21e dimanche ordinaire, année C

Auteur: Cochinaux Philippe
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : C
Année: 1997-1998

Si nous nous étions assoupis au cours de notre liturgie de ce jour, avec un évangile pareil nous voilà bien réveillés. La vie éternelle est pour chacune et chacun d'entre nous, une grande question. On se l'imagine, on la pressent, en tout cas, nous l'espérons et voilà que le Christ ce matin (soir), nous annonce que nous y aurons des surprises. Et des surprises pas toujours heureuses. Qu'est-ce à dire ?

La vie chrétienne, le chemin d'humanité sur lequel nous avançons n'est pas quelque chose de fini. Nous sommes comme des ascensionnistes sur une montagne dont nous ne verrions jamais le sommet et nous sommes invités à grimper, à toujours grimper. Jésus, avec force, nous rappelle à nouveau que nous sommes des êtres en devenir, que jamais nous ne pouvons nous considérer comme étant arrivés. Tout comme celles et ceux qui s'adonnent au sport de l'escalade, nous aurons des temps de pause, des temps de repos après l'effort fourni. Lors de cette ascension qu'est notre vie, il y a aussi des arrêts important. L'essentiel est de ne jamais oublier que s'arrêter n'est que passager, éphémère. La vie se marche, la vie se vit. Elle a ses moments heureux puis ceux qui sont plus douloureux, mais elle avance toujours à son pas, à son rythme. Chacune et chacun, nous avons le nôtre. Il n'y en a pas un meilleur que l'autre puisque c'est à nous de trouver celui qui nous convient tant que nous n'arrêtons pas de marcher. Je suis le chemin, la vérité, la vie, nous dit Jésus ailleurs dans les évangiles. Et nous sommes conviés à le suivre tout simplement. Il n'y a rien d'extraordinaire là dedans si ce n'est que sur un tel chemin, nous ne sommes jamais, jamais arrivés au bout, nous n'atteindrons jamais le sommet ici sur terre. L'imaginer, c'est se leurrer.

Etre sauvé, telle est notre destinée. Mais se dire croyant, sans que cela se vive, c'est être comme celles et ceux qui ont pris place un jour à la table du Christ et s'en sont contentés. Or la foi en Jésus, est d'abord et avant tout un mouvement, un élan vers un avant, un ailleurs dont nous ne percevons pas toujours les contours. S'asseoir à la table de Dieu, c'est le rencontrer pour mieux repartir, pour mieux vivre de ce qui habite au plus profond de nous-mêmes. D'après le Christ aujourd'hui, la foi n'est pas d'abord un temps, mais plutôt un état. Un état de vie en marche, en mouvement. Un peu comme si Jésus nous disait le que le salut n'est pas garanti par la carte du parti. Il ne suffit pas de se dire chrétien pour vivre pleinement de la vie éternelle. Celle-ci requiert certaines exigences non pas comme une sorte de ticket d'entrée mais plutôt parce que la vie éternelle est entendue comme la continuation de ce que nous avons commencé ici sur terre. Il y a cette histoire qui illustre assez bien me semble-t-il les propos du Christ de ce jour. C'est l'histoire d'une femme, ça aurait pu être un homme aussi, mais comme ce n'est pas moi qui l'ai écrite, je respecte son auteur. Cette femme était habituée à un confort certain. Elle se plaisait dans le luxe, l'argent et aimait se faire reconnaître par ses richesses. Comme tout un chacun, un jour, elle mourut. Lorsqu'elle arriva au ciel, un ange lui fut envoyée pour la guider vers sa demeure éternelle. Il parait que c'est l'habitude là-haut. Ils passèrent d'abord devant de nombreux châteaux, plus superbes les uns que les autres. Et elle pensa chaque fois que l'un d'entre eux serait pour elle. Ce furent ensuite le tour des villas. Mais aucune ne lui fut attribuée. L'ange et elle traversèrent ensuite plusieurs rues de ce qui semblait être le centre d'une petite ville ; ils arrivèrent dans les faubourgs et toujours rien pour elle alors que les maisons devenaient de plus en plus petites. Enfin, nous dit l'histoire, ils s'arrêtèrent devant une maison qui était à peine plus grande qu'une hutte. C'est ta maison lui dit l'ange. Quoi, répondit la femme, ça ! Mais je ne peux pas vivre dans ça. Désolé lui répondit l'ange mais c'est tout ce que nous avons pu construire avec les matériaux que tu nous as envoyés de la terre.

C'est cela marcher sur le chemin de sa vie, accepter de n'être jamais arrivé. Nous sommes des êtres reçus et en devenir. Nos pas si maladroits soient-ils sont les matériaux construisant notre demeure éternelle. Château ou hutte, à nous d'en décider. Amen.