19e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 2012-2013

« JOUEZ VOTRE VIE POUR DE GRANDS IDEAUX »    (Pape François)

En ces derniers dimanches les grands thèmes de l'enseignement de Jésus se succèdent : la charité (15ème : Le Samaritain), l'écoute de la Parole du Seigneur (16ème : Marie), la prière (17ème : le Notre Père), l'argent (18ème : le riche). Ce dernier point (essentiel pour Luc) revient aujourd'hui (19ème) accompagné d'un nouveau qui va prendre de plus en plus d'importance dans la suite : l'EVEIL, le devoir de vigilance.
Jésus disait à ses disciples : «  Sois sans crainte, petit troupeau car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumônes. Faites-vous une bourse qui ne s'use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n'approche pas, où la mite ne ronge pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre c½ur.
Dimanche passé, la parabole du riche cupide s'adressait à la foule : Jésus a toujours laissé les gens mener leur existence ordinaire, travailler et éduquer leurs enfants, sans leur demander de renoncer à l'argent (ce qui serait impossible) mais en les mettant en garde contre la cupidité. Par contre, ici, il s'adresse à des « disciples », entendus comme ceux qui le suivent dans son itinérance et il exige d'eux beaucoup plus : puisque Dieu leur a « donné » son Royaume, celui-ci doit être leur unique trésor. C'est donc en lui qu'ils doivent mettre leur c½ur. Donc qu'ils « donnent » leur richesse aux pauvres. Ainsi, avant toute parole, ils témoignent de la réalité de ce Royaume.
Sur quoi porte mon désir : sur les biens terrestres ou le trésor de Dieu ?...

---- Là-dessus trois paraboles se succèdent : elles envisagent le temps de l'Eglise (le nôtre) lorsque Jésus aura disparu et que les disciples auront à tenir dans la fidélité. Le thème de l'attente et de la vigilance va désormais prendre beaucoup d'importance car notre tentation sera la lassitude, la tiédeur.

PARABOLE DES SERVITEURS QUI ATTENDENT LEUR MAÎTRE

Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils.
Jésus est parti, on ne voit rien venir, les épreuves se succèdent, les ressources sont maigrichonnes, l'Eglise déçoit, on doute de son propre engagement chrétien, on a l'impression de perdre son temps: il est donc fatal que ses disciples soient tentés par le découragement. A quoi bon continuer à lutter ?
C'est alors qu'il faudra se remettre en mémoire cette exhortation du maître, poursuivre le « service » chrétien et maintenir allumée la lumière de la foi. Quoi qu'on dise, la mission universelle avance, le Seigneur est en train de se révéler à tous les peuples, à faire alliance (comme des noces) avec eux et il reviendra sûrement. Tout à coup, en pleine obscurité, il faudra percevoir son appel discret et lui ouvrir en hâte. Et alors - chose extraordinaire -, c'est lui-même qui se fera serviteur de ses disciples. « Chacun à son tour » car, pour lui, chacun est unique. D'un coup leur fatigue s'effacera et ils connaîtront un bonheur inouï qui compensera au centuple les peines qu'ils auront endurées. L'Eucharistie est déjà la réalisation de cette venue : heureux celui qui perçoit l'appel et s'ouvre pour accueillir son Sauveur.

PARABOLE DU VOLEUR

Si le maître de maison connaissait l'heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas forcer sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra.
Il est rare qu'un voleur prévienne de l'heure de son méfait (« Allo, Monsieur, je passerai cette nuit à 1 h 30 : dormez bien »). S'il connaissait le temps de son intrusion, le propriétaire prendrait évidemment toutes les précautions pour protéger ses biens. Le malheur, c'est qu'il ne sait pas, il oublie, il se croit à l'abri et il va dormir, le brave homme, sur ses deux oreilles. Apprenez à lire les faits-divers, dit Jésus à ses disciples : que toutes ces histoires de vols, de braquages, de car-jacking vous gardent sur le qui-vive. Tout sera fait pour enlever au croyant son trésor de foi : s'il se laisse prendre par les divertissements ou l'amour de l'argent, s'il n'enracine pas sa foi, un jour, il l'aura perdue sans presque s'en apercevoir. Or le maître - qui est cette fois « le Fils de l'homme » c.à.d. le Seigneur qui viendra juger de façon définitive - surviendra subitement. Soyez sans stress ni angoisse mais « tenez-vous prêts » !!

PARABOLE DES INTENDANTS.

Pierre demande à qui cette parabole s'adresse : Le Seigneur répond :
«  Quel est l'intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur que son maître en arrivant trouvera à son travail : il lui confiera la charge de tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit : « Mon maître tarde à venir » et s'il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s'enivrer, son maître viendra le jour où il ne l'attend pas et à l'heure qu'il n'a pas prévue : il le séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.
On voit dans les Actes des Apôtres que les communautés chrétiennes sont organisées : elles ont à leur tête des apôtres puis des anciens et des épiscopes. Ce ne sont pas des « Eminences », des « Monseigneurs », des « Révérendissimes »  mais des intendants c.à.d. des serviteurs comme les autres et qui ont reçu une grande responsabilité : guider leurs frères et s½urs sur la bonne voie, éduquer à la foi, maintenir la cohésion, « donner la part de blé » c.à.d. célébrer et partager l'Eucharistie, relever les découragés, pardonner aux fautifs, maintenir dans l'allégresse et l'espérance.
A nouveau ces hommes pourront douter de la venue de leur maître et ils tomberont dans deux tentations : l'autoritarisme (se proclamer chef, commander avec rudesse, blesser les frères) et les plaisirs de la table et de l'alcool (sans doute en puisant dans la caisse commune).  Ah, que cet intendant se réveille au plus tôt et exerce sa charge avec la douceur et la sobriété du Christ car Celui-ci viendra et le jugera.

Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n'a pourtant pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas ne recevra que peu de coups. Car à qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui on a beaucoup confié, on réclamera davantage.
La punition par le maître sera juste, proportionnelle au degré de connaissance. C'est pourquoi les Saints, qui ont conscience d'avoir beaucoup reçu, se dévouent davantage que leurs frères et ils n'exigent pas d'eux qu'ils leur ressemblent et en fassent autant qu'eux. Dieu distribue ses dons selon son bon vouloir car « chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous » (1 Cor 12, 7).
Toute grâce reçue n'est un privilège que pour engager davantage à la mission et à la responsabilité