20e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Moore Gareth
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

Jn 6, 51-58

"A tout moment et pour toutes choses, rendez grace à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ."

Voilà ce que St Paul (ou son disciple) dit aux chrétiens d'Éphèse. Mais pourquoi ? Pourquoi rendre grâce tout le temps et pour toutes choses ? De quoi dois-je rendre grâce à Dieu ? On rend grâce à quelqu'un pour un don, pour ce qui est donné, pour ce qui est gratuit. Mais il y a beaucoup de choses dans la vie qui ne sont pas données, qui ne sont pas gratuites. Si j'achète une bouteille de vin au GB, je n'en rends pas grâce au GB ; c'est un simple échange économique. Si je travaille pour gagner mon salaire, mon salaire est le juste récompense de mon travail, il m'est dû. Si je gagne un million de francs au Lotto, c'est par hasard ; c'est gratuit, mais ce n'est le don de personne, il n'y a personne à remercier. Si je contemple la beauté de la nature, j'en suis heureux, mais rien ne m'est donné, et tout ce que je vois est simplement le résultat d'un jeu de forces naturelles ; pourquoi en rendre grâce, et à qui ?

Bien sûr, je peux aussi recevoir un don, mais alors c'est un être humain qui me le donne : un ami, un époux, un parent, et c'est l' ami, l'époux, le parent que j'en remercie. Je remercie l'être humain, pas Dieu.

Dans tout cela, Dieu est absent. En plus, tout ne va pas toujours bien ; il y a des moments très difficiles dans la vie, des moments de danger, de faim, de solitude, de maladie. A de tels moments, pourquoi rendre grâce ?

Il est, semble-t-il, toujours inutile et déplacé de rendre grâce à Dieu. Mais St Paul me dit de lui rendre grâce à tout moment et pour toutes choses, de lui rendre grâce pour le vin que j'achète, pour le salaire que je gagne, pour le hasard, pour la beauté de la nature, pour le cadeau qu'un ami me donne, quand tout va bien et quand tout va mal. Comment est-ce possible ?

Quand je reçois un cadeau, je ne reçois pas que le cadeau. Si un ami me donne un CD, le CD est aussi un instrument ; à travers le CD, c'est l'ami qui se donne à moi ; par le biais du CD, une relation personnelle est créée, recréée ou renforcée. Le CD est révélateur ; si je ne vois que le CD, il y a quelque chose de plus important qui m'échappe. Pour bien voir un cadeau, il faut toujours vois plus que le cadeau, il faut y voir une personne.

Pour St Paul, il en va de même pour le monde entier, pour la vie entière. Bien sûr, il est possible de dire que tout est dû, que tout est naturel, que tout est hasard, et il y a beaucoup de gens qui le disent. Mais ceux-là voient mal le monde et leur vie. Oui, tout est nature dans le monde, et tout est hasard, mais tout est aussi et en même temps révélateur, tout est sacrement. Bien voir le monde, bien voir la vie, c'est reconnaître que dans le monde nous avons à voir avec quelque chose, avec quelqu'un qui dépasse le monde, c'est y voir ce mystère que nous appelons Dieu et qui se donne à nous. Dans le monde, tout est nature, tout est hasard, mais rien n'est que nature, rien n'est que hasard ; tout est aussi grâce, pour laquelle nous rendons grâce.

C'est pourquoi les chrétiens chantent des psaumes, des hymnes, des louanges, c'est pourquoi ils rendent grâce, comme nous le faisons aujourd'hui dans cette eucharistie, où un morceau de pain deviendra pour nous un sacrement, révélateur de Dieu.