17e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Delavie Bruno
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 1997-1998

REGARDS SUR JESUS.

La prière de Jésus.

C'est sa prière personnelle que Jésus enseigne à ses amis. Pour que les chrétiens prient comme Jésus, regardons ensemble sa prière.

« Un jour, quelque part, Jésus était en prière. » C'est ainsi que Luc aime souligner la fréquence de la prière de Jésus, l'importance pour lui de prier aux moments importants de son existence. C'est comme s'il s'agissait d'une habitude, d'un comportement naturel.

Il a vécu à tous les moments de sa vie le mouvement de confiance et d'abandon en celui qu'il appelait « père ». L'intimité immédiate avec Dieu le conduisit au désir violent de le faire connaître et aimer par ses frères les hommes. D'inviter ceux-ci à demander l'essentiel : le pain, le pardon et la liberté.

Il a pu s'en remettre à Dieu, mais sans se démettre de ses responsabilités de travailler au changement du monde, en nourrissant les foules, en pardonnant et donnant ainsi une nouvelle chance, en libérant les prisonniers d'eux-mêmes ou des préjugés.

Il nous fait entrer dans l'élan de sa prière car il le Fils qui s'adresse à Dieu mais bien sûr avec des mots humains. Jésus est un « maître à prier ». Les disciples en sont persuadés qui viennent lui demander de le leur apprendre, comme Jean-Baptiste l'avait fait pour les siens.

REGARDS SUR NOTRE VIE.

Prier, est-ce bien nécessaire ? N'est-ce pas perdre son temps ? D'abord, je prie et je ne suis pas nécessairement toujours exaucé. Et puis il y a peut-être mieux à faire. Ouvrir tout grand les bras aux enfants, aux petits.

Accueillir l'étranger et faire place au malade. Lutter pour la justice et aider son voisin. S'engager au service de ceux que l'on rejette. Je ne suis pas prêt à dire comme les apôtres : « Apprends-nous à prier ».

En regardant Jésus, je comprends que prier et demander ce n'est pas attirer mon Dieu, attendre des miracles et des consolations. C'est d'abord admettre ma fragilité et autant que celle des autres, notre fragilité commune. C'est surtout apprendre à regarder les hommes comme Dieu les regarde, chercher un nouveau souffle pour poursuivre le combat au service de tous ceux qu'il aime avec passion. Rien de ce qui nous intéresse n'est étranger à Dieu et rien de ce qui intéresse Dieu ne devrait nous être étranger. Prier à la suite de Jésus, ce sera donc prendre le temps de vérifier si ce qui a de l'importance pour Dieu en a aussi pour nous. Quand nous disons : « Que ton nom soit connu de tous, que ton règne vienne » nos projets, nos entreprises sont-ils proches du sien ?

Prier à la suite de Jésus, ce sera donc demander ce qui est important pour nous : le pain, le pardon, la liberté. C'est souhaiter adopter toujours plus un comportement familial avec tous. C'est en famille qu'on partage la nourriture quotidienne et le pain, c'est en famille qu'il faut savoir pardonner pour maintenir l'amour et l'entente, c'est en famille qu'il faut apprendre l'autonomie de chacun dans le respect de sa liberté et de son épanouissement. Or nous sommes de la famille de Dieu ! Enfants d'un même Père, nous avons besoin de partager, de nous réconcilier, de vivre en liberté tout en respectant celle des autres.

Prier à la suite de Jésus, c'est m'adresser à Dieu avec mes soucis quotidiens, en n'ayant pas peur d'être parfois casse-pieds. Il n'y a pas à craindre d'être importun. C'est à force de demander que grandit le désir et que s'affirme la confiance en quelqu'un. Il n'y a pas à craindre d'être sans-gêne ou trop familier, car - nous dit Jésus- le c½ur de Dieu est plus humain que tous les c½urs des pères de ce monde. « Frappez, cherchez, demandez » Est-ce à dire que Dieu va changer le cours du monde ? La prière n'a pas pour but de convertir Dieu à notre manière de voir : c'est nous qu'elle convertit, c'est notre c½ur qu'elle change.

Dans un de ses romans, Agatha Christie donne une excellente définition de la bigote : « Madame passait chaque jour une heure à l'église pour expliquer à Dieu comment les choses devaient être faites pour être bien faites. » Si nous prions ainsi, nous ne pouvons être exaucés. Mais si nous nous engageons dans un échange c½ur à c½ur avec Dieu, il nous fera entrer petit à petit dans sa manière de voir, sans son Esprit. « Combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » Nous serons donc prêts à voir les choses autrement, à lutter nous même pour changer les situations de mal.