie, le cycle éternel qu'un enfant béni, rend immortel ». Je vous donne un indice, ces paroles proviennent d'une chanson. Toujours pas ? Non, ce n'est pas une chanson de Claude François ou de Marie Myriam. Il s'agit tout simplement des paroles de la chanson d'ouverture du film « Le Roi Lion » de Walt Disney. Nous sommes au début du film et juste après ce couplet, le lionceau est marqué d'une trace sur le front puis est présenté au peuple des animaux. Ce dessin animé est profondément théologique et vaut la peine d'être revisité avec les yeux de la foi. En quelques mots, tout est dit sur le mystère de la vie, sur le mystère de la mort.
Comme le souligne le livre de la Sagesse, « Dieu n'a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. (...) La puissance de la mort ne règne pas sur la terre car la justice est immortelle ». L'immortalité est en Dieu puisqu'il est en dehors de notre propre temps. Quant à nous, nous sommes appelés à l'éternité ou pour le dire autrement, nous sommes des êtres éternels. C'est cela qui nous différencie de certaines religions d'Orient où les êtres sont considérés comme immortels. Cette fois, nous sommes dans un autre rapport au temps, l'être immortel se perçoit dans un cycle de vie où il n'y a ni commencement, ni fin. L'horloge n'arrête jamais de tourner. Ce rapport cyclique au temps conduit à l'idée même de la réincarnation. La foi en Dieu révélé dans les Ecritures, nous fait découvrir que nous sommes donc bien des êtres éternels. Notre rapport au temps est donc différent d'une idée cyclique. Pour nous le temps est linéaire. Il y a eu un début et il y aura une fin, comme chacune de nos vies. Nous vivons donc avec deux certitudes qu'il est bon de se rappeler de temps à autre. La première, nous sommes des êtres vivants, c'est-à-dire des êtres appelés à la Vie. En effet, nous sommes les biographes de nos histoires et nous écrivons l'histoire de notre vie par la manière dont nous la vivons. Dans la foi, cette histoire personnelle s'écrit avec l'encre de Dieu, une encre indicible et surtout indélébile qui marque notre c½ur à jamais. Nous devenons ainsi, ce qu'un théologien belge a appelé, des théographes. Notre écriture est de l'ordre divine car notre foi est le fondement même de vivre sa vie. La lumière de la résurrection nous imprègne et nous pousse à oser plonger dans l'existence avec cette confiance qui nous fait prendre conscience que nous ne sommes jamais seuls. Dieu vient nous saisir la main et nous dit par le biais de son fils « Talitha koum, je te le dis lève-toi ! ». Notre foi n'est pas une eau dormante mais bien une invitation à se lever pour, à l'instar de la fille de Jaïre, nous mettre en marche. Oui, depuis le temps de l'Exode, nous sommes un peuple en marche, en quête de foi, en recherche de vérité, en désir de sens. Le Christ Jésus nous offre cette occasion merveilleuse de vivre notre vie au goût de Dieu. De plus, par sa mort et sa résurrection, il nous fait entrer dans une nouvelle dimension de notre être. Grâce à l'événement de la croix, la vie n'est plus mortelle mais bien appelée à l'éternité. Nous devenons à notre tour des êtres éternels. D'ailleurs, nous sommes déjà entrés dans le temps de notre éternité. L'humoriste Pierre Desproges disait que la vie est une maladie mortelle. Dans la foi, nous pouvons affirmer que la vie est une épiphanie éternelle. Il est vrai que nous serons toutes et tous un jour confrontés à l'expérience de notre propre mort. Toutefois, pour nous, celle-ci ne sera qu'un bref instant qui nous fera passer de la vie à la vie éternelle. « De l'humanité à l'éternité », telle est notre destinée. Et peut-être qu'en mourant, nous emportons avec nous notre manuscrit, notre biographie et que nous en poursuivons notre écriture mais cette fois avec une encre éternelle. Le temps de la foi sera derrière nous. Nous vivrons alors le temps de la rencontre avec Dieu le Père, révélé en son Fils et glorifié dans l'Esprit. A cet instant précis, nous saurons que nous avions eu raison lors de notre pèlerinage terrestre de mettre notre espérance en ce Dieu qui « n'a pas fait la mort » mais qui nous a créé pour cette vie au goût de l'éternité.
Amen