15e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Souvent, peut-être même trop souvent, certaines personnes justifient leur incroyance en attaquant l'Eglise. Nous avons alors droit à la litanie des « comment pouvez-vous encore croire avec les prises de positions de l'Eglise ? », « je ne vais plus à la messe quand je vois qui fréquente l'Eglise ». Quand je reçois ce type de remarque, j'invite toujours les personnes à préciser leurs pensées. Est-ce vraiment à cause des gens ou bien ne vivez-vous pas plutôt un moment de remise en question par rapport à votre foi. Ou encore, quand vous critiquez l'Eglise, est-ce l'Eglise ou certaines parties de l'Eglise ? Est-ce le Vatican ? Ce dernier fait évidemment partie de l'Eglise mais il n'est pas l'Eglise en tant que telle parce que tout simplement l'Eglise est d'abord et avant tout, l'Eglise du peuple de Dieu. Cette Eglise, fondée par le Christ, ne se limite pas à ses structures, elle est formée de l'ensemble des croyantes et croyants qui croient au mystère et se reconnaissant dans la divinité du Fils de Dieu.

Au cours des siècles de notre histoire chrétienne, il me semble que quelques dérapages vont se vivre. L'institution va de plus en plus professionnaliser certaines tâches, certaines fonctions. Pour prendre la parole publiquement, expliciter les Ecritures, il faut quelques années de formation, avoir pris le temps d'étudier et d'entrer dans la lumière du mystère. Mais il y a un certain danger à s'isoler dans ce type d'appréhension de notre vie chrétienne. Laisser la parole aux professionnels, c'est quelque part s'autoriser à entrer dans une démarche de passivité. C'est s'en remettre à d'autre comme si la prédication n'était réservée qu'à quelques élus. Erreur. Grave erreur.

Méditons le texte d'évangile de ce jour. Le Christ ne s'est pas tourné vers de grands scientifiques, des théologiens réputés de l'université de Jérusalem ou d'ailleurs. Non ses disciples, ses apôtres sont des gens tout simples. Ils ne comprennent pas tout du mystère de l'homme-Dieu qu'ils ont pourtant décider de suivre. Pierre croit comprendre se trompe et le niera, Jacques et Jean veulent la meilleure place, Judas trahira et tous l'abandonneront. Et pourtant ce sont de tels hommes que Jésus envoie sur les chemins pour proclamer la bonne nouvelle. Ils n'étaient vraisemblablement pas des érudits du savoir intellectuel, mais ils avaient la connaissance du savoir de la vie, celui qui s'apprend au jour le jour. Par cet évangile, Jésus nous rappelle que toutes et tous nous sommes invités prêcher. La prédication de la foi n'est pas réservée à quelques spécialistes. Même si nous le refusons, nous prêchons que nous le voulions ou non. Lorsque le Christ envoie les premiers apôtres, il se préoccupe d'abord et avant tout de leur style de vie. C'est vrai, nous enseignons, nos mots sont véritablement les nôtres par la manière dont nous nous comportons. C'est pour cette raison précise que je puis affirmer que tout le monde prêche. Si nous sommes avares, médisants, peu scrupuleux, fainéants et si nous sommes connus comme chrétiens, nous prêchons. Nous prêchons c'est vrai, mais nous prêchons contre la religion, contre Dieu. La prédication n'est pas seulement une affaire de paroles mais également d'attitudes. Si notre comportement va à l'encontre de notre foi, des commandements des évangiles, nous sommes des menteurs vis-à-vis des autres mais également vis-à-vis de nous-mêmes. Notre prédication devient alors un contre-témoignage et par notre attitude, nous faisons reculer la bonne nouvelle du Royaume. Par contre, si nous montrons un visage heureux, si nous sommes épanouis, attentifs, compatissants, respectueux, nous prêchons également. Et cette prédication est notre devoir. Une lumière dans un regard, un geste de tendresse, disent souvent beaucoup plus que des mots.

De la sorte la prédication n'est pas un temps de la journée, voire même de la semaine, notre prédication se doit d'être à l'oeuvre à toute heure du jour. Il y va de la crédibilité du message évangélique. C'est notre tâche ; mieux encore, c'est notre responsabilité. Chacune et chacun d'entre nous sommes parcelle de l'Eglise de Dieu. Jésus nous a envoyé par notre baptême sur les chemins de la vie. Que nos paroles, nos gestes, nos attitudes soient alors en harmonie avec cette foi qui nous habite. Amen.