16e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2003-2004

En ces temps où l'embauche est difficile et où il convient de faire appel à la créativité personnelle en vue de trouver un travail, l'évangile dénonce en tout cas un certain type de métier : l'agitateur d'air. L'agitateur voire l'agitatrice d'air, demande des compétences très précises. Ils peuvent être soit agitateur d'intérieur ou d'extérieur mais l'effet sera le même. Du vent, rien que du vent.

Prenons d'abord l'agitateur intérieur, ce dernier reste à sa place, ne bouge pas si ce ne sont ses lèvres. Son esprit est agité, encombré et il produit de l'air par ses mots qui souvent sont empreints de négativité. Quant à l'autre, l'agitateur extérieur, celui-ci est plutôt quelqu'un qui fait des mouvements, accompagnés parfois de grands gestes, se déplace beaucoup, fait tourner l'air autour de lui mais n'est pas efficace. Rien ne change.

Un bon exemple pourrait être l'adolescent " esquiveur " de vaisselle. Il circule beaucoup, tourne autour de la table en parlant abondamment mais essuie très peu en réalité. L'agitateur d'air compétent agira d'ailleurs de la même manière pour toute autre tâche qu'elle soit ménagère ou non.

Très souvent, et malheureusement pour elle, ce type de personne s'enferme dans une agitation stérile. Elle s'inquiète pour tout. A force de vouloir trop se préoccuper des moindres détails dont personne ne se rendra sans doute compte, l'anxiété l'envahit, l'empressement la saisit. Son caractère devient grincheux. Esclave de sa propre agitation, elle en veut à tous ceux et celles qui, contrairement à elle, n'ont soit disant " rien à faire ". Et à ses yeux, ils sont nombreux. Oh, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne suis pas entrain de condamner l'agitation. Celle-ci est bien évidemment nécessaire sinon rien ne se produirait. Si la sacristine (le sacristain) ne s'était pas quelque peu agité avant notre eucharistie, et bien rien ne serait prêt et nous ne pourrions pas célébrer ce mystère comme il se doit.

Il est donc important de s'agiter de temps à autre mais il y a un temps pour tout. En effet, trop accaparés par le service ou par le soucis que tout soit parfait, que les convives soient heureux, que chacune et chacun ait sa place et se sente bien, nous risquons d'oublier que l'accueil de l'autre est d'abord et avant tout une qualité de relation. Trop d'agitation, celle à devenir agitateur d'air, conduit à passer à côté d'une vraie rencontre. A ce moment-là nous n'avons plus le c½ur libre pour écouter, pour découvrir. Nous sommes trop plein de tout ce qui nous préoccupe et nous entrons dans un temps de stérilité car nous passons à côté de l'essentiel. Or Dieu semble ne pas pouvoir se rencontrer dans l'agitation. Il aime le calme. Il attend que nous nous arrêtions quelques instants, que nous reprenions du temps pour nous, pour l'autre et pour lui. Il nous invite à nous asseoir et à prendre le temps de l'écouter. Il a encore tant de choses à nous dire et il s'adresse à nous dans toutes les petites choses de la vie. L'Esprit de Dieu est là, bien là, présent en notre monde et il se laisse découvrir dans la brise légère. Il est par delà nos agitations, nos empressements, nos absences de temps.

Dieu l'Esprit a besoin de calme et de sérénité, réalités tellement absentes dans notre monde, que certains iront jusqu'à nier sa présence. Or ils sont tout simplement passés à côté de Lui. Dieu l'Esprit est là, bien là mais il attend que nous nous libérions l'esprit car c'est dans la vérité de la liberté qu'il se laisse rencontrer. Il nous suffit de nous arrêter, en fait, de prendre le temps de nous asseoir pour contempler sa divinité qui continue de s'exprimer dans la vie, notre vie. Dieu se révèle à nous par nous. Il est dans le sourire de cet enfant, dans le regard de celui qui aime et pardonne, dans tout geste de tendresse, dans la main de la solidarité, dans la compassion exprimée. Il n'est donc pas possible de nier son existence, notre monde est rempli de sa présence. Et pour nous en rendre compte, il suffit de prendre le temps de s'arrêter quelques minutes chaque jour. Nous arrêtons nos agitations pour partir à sa recherche, pour découvrir là où l'Esprit de Dieu agit aujourd'hui encore. Il est au-delà de nos inquiétudes et d'après lui, une seule chose est nécessaire. A chacune et chacun de la trouver, de nous en réjouir et surtout d'en vivre. Elle est cette part de divinité qui sommeille en chacun de nous dans cette partie de notre être où se vit la paix intérieure. Fermons alors notre cinéma intérieur et partons à sa rencontre dans le silence de notre c½ur. Rien n'est plus essentiel que Dieu en nous.

Amen.