18e dimanche ordinaire, année A

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2004-2005

Ah, les bons conseils. Il semble que la majorité des êtres humains ont toujours été très friands des bons conseils. Il est vrai qu'un bon conseil ne coûte rien, juste un peu de notre réflexion, juste un peu de notre temps. Hélas, les bons conseils ne sont pas toujours aussi bons, aussi judicieux que cela. En effet, certains bons conseils peuvent facilement devenir soit des projections de nos histoires personnelles, soit des reproches détournés. En agissant de la sorte, nous sommes alors un peu comme les disciples de Jésus dans cet épisode de l'évangile : « l'endroit est désert, et il se fait tard. Renvoie la foule : qu'ils aillent dans les villages s'acheter à manger ! ». Comme nous pouvons le constater, ils jouent le rôle de « bons » conseillers, mais pensent-ils vraiment à ces gens ou bien sont-ils plutôt pétris de leur propre personne, de leur inquiétude à devoir partager le peu qu'ils possèdent. En fait, ils semblent d'abord chercher simplement leur tranquillité. Ils ne conseillent pas, ils reprochent. N'en va-t-il pas souvent ainsi dans nos vies personnelles ? Conseillons-nous véritablement celles et ceux qui viennent à nous en demandant un service, une aide, un conseil ou sommes-nous plutôt entrain de pointer leurs failles, leurs erreurs, leurs manquements. A l'image des disciples qui, d'une certaine manière, soulignent que tous ces gens auraient pu prendre de quoi se nourrir avec eux sans pour autant prendre conscience que lorsqu'on a la chance de pouvoir se nourrir de la Parole de Dieu, l'être humain se préoccupe alors peu des contingences matérielles telles que la nourriture, voire un lieu pour se loger. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles le Christ ne conseille jamais celles et ceux à qui ils s'adressent. Il propose un chemin de liberté qui conduit à la vie éternelle. A chacune et chacun de décider de le suivre ou non. Il ne conseille pas, il ne force pas. Le Christ nous interroge et nous convie à répondre à ses questions de manière personnelle car il sait pertinemment bien que toutes les réponses sont en nous. Laissons-nous alors inspirer par l'Esprit Saint pour qu'il nous guide sur la route de la vie. Le Fils de Dieu ne conseille donc pas. Peut-être parce qu'il a compris que le conseil s'enracine souvent dans la vie de celui qui le donne plutôt que dans celle de celui qui le demande. Or il n'est pas possible d'universaliser une situation singulière. Ce qui est ou a été bon pour nous, ne l'est peut-être pas pour un autre. Puissions-nous aussi quitter le chapelet des conseils pour entrer dans la dynamique des questions. Il n'y a jamais de réponse certaine, sauf évidemment pour les questions sans intérêt. A chaque conseil demandé, apprenons à répondre par une question pour que la personne qui se trouve face à nous trouve en elle la réponse à sa propre demande. Et cette réponse, dans le mesure du possible, sera plurielle pour qu'elle puisse choisir, ce qui dans sa situation sera la meilleure solution, c'est-à-dire celle qui apportera le plus d'amour. Tel est le sens de notre liberté d'enfants de Dieu. D'une certaine manière, c'est ce que fit Jésus dans l'évangile en refusant de suivre les conseils de ses disciples. C'est en lui, et uniquement en lui qu'il trouve en lui la solution. Avec ce qu'ils ont amené, Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux aux ciel, il prononça la bénédiction. Il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. Il ne s'agit pas d'abord d'un miracle, d'une multiplication incompréhensible a nos yeux. Il s'agit d'un don, d'un partage à partir de ce que le Christ donne de lui-même. Et ce qui frappe, une fois encore dans le récit entendu, c'est l'abondance du don offert. Nourrissons-nous de cette Parole de Dieu, Parole de vie par excellence. Grâce a elle, nous n'aurons plus jamais faim car nous aurons été a jamais rassasié. Rassasiés de Dieu, telle est notre espérance. Et nous vivons de celle-ci au cours de chacune de nos eucharisties, lorsque nous sommes à notre tour, rassasiés du corps et du sang du Christ. Amen