26ème dimanche, année A

Auteur: Philippe Cochinaux
Date de rédaction: 21/09/14
Temps liturgique: Temps ordinaire
Année liturgique : A
Année: 2013-2014


Un soir d’automne, une maman et son fils discutaient des choses de la vie. A un moment donné vint sur le tapis le thème de la mort et de tout ce qui tournait autour de l’approche de celle-ci. Avec gravité, le fils dit à sa mère : « maman, ne me laisse jamais vivre dans un état végétatif où je dépendrais de machines. Si tu me vois dans cet état, je t’en supplie, débranches toutes ces machines qui me maintiendraient en vie. Je préfère mourir ». Très sereine la maman se leva, serra son fils dans ses bras puis se mit à débrancher le téléviseur, le lecteur DVD, l’ordinateur ensuite elle lui confisqua son GSM, son ipod et son ipad. A cet instant précis, le fils faillit mourir. La morale de cette histoire éclate alors à nos yeux : ce fils aurait certainement mieux fait de réfléchir à deux fois avant de parler.

Voilà, ce à quoi l’évangile de ce jour nous invite en ce jour: à réfléchir à deux fois. C’est vrai, parfois, dans la vie, nous répondons trop vite à une attente, nous prenons trop rapidement une décision sans avoir pris le temps d’analyser toutes les conséquences. Or, le « tout, tout de suite » peut conduire à des frustrations incessantes. Nous risquons de manquer notre cible, c’est-à-dire notre destinée : celle de devenir des hommes et des femmes justes, au sens d’être ajustés au dessein de Dieu. Il est donc heureux que nous puissions, à notre tour, nous mettre à réfléchir à deux fois. En effet, réfléchir à deux fois, nous permet de vivre avec une certaine sagesse ou pour reprendre l’expression entendue dans le livre d’Ezekiel, nous ouvrons les yeux. Ouvrir les yeux n’est pas toujours une tâche aisée car cela nous demande d’être confronté à notre propre vérité. Il est parfois plus confortable de traverser la vie avec des œillères, de refuser de voir la réalité par confort individuel, de s’enfermer dans un ensemble de principes mortifères qui sont juste là pour nous rassurer. Ouvrir les yeux, par contre, demande une certaine dose de courage et d’humilité. Et la chance que nous avons de croire, c’est de prendre conscience qu’avec Dieu, il ne nous sert à rien de nous voiler la face. Dieu nous aime tel que nous sommes et il est plus grand que notre cœur pour reprendre les mots de la première lettre de saint Jean. Dieu nous connaît mieux que nous-mêmes. Et il sait qu’ouvrir les yeux, permet de vivre pleinement nos vies. Au moment de ce vis-à-vis avec Dieu, dans le silence de notre cœur, nous sommes conviés à nous accepter et à reconnaître qu’il y a en chacune et chacun de nous, une part de faillibilité, d’imperfection, d’inconnaissance. Ces dernières sont constitutives de notre humanité. La perfection n’est d’ailleurs pas de ce monde, ni de celui-de l’au-delà. Ce qui importe, c’est l’accomplissement de notre être. Et il est clair que ce chemin nous fait parfois passer par des moments de transgression, d’errance et d’erreurs. Même si ceux-ci ont quelque fois un côté aliénant, nous avons à les intégrer dans nos histoires respectives car ils nous marquent à jamais. Ne cherchons pas à nous enfermer dans une spirale qui nous tire vers le bas mais osons plutôt rebondir pour repartir à la conquête de la vie. Ouvrons les yeux. Tout simplement. Et reconnaissons-nous tels que nous sommes en vérité car la vérité nous libère des fantasmes que nous avons sur nous-mêmes et nous conduit sur le chemin d’une liberté toute retrouvée.   Toutes et tous, à notre manière, lorsque nous nous mettons à réfléchir à deux fois, lorsque nous osons ouvrir les yeux, nous devenons comme les publicains et les prostituées de l’évangile car nous prenons conscience de notre propre humanité. Et cette attitude est fondamentale puisque c’est à partir de celle-ci que nous pouvons nous repentir. Le repentir n’est pas de l’ordre d’une flagellation spirituelle. Non, le repentir est cette attitude du cœur qui nous permet de prendre ce temps nécessaire de vérité intérieure pour accepter ce que nous sommes. Forts de cela, nous pouvons alors nous convertir, c’est-à-dire nous détourner de tout ce qui nous empêche d’advenir et nous tourner à jamais vers le Fils de Dieu. Réjouissons-nous alors puisque, si nous ouvrons les yeux, nous ne mourrons pas, nous vivrons.

Amen