Jn 6, 41-47
Il y avait eu la "multiplication des pains" puis la traversée mouvementée du lac puis la discussion où Jésus cherchait à conduire les gens à la découverte, en eux, d'une autre faim.
Voici aujourd'hui le 4ème épisode de ce long et important chapitre 6 de saint Jean : il faut en rétablir le texte intégral (les versets 36-40 sont omis par la version liturgique) et le terminer plus tôt, au verset 47 (48 commence un nouveau développement).
JESUS EST LE PAIN A CROIRE
Jésus leur dit :
" Je suis le Pain de Vie ; celui qui vient à moi n'aura pas faim ; celui qui croit en moi jamais n'aura soif.
Je vous l'ai dit : vous avez vu et pourtant vous ne croyez pas !
Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ;
et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas.
Car je suis descendu du ciel pour faire
non pas ma volonté mais la Volonté de Celui qui m'a envoyé.
Or la Volonté de Celui qui m'a envoyé,
c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés,
mais que je le ressuscite au dernier jour.
Telle est en effet la Volonté de mon Père :
que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la Vie éternelle ;
et moi je le ressusciterai au dernier jour".
Si succulentes et variées soient-elles, jamais les nourritures terrestres ne pourront apaiser notre faim, notre désir de la Vraie Vie (mais notre société fait tout pour nous convaincre du contraire). "L'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole venant de Dieu" disait la Bible : en effet à quoi bon avoir de quoi vivre (les aliments) si on ne sait ni pourquoi ni pour qui vivre ?
Jésus se présente comme la Bible nouvelle, comme la Parole même de Dieu que les Ecritures sacrées jadis transmettaient. Il ne les dévalue pas, ne les remplace pas, ne les répète pas, ne les traduit pas : IL EST CETTE PAROLE même. Pour celui qui l'accueille et la met en pratique, elle "nourrit", donne la Vie : donc Jésus peut dire qu'il EST LE PAIN QUI DONNE LA VRAIE VIE.
Mais il constate que les gens ne lui font pas confiance, "ne dévorent pas sa parole" : ils aiment recevoir de lui des bienfaits mais refusent une rencontre, une instruction qui les remet en question, qui exige la conversion à une manière de vivre répondant à la Volonté de Dieu.
A ceux qui le confondraient avec un envoyé de Dieu - tels les prophètes de jadis, tel Jean-Baptiste -, Jésus affirme qu'il "VIENT DU CIEL", c'est-à-dire de Dieu dont il est l'image parfaite, le FILS.
Son existence est accomplissement d'une mission reçue : proclamer la Volonté de Dieu et conduire le peuple à y adhérer. Le succès de cette mission, il le sait, ne dépend pas de son éloquence, de ses miracles, de son génie : seuls viendront à lui ceux que le Père attire, ceux et celles qu ! prêtent l'oreille aux sollicitations de leur c½ur travaillé par Dieu. Quiconque cherche le PERE trouve Jésus le FILS.
Celui-ci ne trie pas les candidats au gré de ses préférences ni selon leurs talents ou leur valeur morale : tous, quels qu'ils soient, s'ils viennent à lui pour apprendre à obéir à Dieu, il les recevra toujours, les gardera, les instruira, les protègera, les comblera de son amour car chacun d'eux est pour lui un cadeau, " un don de son Père". Il ne leur évitera pas la mort (biologique) mais il les ressuscitera au dernier jour.
CONTESTATIONS SUR L'ORIGINE DE JESUS
Ces affirmations proprement inouïes, jamais proférées par personne et venant d'un paysan de Nazareth, ne peuvent que susciter un tollé :
Dès lors les Juifs récriminaient contre lui :
" Cet homme-là n'est-il pas Jésus, fils de Joseph ?
Nous connaissons bien son père et sa mère.
Comment peut-il dire : " Je suis descendu du ciel ????".
Nouveau-né dans les bras de sa mère, petit garçon jouant avec ses camarades, artisan dans son atelier, prédicateur itinérant : on sait tout de Jésus. Ou plutôt on croit tout savoir. Car il échappe à toute opinion que l'on se fait de lui. Sans cesse, au cours de sa mission, ses interlocuteurs butent sur l'énigme de son origine. Il est "fils de Joseph" ? (ici), ..."homme de Galilée" ? (7, 41) ; au contraire de Moïse, nous ne savons pas "d'où il est", répondent les pharisiens à l'aveugle guéri (9, 29) ; et placé devant ce curieux prévenu qui garde le silence, Ponce Pilate, perplexe, lancera à Jésus : " D'où es-tu, toi ?" ( 19, 9).
Le Prologue de l'évangile avait proclamé solennellement la réponse de la foi :
" Au commencement était le Verbe et le Verbe était tourné vers Dieu...Et le Verbe était la vraie Lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme....Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous..." ( Jean 1)
JESUS CONFIRME SES AFFIRMATIONS
Jésus leur répond : "Ne récriminez pas entre vous !... Personne ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire vers moi ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour....Il est écrit dans les Prophètes : " Ils seront tous instruits par Dieu". Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi. Certes personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen je vous le dis : celui qui croit en moi a la Vie éternelle"
Tout au long de son histoire, Israël avait fait l'humiliante expérience de connaître de mieux en mieux les préceptes de Dieu écrits dans la Loi...et de ne jamais parvenir à les mettre fidèlement en pratique.
Il fallut la catastrophe épouvantable, la destruction de Jérusalem, l'incendie du temple et la déportation(- 586) pour que des prophètes émettent la grande promesse d'une future Nouvelle Alliance où les croyants seraient enseignés directement par Dieu et deviendraient du coup capables d'observer sa Loi - ainsi Dieu avait dit par Jérémie :
" Je mettrai ma Loi au fond de leur c½ur et ne me souviendrai plus de leurs péchés"
( Jér 31, 31 ; cf. Ez 36, 26...).
Jésus certifie que ces temps sont arrivés : par lui, le Père parle directement aux c½urs. Il est donc plus qu'un enseignant, un nouveau héraut de la Loi. Il invite à "venir à lui", à le rencontrer comme une personne, à partager son intimité et son amour, à se nourrir de la Parole qu'il dit et même qu'IL EST... car, seul, "il a vu le Père"
Dans la crise actuelle, une chose est nécessaire, vient de dire le cardinal Martini : c'est la lecture de la Parole de Dieu qui, seule, assurera l'avenir de l'Eglise. Est-ce que nous nous nourrissons des paroles de Jésus ?
Où en est " la liturgie de la Parole " dans nos eucharisties ?...