Je voudrais aujourd’hui m’attacher à la figure de saint Pierre. Il est au centre de l’évangile d’aujourd’hui et il mérite quelques secondes d’attention. Je vous voudrais retenir trois événements de sa vie.
Le premier événement, c’est sa trahison. Et oui ! par trois fois, saint Pierre a trahi le Christ. Et il l’a fait avec autant de spontanéité et de ferveur que lorsqu’il avait promis au Christ de ne pas l’abandonner et de toujours le protéger. Et oui, saint Pierre, c’est quelqu’un d’entier, pour le meilleur et pour le pire. « Même si tout le monde t’abandonne, moi, je resterai avec toi pour te défendre ». Et il l’a fait : saint Pierre a tiré son épée et il a frappé Malchus, un serviteur du Temple. Mais voilà ! les gardes étaient trop nombreux et ils étaient tous armés d’épées et de bâtons. Alors saint Pierre s’est enfui. Nous aussi, nous avons tous beaucoup de courage dans nos paroles et dans nos jugements, mais, quand vient le moment d’affronter les difficultés, nous sommes parfois bien moins courageux.
Mais le plus important dans la vie de saint Pierre, ce n’est pas sa trahison, mais c’es le courage et l’honnêteté avec lesquels il reconnaît sa faute. Vous vous souvenez : c’était à Antioche. Pierre avait l’habitude de manger avec les chrétiens d’origine juive comme d’origine païenne. Mais voilà que des chrétiens venus de Jérusalem ne veulent pas manger à la même table que les pagano-chrétiens, et ils entraînent Pierre dans leur attitude de rejet. Et saint Paul se fâche. Il accable saint Pierre de violents reproches, car, quand saint Paul se fâche, cela fait du bruit. Et saint Pierre reconnaît son erreur. Il se remet à table avec des chrétiens d’origine païenne, avec les étrangers. Saint Pierre a accepté cette humiliation faite en public.
C’est incroyable ! Nous, nous refusons le plus souvent de reconnaître nos erreurs. Nous ne supportons pas qu’on remette en doute notre autorité, nos compétences. Nous préférons même parfois voir une situation pourrir plutôt que reconnaître notre erreur et changer de cap. Et Pierre, le prince des apôtres, reconnaît son erreur et accepte cette humiliation publique. S’il est capable de faire cela, c’est parce qu’il plonge au plus profond de lui-même et qu’il trouve l’essentiel de sa vie.
Et c’est le troisième événement de la vie de saint Pierre : sa conversation avec Jésus aux bords de la mer de Tibériade. C’est après la résurrection et Jésus demande par trois fois : « Pierre, m’aimes-tu ? » Remarquez que Jésus n’accable pas saint Pierre de reproches. Il ne lui dit pas : « comment as-tu pu faire une chose pareille ? » Jésus dépasse les petite trahisons et les gros mensonges de tous les jours. Il va à l’essentiel. Il nous pose la question de savoir ce que nous voulons faire de notre vie : aller vers les marécages de notre orgueil et de notre égoïsme, ou aller vers l’océan d’amour de Dieu pour chacun d’entre nous.
Et c’est à chacun d’entre nous que Jésus pose cette question et c’est à chacun d’entre nous d’avoir cette même hauteur de vue sur les autres et sur nous-mêmes. Soit s’égarer dans les petits méandres de notre vie quotidienne, soit retrouver le grand élan de votre vie à l’intérieur de la vaste plaine de notre histoire.