21e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 1999-2000

L'audimat, voilà une expression bien contemporaine. L'audimat est la frayeur de tous les présentateurs et animateurs de radio et de télévision. Vous pouvez être excellent dans votre profession mais si l'audimat ne suit pas, vous passez à la trappe. Le danger, c'est qu'en ne faisant plus que des programmations basées sur l'audimat, la qualité des émissions est de plus en plus médiocre. Comme si le « nivellement par le bas » était devenu la règle. J'en arrive presqu'à lier audimat et médiocrité. Et pourtant l'audimat est malgré tout quelque chose de naturel. Toutes et tous, lorsque nous faisons quelque chose, nous aimons savoir comment cela a été reçu par les autres, nous aimons être apprécié. Peut-être parce que parfois nous confondons le fait d'être apprécié avec être aimé. En tout cas, à la lecture de l'évangile, s'il y en a bien un qui n'en à rien à faire de l'audimat. C'est Jésus.

Jésus ne semble absolument pas préoccupé du nombre d'adhérents ou de spectateurs. La qualité de son enseignement, en tout cas à ses propres yeux, ne se juge pas à la foule de ses disciples. Les suiveurs, prêts à tout abandonner à la moindre contrariété ne semblent pas l'intéresser comme si le Christ attendait autre chose de ses disciples. En fait, ce qu'il attend de nous, même deux mille ans plus tard, c'est que nous croyons. Croire, c'est-à-dire faire confiance à ce qui peut sembler impensable, inimaginable. Croire sans jamais avoir la prétention de tout comprendre, de tout saisir. Croire pour refuser de s'enfermer dans le champ de la connaissance certaine. Croire pour reconnaître qu'il est le Fils de Dieu, ayant les paroles de la vie éternelle, le Saint, le Saint de Dieu. Et cette foi, nous dit Jésus, elle ne vient pas de nous. Elle nous a été donnée par le Père. Voilà encore un mystère. Cela voudrait-il dire que nous naissons toutes et tous avec un niveau de foi différent ou encore que le don de la foi varie d'une personne à l'autre. Dès lors, si je crois, je n'ai pas de mérite puisque Dieu l'a voulu ainsi. Si cette affirmation est correcte, il en va de même pour son opposé. Si je ne crois pas, c'est que Dieu ne m'a pas donné la foi. En tout cas, pas pour le moment.

Une telle dynamique nous permet de nous déculpabiliser lorsque nos proches ne partagent pas nos convictions de foi puisqu'ils n'ont sans doute pas reçu le même don de croire en Dieu que celui que nous avons eu. Cette théorie, tient la route. François Varone, théologien suisse ira même jusqu'à écrire un livre sur ce sujet : Inouïes les voies de la miséricorde. D'après lui, la foi est bien un don et nous le recevons tous à un moment donné dans cette vie-ci ou dans l'au-delà mais toutes et tous nous la recevrons un jour. Ce qui est important, c'est de prendre conscience que ce don ne nous est pas imposé. Nous avons la liberté soit de le refuser, soit d'entrer dans ce mystère mais à notre rythme. La foi est donc bien un don. Un don merveilleux puisqu'il nous montre le chemin de l'éternité, de la rencontre avec la divin en nous et autour de nous. Face à ce don magnifique, le Christ nous invite aujourd'hui à décider de ce que nous en faisons. Il attend de nous une réponse. A nous d'accepter ou de refuser ce don. Un peu comme si Jésus, nous demandait à nous aussi, dans l'intime de notre coeur : « voulez-vous partir, vous aussi ? ». C'est-à-dire voulez-vous mettre vos pas dans les miens et avancer en toute confiance, en toute espérance sur le chemin de la vie ou bien préférez-vous prendre une autre route où je vous laisserai tranquille ? Ce matin (soir), nous nous retrouvons face à nous-mêmes, devant Dieu, avec comme première tâche : un choix à faire. Et pour qu'il y ait choix, il faut qu'il y ait au moins une alternative. C'est ce que le Christ nous propose : croire ou ne pas croire. Ici, il n'est plus question de sentiments, d'audimat mais bien de conviction personnelle malgré des doutes pouvant surgir à tout moment. Ce choix nous conduit au coeur de notre liberté parce que la foi n'est pas quelque chose qui s'emprisonne ou qui nous emprisonne. Nous répondons à la foi, en toute liberté pour vivre pleinement de cette liberté en vérité. Croire, c'est d'abord choisir.

As-tu, Seigneur, les paroles de la vie éternelle ? Croyons-nous que tu es le Saint, le Saint de Dieu ? Nous ne pouvons répondre à la place des autres. Ces questions sont éminemment personnelles. A chacune et chacun de choisir et d'assumer les conséquences de ses choix. Amen.