19ème dimanche, année A

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 10/08/14
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014

Permettez-moi de commencer par une question toute simple : quel était l’épisode de l’évangile que nous avons entendu dimanche dernier ? Voilà un exercice de mémoire que je nous invite à faire. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement pour comprendre celui que nous venons d’entendre. En effet, la marche sur les eaux se lit à la lumière de cet événement où le Christ a partagé cinq pains et deux poissons et a nourri une foule immense. En agissant de la sorte, il a pris un grand risque : celui de se voir enfermé dans ce qu’il fait.   Les gens pourraient être fascinés par lui vu ce qu’il peut d’accomplir. Ils pourraient admirer cet homme capable de réaliser de telles choses. Or comme le dit l’adage : « nous sommes admirés pour ce que nous faisons mais nous sommes aimés pour qui nous sommes ».

La foi n’est pas d’abord une multitude de valeurs à réaliser. Non, elle est plutôt de l’ordre d’une relation à découvrir et à entretenir. C’est pourquoi, il était fondamental pour le Fils de Dieu qu’il revienne à l’essence de son être. Et c’est sans doute la raison pour laquelle, il s’en va à l’écart, sur la montagne pour prier. Il est bon de prendre ce temps pour soi, de prendre ce temps pour Dieu. La prière, vécue à l’écart du brouhaha de la vie, est cette occasion unique qui est offerte à chacune et chacun de nous de pouvoir nous arrêter, de prendre ce temps au plus intime de nous-mêmes, sur ce mont Horeb tout intérieur, où nous partons à la rencontre du Seigneur. Il est là, il nous accueille, tout comme Elie, dans le murmure d’une brise légère. Et pour entendre un tel murmure, il nous faut faire silence en nous et autour de nous. Il nous suffit d’éteindre toutes ces pensées qui nous invitent à faire et à rêver pour nous rendre plus disponible à Celui qui continue à chaque instant de se dévoiler en nous. Prendre le temps d’un silence tout paisible afin de se laisser envahir par le murmure d’une brise légère, un sifflement musical dont les notes nous conduisent à redécouvrir le sens de notre destinée. A son tour, Dieu le Père se réjouit de ce que nous sommes et de ce que nous advenons à nous-mêmes lorsque nous ajustons nos vies à sa volonté. « Que ta volonté soit faite », disons-nous chaque fois que nous récitons le « Notre Père ». La volonté de Dieu n’est pas fatale, elle n’est pas à la source de tout ce qui nous arrive. « Que ta volonté soit faite » est une invitation proposée à chacune et chacun de nous, dans le murmure d’une brise légère, pour que nous nous mettions en marche afin d’être à notre tour et à notre niveau, les signes visibles de la présence de Dieu au cœur de notre humanité. Il est donc essentiel de se retirer à l’écart pour venir puiser à cette source divine les forces nécessaires qui nous permettront d’être des femmes et des hommes profondément justes car nous sommes ajustés à ce que Dieu espère et attend de nous. Fort de ce temps pris dans l’intimité de la prière, nous pouvons alors, à notre tour, nous mettre à marcher sur les eaux de la vie tout en nous rappelant que cette eau est solide puisqu’elle est celle de notre propre baptême. Et c’est précisément sur cette eau-là, que Dieu le Père, tout comme à Elie, nous invite à « sortir sur la montagne » ou que Dieu le Fils, tout comme à Pierre, dit « Viens ». Notre foi ne peut donc jamais être statique. Nous ne faisons plus du sur place. Pierre et Elie nous montrent que nous sommes conviés à sortir, à oser opérer des déplacements, à quitter notre monde pour marcher sur les eaux de la Vie. Et il est vrai que lorsque les vagues des événements deviennent trop fortes, nous pouvons nous mettre à vaciller, à perdre confiance. Or, il est intéressant de constater qu’en français, c’est la même racine latine « fides » pour parler de foi, de confiance et de fidélité. Avoir la foi, c’est donc faire confiance, se fier à Lui et prendre appui sur Lui pour ne plus craindre les tempêtes de nos existences. Le Fils de Dieu nous prend par la main et nous accompagne dans la traversée de la mer de la Vie. En nous redisant encore une fois : « Confiance ! N’ayez pas peur, c’est moi », le Christ nous réaffirme sa divinité. En grec, « c’est moi » se dit « ego eimi », c’est-à-dire « Je suis » qui, à son tour, rappelle ce que le Père a dit à Moïse, également sur un montagne, « Je suis qui je suis ». Heureux sommes-nous que le Fils nous rappelle qu’il est également Dieu. Dans la confiance, n’ayons plus peur. Dieu sera toujours avec nous.

Amen