"Ils cherchaient un boulanger......
Ils cherchaient un boulanger, ces femmes et ces hommes qui traversèrent le lac et abordèrent sur l'autre rive, à la recherche de Jésus. Ils cherchaient un boulanger, toutes celles et tous ceux qui avaient été témoins de la multiplication des pains.
Ils cherchaient un boulanger comme ils avaient peut-être cherché un guérisseur, un magicien un être un peu extraordinaire, quelqu'un qui leur donna des solutions toutes faites pour répondre à leurs problèmes, des solutions faciles pour remédier à leurs manques, à leurs déficiences.... Ils cherchaient un boulanger qui aujourd'hui encore pourrait à nouveau leur donner du pain en abondance
Bien sûr, demain, ils auraient sans doute encore faim ; ils auraient encore de nombreux besoins et d'autres problèmes... mais en faisant de lui un roi, celui-ci leur apporterait sûrement des solutions. Peut-être dépendraient-ils totalement de cet homme ? Sans doute seraient-ils tout à fait soumis à son bon plaisir ? Mais peu importe, même esclaves de ce nouveau roi, la vie serait bien plus facile, puisqu'ils auraient avec eux un boulanger, un guérisseur, un faiseur de miracles....
C'est l'éternel malentendu ! C'était déjà le cas, au temps de l'Exode, pendant le séjour des hébreux dans le désert. Les fils d'Israël récriminèrent contre Moïse et Aaron. Ils regrettèrent les oignons d'Egypte. Même si nous étions esclaves, la vie était bien plus facile en ce temps-là. Nous avions au moins des marmites de viande et nous mangions du pain à satiété !
Nous savons aujourd'hui que la manne est un phénomène naturel : l'exsudation d'un arbuste de cette région : le tamaris. Aux mois de juillet et d'août, les pucerons attaquent l'écorce, durant la nuit. La sève, qui en sort en gouttelettes, se solidifie au petit matin et tombant sur le sol, présente des granulés très nourrissants. Les hébreux ont vu dans cette découverte une intervention miraculeuse de Yaveh, voulant nourrir son peuple dans sa marche vers la terre promise. 'Mann hou ?" "Qu'est ce que c'est ?". C'est le pain que le Seigneur vous donne à manger" dit Moïse. N'empêche que la manne ne conservait pas et qu'il fallait la ramasser à nouveau chaque matin ! L'éternel malentendu, encore présent au temps de Jésus : "Vous me cherchez, non parce que vous avez mi des signes, mais parce que vous avez mangé du pain à satiété". Au fond, Jésus leur dit : "Vous n'avez donc pas compris le sens de ce que nous avons fait hier ? Vous n'avez donc pas saisi le sens du partage ? Travaille.-, non pour cette nourriture qui se perd, - cette nourriture qu'il faut recevoir dans la dépendance qu'il faut redemander chaque jour. Mais travaille--pour les oeuvres de Dieu. " "L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. " "Que vous croyiez au Fils de l'homme, le porte parole d'un Dieu libre et qui veut que votre liberté." Le pain de Dieu, c'est celui qui donne la vie, celui donne la liberté à l'homme. On pourrait dire que Jésus est un athée du Dieu habituel des juifs. Il refuse l'image d'un Dieu puissant, terrible, d'un Dieu à craindre parce qu'il terrorise l'homme et le soumet à son bon plaisir. C'est comme représentants de ce Dieu là que les autorités religieuses juives écrasent le petit peuple et le rend servile. Et cela afin de mieux asseoir leurs pouvoirs