26e dimanche ordinaire, année B

Auteur: Devillers Raphaël
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : B
Année: 2008-2009

Une Communauté chrétienne d'amour, de foi et d'espérance

 

Sur la route de Jérusalem - où il sait qu'il va donner sa vie -, Jésus fait halte à Capharnaüm et, dans la maison, en privé, il donne aux Douze disciples un enseignement en 7 points dont les deux premiers ont été lus dimanche passé. Ils valent donc principalement pour les responsables des Eglises mais aussi pour tous les disciples de Jésus que nous essayons d'être.

 

1.   PAS  DE  RIVALITES  MESQUINES.

 

Au lieu d'ambitionner les grandeurs et de jouer des coudes pour se faufiler aux premiers rangs, il vaut mieux rivaliser pour devenir le plus petit des serviteurs de tous. L'humilité est valeur n°1.

 

2.   L'ACCUEIL  DU  CHRIST  DANS  LA  PETITESSE

 

Que chacun se penche sur son "petit frère" croyant, qu'il l'aime avec tendresse: de la sorte il accueille réellement le Christ et, en Lui, Dieu lui-même.

 

3.   ( évangile du jour )    RECONNAÎTRE L'ACTION DE L'ESPRIT HORS L'EGLISE.

 

Jean, l'un des Douze, disait à Jésus: " Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton Nom: nous avons voulu l'en empêcher car il n'est pas de ceux qui nous suivent".

 Jésus répondit: " Ne l'empêchez pas car celui qui fait un miracle en mon Nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. Celui qui n'est pas contre nous est pour nous".

 

Afin de chasser les mauvais esprits responsables des maladies mystérieuses, les médecins de l'époque recouraient aux exorcismes: ils invoquaient les noms des dieux ou des grands personnages pour qu'ils hâtent la guérison du malade. Ainsi un guérisseur, ayant vu Jésus opérer des miracles (ou ayant eu vent de sa renommée) le nommait dans ses pratiques...à la grande fureur de Jean que Jésus avait, avec raison, surnommé "fils du tonnerre" (3, 17).

Vous n'avez pas le monopole du pouvoir de mon Esprit, répond Jésus: réjouissez-vous plutôt de voir que d'autres que vous, même non chrétiens, travaillent dans l'esprit de l'Evangile et guérissent les hommes. 

 

4.   SAVOIR   RECEVOIR.

 

" Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense".

 

Puisque Jésus envoyait ses apôtres dans le même dénuement que lui ( " Ne rien prendre pour la route: pas de pain, pas de monnaie..."- 6, 8), après de longues marches sous le soleil torride, à l'écart des puits, les missionnaires mouraient de soif. Entrés dans un village, il arrivait que leurs auditeurs refusent leur message mais, par pitié,  leur offrent de l'eau ou un peu de nourriture.

Acceptez avec reconnaissance ces humbles présents, enseigne Jésus, sachez recevoir quelque chose même de la part de ceux qui ne partagent pas votre foi. Beaucoup de gens que vous cataloguez comme "incroyants" entreront dans le Royaume non par la foi au credo mais par la pratique de la charité vis-à-vis des pauvres. L'"amen" qui ponctue l'affirmation en souligne la certitude.

 

5.   GRAVITE  DU  "SCANDALE"

 

"Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu'on le jette à la mer !"

 

Par contre, poursuit le Maître, vous rencontrerez également des gens excédés par votre prédication: non seulement ils se moqueront de vous mais ils feront tout pour faire échouer votre mission. Se considérant comme des adultes intelligents, ils traiteront la foi d'enfantillage, de mythe, de superstition, ils aligneront des arguments, ils inventeront des ruses, ils promettront des avantages afin de convaincre le croyant d'apostasier.  Comportement gravissime, prévient le Seigneur, et qui conduit son auteur à la perdition ! Le poids de sa faute est plus lourd que celui des meules épaisses tournées par les ânes (non les petites meules tournées par les mamans pour le pain quotidien et dont on se débarrasserait aisément !).

