15e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Eggensperger Thomas
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

 

 

Mt 13, 1-9

Chers s½urs et frères,

Nous avons entendu une parabole : Jésus parle d'un paysan qui a semé des grains. Les semailles présentent toujours des résultats divers : Il y a des succès, des ratés, une chose entre les deux. Ça dépende de la qualité de la terre.

Juste avant la préparation de cette prédication j'ai parlé avec un ami qui est étudiant en philosophie et théologie. Il est croyant (même catholique...) et très intéressé par les questions spirituelles et théologiques. J'ai mentionné mon obligation de préparer cette prédication de dimanche sur une parabole. Il m'a dit toute de suite : « Je ne comprends pas ces paraboles du Nouveau Testament. J'ai mes difficultés. Il y a de mauvais exemples pour un message pas clair et diffus. Mal fait comme texte littéraire... »

Je restais un peu perplexe et j'ai réfléchi à son opinion. Je n'ai pas oublié cette opinion pendant mon étude pour préparer cette prédication. Oui, je pense qu'il a raison d'une manière :

À mon avis il y a un problème fondamental pour un lecteur d'aujourd'hui qui lit des textes de la bible : Les textes et les contenus concernent des sujets qui étaient très importants, très actuels et très vivants pour un lecteur du temps antique ou historique : On touche des traditions de l'agriculture et l'élevage des animaux. Ce n'est pas une surprise parce que même les auteurs, même les lecteurs viennent d'une culture agraire. C'était un langage compréhensible pour tous. On connaissait bien les événements des champs, les crises régulières d'une mauvaise récolte et l'avantage d'une bonne moisson.

Mais il y a un imparfait dans mon explication : « C'était un langage compréhensible... »

Où est le problème ? Le problème est la situation actuelle : Nous - comme citoyens d'une ville comme Bruxelles - nous ne connaissons plus la situation agraire. Nous ne sommes pas des paysans. Je suppose qu'il y a ici dans notre église extrêmement peu de connaisseurs de la vie paysanne d'aujourd'hui. Même les spécialistes du parlement ou de la commission pour des questions d'agriculture à peu d'exception près ne sont pas nés dans le milieu agraire. Pour un pays européen la récolte n'est pas un problème réel : Dans le cas où une récolte est faible ou mauvaise dans le propre pays on achète les produits hors du pays. Le consommateur doit payer peut-être un Euro de plus pour le kilo. C'est tout. Personne ne dort mal aujourd'hui à cause d'une mauvaise récolte, sauf le paysan.

Voilà - comment comprendre aujourd'hui une parabole avec des métaphores comme « grains », comme « semeur », comme « pousser » et « se dessécher » ?

Ma proposition est l'abstraction : Jésus ne voulait pas réfléchir sur les problèmes de l'agriculture, de l'aridité ou de la récolte. Il n'était pas spécialiste de ce sujet, peut-être qu'il n'a jamais été au champs. On n'en sait rien.

Jésus ne parlait pas des récoltes. Il parlait d'un sujet plus dramatique. Ce sont des questions fondamentales d'un homme, c'est l'évangile.

Il faut l'abstraction d'un vocabulaire, une terminologie assez inconnue aujourd'hui.

Qu'est-ce que le contenu de notre parabole ?

Je vois dans notre texte le principe de « Try and error », « d'essai et d'erreur ». Si on veut essayer quelque chose, si on veut faire une expérimentation, on ne sait pas d'avance le résultat. C'est le cas dans la chimie, la physique et dans la médecine aussi. Avant de présenter un nouveau médicament il faut une série d'expérimentations du côté de la recherche pharmaceutique. Avant de formuler une nouvelle thèse le spécialiste fait beaucoup d'études préliminaires sans trouver la thèse assurée. Pour un chercheur il est frustrant de voir combien des essais il doit faire avant de recevoir un résultat assez intéressant et important.

C'est un peu comme notre semeur : Il distribue une centaine des grains mais il y aura seulement une petite pourcentage des grains qui pousseront bien.

Il touche un peu le contenu de la parabole présentée dans l'évangile de Matthieu : Jésus n'est pas seulement intéressé à expliquer la différence entre succès et échec de l'agriculture. C'est évident qu 'il faut beaucoup d'essais pour trouver un résultat agréable. Plus il y en a, mieux ça vaut !

L'évangile est plus subtil : Avant un essai on a besoin d'autre chose : C'est le courage pour commencer un essai. Il faut le chercheur qui est prêt pour des expérimentations décourageantes. On parle sur le principe de « Try and Error », « d'essai et d'erreur ». La transformation de ce principe est forte, souvent dramatique. L'auteur de l'évangile ne voulait pas encourager les paysans à semer. Il voulait surtout encourager le peuple et ses disciples à la réflexion sur la foi, sur le message de Jésus. Il ne suffit pas de dire ou supposer qu'on est croyant, qu'on est proche du message de l'évangile. Pas du tout ! Avec cette base commence le projet de la recherche : ça veut dire quoi, « Dieu », « résurrection », « salut » ?

Il n y a pas de réponses simples pour ces questions. La conviction seule reste très abstraite. La parabole demande à ses lecteurs le courage de réfléchir, de demander, de rechercher. Comme fidèle on va trouver assez de résultats insatisfaisants, réponses faibles et des solutions vagues.

Mais comment trouver des résultats, des réponses et des solutions sans commencer un essai pour chercher, demander et problématiser ? Même si beaucoup des tels essais seront une erreur, cette série des essais est la condition essentielle pour trouver le noyau de ce que nous appelons la « vérité ».

La parabole de l'évangile veut nous encourager à ne pas abandonner pas la disposition pour réfléchir sur notre foi.

Amen !