La grande question surgit à nouveau: Qui donc est ce Jésus qui affiche cette prétention exorbitante: croire en lui est un acte libre mais d'une valeur incommensurable, combattre son Evangile est un péché qui mène à la mort ! ..... Qui dites-vous qu'il est ? Nul prophète n'a posé pareilles exigences !

 

6.   NE  PAS  OUBLIER    L'ON  VA

 

" Si ta main t'entraîne au péché, coupe-la: il vaut mieux entrer manchot dans la Vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne.

Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le: il vaut mieux entrer estropié dans la Vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.

Si ton ½il t'entraîne au péché, arrache-le: il vaut mieux entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas".

 

Non seulement le disciple doit prendre garde aux man½uvres malveillantes de certains qui tentent de lui faire perdre la foi, mais il doit veiller sur lui-même avec la plus grande circonspection. Nos membres ne sont pas mauvais en soi: la main marque le désir de prendre, de posséder; le pied indique la direction de vie que nous prenons, la conduite que nous adoptons; l'½il désigne la cupidité, l'envie de capter.

Le langage de Jésus est certes forcé mais il souligne encore le prix extraordinaire de la foi et l'extrême  gravité du péril de la perdre. Comme tout homme, le disciple tient à son existence, à son intégrité physique, à sa santé, aux plaisirs d'ici-bas...mais il doit être prêt à sacrifier non seulement ses biens mais aussi son corps si des tentations l'entraînent loin du Christ. Il faut savoir, comme on dit, "trancher dans le vif", arrêter la tendance mauvaise avant qu'elle ne gangrène la foi.

 

Pour mener ce combat, que le disciple n'oublie jamais le but de son itinéraire terrestre: ou le Royaume qui est Vie divine ou "la géhenne". D'où vient ce dernier mot ?

Par-delà le rempart au sud de Jérusalem, il y avait jadis un terrain appartenant au fils d'un certain Hinnôm. ( en grec: gê-Hinnôm - d'où le français géhenne). Le prophète Jérémie tonitrua des imprécations parce qu'on y avait bâti un autel  où l'on  sacrifiait des nouveau-nés à une idole ! ( Jér. 7, 31).

Profané à jamais, le lieu devint la décharge de la ville. Sous la chaleur, le lieu dégageait en permanence une fumée âcre et une odeur pestilentielle si bien qu'il devint l'image du lieu de damnation. Ainsi le livre d'Isaïe se termine par l'exaltation de Jérusalem comblée de la Paix de Dieu mais " en sortant, on pourra voir les dépouilles des hommes qui se sont révoltés contre Moi, le Seigneur: leur vermine ne mourra pas, leur feu ne s'éteindra pas. Il seront une répulsion pour tous" ( Isaïe 66, 24).

L'aventure humaine peut échouer dans le rongement d'un désir inextinguible.

 

7.  LE  SEL  INDISPENSABLE

 

L'instruction se termine par une image obscure - et donc non reprise dans la lecture liturgique.

 

"Car chacun sera salé au feu. C'est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres".

 

On peut en tout cas comprendre que les disciples de Jésus doivent être "autres". La foi ne nous retire pas de la société mais nous avons à y jouer le rôle du sel jeté en pleine pâte: conserver et donner sens, goût de vivre. L'avertissement ne porte pas sur la lourdeur et l'incrédulité de la pâte mais sur le danger, pour les disciples, de perdre leur originalité, de devenir fades, sans force ni saveur, échouant à accomplir leur mission de salut du monde ! Ayons "du piquant", une forte charge d'Evangile en nous !

 

           Et tout se termine par une belle " inclusion", en réponse à la dispute de départ : au lieu de vous chamailler à propos des préséances, vivez en paix entre vous, formez une vraie communauté de service mutuel, où l'on veille sur la foi de chacun et où l'on évite les scandales.

 

*   CONCLUSION: il est remarquable de constater que cette brève instruction porte ainsi sur la charité fraternelle, sur la foi à conserver avec soin, sur l'espérance de la Vie.

                        De quoi, cette semaine,  faire l'examen de conscience de nos familles et de nos paroisses !